Le 05 mars 2016, un bureau politique national du Parti Socialiste (PS) s’était tenu afin de définir l’attitude à adopter à l’occasion du referendum constitutionnel du 20 mars 2016. A la place d’un débat de fond de qualité, jadis marque de fabrique du PS, des bagarres et des insultes ont rythmé la rencontre.
Face au camarade secrétairegénéral Ousmane Tanor Dieng, entouré par une bande de mange mil, prêts à sacrifier le parti des présidents Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia pour faire passer et consolider auprès du régime actuel des intérêts individuels, des éléments dits frondeurs, proches des camarades Khalifa Ababacar Sall et Aîssata Tall Sall ayant proclamé leur intention de voter contre le projet de révision constitutionnelle.
Ce spectacle, qui a transformé le mythique siège des verts en une arène de lutte nationale, n’est nullement une surprise pour les militants avisés. En effet, la méthode claniste de gestion du parti par le secrétaire général a fini par diviser le parti.On demande aux socialistes de ne plus manifester leurs opinions et de fermer leur gueule à perpétuité en vertu d’une discipline militante abusivement utilisée contre ce qui s’oppose au dessein de Tanor et de son clan.
Le parti socialiste, qui a conduit et accompagné le Sénégal à l’indépendance avec une présence post-indépendance à la tête des institutions Républicaines de 40 ans, ne fait plus rêver. Cette perte de prestige du parti socialiste se manifeste à chaque compétition électorale tant au niveau national que local et à Ziguinchor particulièrement. Les médiocres voix obtenues par le candidat Ousmane Tanor Dieng à l’élection présidentielle de 2007 (13,56 %) et de 2012 (11,30 %) sont là pour nous le rappeler.
Quand on regarde avec amertume et dépit la stature politique peu reluisante des leaders qui incarnent aujourd’hui ce parti en Casamance, l’épopée du grand parti socialistesous la houlette de Robert Sagna (ancien maire de Ziguinchor et ministre socialiste), de Thérèse King (ancienne ministre de la santé sous Diouf et ancienne présidente de l’Union régionale des femmes socialistes de Ziguinchor),de Vincent Mendy (ancien député et responsable PS à Ziguinchor), de Pascal Kotimagne Manga (premier président du conseil régional de Ziguinchor et doublé du plus jeune député membre du bureau de l’assemblée nationale sous Diouf), etc. n’est que récits et souvenirs nostalgiques.
« Un pas en avant, trois pas en arrière… La reculade est une figure emblématique de notre vie politique. Témoignage flagrant, pour l’opinion publique, du manque supposé de courage de nos dirigeants, elle est considérée à la fois comme le symbole et la source de l’immobilisme dans notre pays ». Telle est la situation vécue et perçue par les militants et sympathisants de l’ex première formation politique du Sénégal. Impuissant face à l’immobilisme des leaders nationaux comme locaux, le militantisme socialiste engagé, discipliné et audacieux n’est plus ce qu’il était. En atteste l’état décadent du parti de « Colobane » à Ziguinchor.
En effet, les différents responsables qui se sont succédés à la tête du parti depuis le départ de Robert Sagna en 2007, de Bakary Bassene en passant par Chamsidine Sow jusqu’à Joseph Mendy, ont rivalisé de médiocrité et de manque de charisme. Tous ont justifié la pertinence de la pensée de Jules ROMAIN selon laquelle « la politique est l’art d’arriver par n’importe quel moyen à une fin dont on ne se vante pas ».Ils doivent leur accession au sommet des structureslocaux du parti d’Ousmane Tanor DIENG qu’à des manœuvres, ficelles et autres acrobatiessous le parrainage decertaines personnes haut placées dans l’appareil politique du parti.
Sorties de nulle part, les nouveaux « bouffons » de Tanor dans le sud précipitent le parti aux couleurs vertes et rouges dans le gouffre.Ce qui a entrainé le départ du parti de plusieurs militants et sympathisants pour manque de projet politique socialiste, de respect et de considération. D’autres seront amenés à suivre cette vague de départ du parti dans les prochains jours et mois.
Globalement, le problème du parti socialiste sénégalais, en plus de son système de management décrié, c’est qu’il n’assume pas le bilan de ses 40 années de gestion du pouvoir. Les militants et la direction du parti ont laissé les adversaires politiques faire croire à l’opinion que la gouvernance socialiste était désastreuse. Certes, il y a eu beaucoup de manquements comme c’est le cas aujourd’hui, mais les gens doivent savoir que le régime socialiste a placé le Sénégal, jeune Etat indépendant sur les rampes du développement par la stabilité et la consolidation des fondamentaux politiques.
Ce constat a été observé par le dernier premier ministre socialiste Mamadou Lamine Loum en ces termes : « Le Sénégal a su, pour l’essentiel, échapper aux pièges fatals à tout État jeune en développement, en particulier dans la dernière décennie du XX siècle. Grosse de tous les dangers politiques et économiques à son entame, celle-ci a finalement correspondu, dans ses sept dernières années, à l’âge d’or des fondamentaux politiques et économiques de notre pays. Si bien qu’au 1er avril 2000, le régime socialiste avait légué à son successeur un Etat aux fondamentaux politiques stables et aux fondamentaux économiques confortables ».C’est seulement en assumant son passé que l’on peut regarder l’avenir sans sourciller. Même le modèle du parti socialiste sénégalais, le parti socialiste français, mal barré pourtant, tente de reconstruire, difficilement certes, ce qui a fait sa grandeur avec le lancement du rassemblement « Hé oh la gauche ! » pour défendre le bilan du président François Hollande.
Cependant, au regard de la pratique politique actuelle du parti socialiste sénégalais aux antipodes des références mondiales en matières de management des organisations politiques, l’espoir n’est pas permis. C’est donc dire que demain ne sera pas le renouveau de la maison verte dans la verte Casamance et dans le Vert Jaune Rouge du Sénégal.
Par Souleymane Sow
Juriste des Collectivités Territoriales
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