Deux mois après sa nomination à la tête de l’UMS pour les deux prochaines années à venir, Souleymane Teliko compte bien relancer l’appareil judiciaire «nul n’a intérêt à fragiliser l’instance judiciaire»
Quelques semaines après sa prise de fonction, le tout nouveau président de l’UMS s’est confié à nos confrères de « L’Enquête » et « Le Temoin » dans un entretien où il a mis un accent particulier sur l’éternelle question de l’indépendance de la justice.
Pour le magistrat de carrière beaucoup de gens disent qu’en la matière, tout est question de comportement personnel du juge. Mais en réalité considéré que l’indépendance de la justice se résume à une question de comportement procède à une approche réductrice du sujet. Selon lui pour clarifier le débat il serait important de distinguer l’indépendance de la justice prise globalement en tant que corps et les magistrats pris individuellement. Cependant les magistrats, pris individuellement sont dans leurs écrasantes majorités, des hommes et des femmes épris de justice et à cheval sur les principes.
Mais dans un Etat de droit le plus important, ce n’est pas que des magistrats soient indépendants ; il faut aussi que la justice, en tant que pouvoir soit indépendante des autres pouvoir surtout de l’exécutif. Et cela ne peut se faire que si le système judiciaire est organisé de telle sorte que l’exécutif ne puisse, en aucune manière l’instrumentaliser.
Toujours selon le nouveau président de l’UMS, la seconde distinction est plus fondamentale car elle concerne d’une part la reconnaissance formelle du magistrat du siège à travers la Constitution et la garantie de cette indépendance. Ces garanties sont d’ordre statutaire (c’est le cas du principe d’inamovibilité) et d’ordre personnel. La garantie essentiel de l’indépendance se trouve être le principe d’inamovibilité qui protège le juge dans l’exercice de sa fonction en le mettant à l’abri de toute mesure de représailles.
L’indépendance du juge peut aussi provenir d’autres secteurs que l’exécutif à savoir sa famille, le milieu religieux ou tout simplement de l’opinion. Dans ces formes de pression le seul véritable rempart de en mesure de protéger le juge est sa conscience professionnelle et sons sens de la responsabilité. Au total on s’aperçoit que la que cette indépendance judiciaire ne peut se résumer à une question de comportement. Elle exige du juge un sens élevé de responsabilité, et constitue un devoir pour l’Etat qui est tenu de prendre des mesures destinées à rendre effectives les garanties statutaires prévues par les textes notamment par la constitution.
Et au-delà du juge la question de l’indépendance interpelle tous les citoyens surtout les autorités politiques (en évoquant le cas du député votés une motion en faveur d’un ministre qui avait décidé de ne pas appliquer une décision rendue par la haute juridiction nationale (la cour suprême). Ce sont des attitudes qui sapent le fondement de notre Etat de droit. Alors que s’il y a un une question sur laquelle un consensus doit être trouvé, c’est bien l’indépendance de la justice, car sans elle pas de justice digne de ce nom pas d’Etat de droit ni de respect des droits et libertés. Par conséquent, nul n’a intérêt à fragiliser l’instance judiciaire. Les dirigeants d’aujourd’hui doivent garder à l’esprit que demain, lorsqu’ils quitteront le pouvoir, ce qui est inéluctable, ils auront besoin d’une justice forte et indépendante pour défendre leurs droits et libertés.
Souleymane Teliko a ensuite par ricoché fait un bref aperçu sur la signature de la convention entre le Sénégal et la France portant sur la construction d’un tribunal de commerce, la question sur la réforme du statut des magistrats.
L’actuel Président de chambre à la cour d’appel de Thiès a ensuite fait savoir que leurs ambitions principales consiste à défendre les intérêts matériels et moraux des magistrats » et il se dit persuadé que si tous les acteurs de la justice parlent d’une même voix et affichent une détermination dans la défense de la cause de la justice, on peut obtenir des avancées significatives pour notre système judiciaire.