Juste après son couronnement à la tête de l’Univers, la Française Iris Mittenaere a dû répondre à une question piège de l’animateur de la soirée. Et elle a scotché l’univers. On reconnaît bien là une Française.
Demander à une bimbo sous le coup de l’émotion de faire un discours de géopolitique, c’est assez vachard. Mais notre Iris internationale, que disons-nous, universelle, s’en est bien sortie en balançant une phrase à double tranchant, qui a scotché l’assistance. Chacun pourra y trouver son content, les souverainistes féroces comme les No Border absolus. C’est à partir de 1’56 :
« Pendant la crise des réfugiés dans le monde entier, est-ce que les pays sont obligés d’accepter les réfugiés ou ont-ils le droit à fermer les frontières ? »
« Les pays peuvent avoir le choix de fermer ou ouvrir leurs frontières, dans l’Europe nos frontières sont ouvertes parce que nous souhaitons avoir le plus d’exportations, le plus de mondialisation possible, et en France pour le moment nos frontières sont ouvertes, mais si un jour nous décidons de les fermer je pense que c’est un droit que nous avons. »
Franchement, réussir à glisser en direct devant des dizaines de millions de téléspectateurs une petite quenelle souverainiste au milieu d’un cliché mondialiste obligatoire, c’est du grand art.
C’était le 30 janvier 2017. Cinq jours plus tôt, le journal Le Monde, fidèle à sa soumission idéologique aux intérêts de l’oligarchie, mettait en ligne un article de l’historien et philosophe Achile Mbembe, intitulé « L’identité n’est pas essentielle, nous sommes tous des passants ». Un humanisme louable, mais qui se heurte à certaines réalités politiques, historiques et culturelles. Nous avons sélectionné les passages les plus parlants.
Il n’y a pas longtemps, l’on prétendait délimiter avec plus ou moins de précision la frontière entre ici et ailleurs. Aujourd’hui, un tel exercice est futile. La frontière tend désormais à se distendre, sinon à se dissoudre. Inexorablement. En effet, nonobstant les nationalismes, il n’y a jamais eu qu’un seul monde. Qu’on le veuille ou non, nous en sommes tous des ayants droit. Les temps n’ont donc jamais été aussi propices pour redéfinir les paramètres de ce qui nous est commun en cet âge planétaire.
[…]
Par ailleurs, le propre de l’humanité, c’est le fait que nous sommes appelés à vivre exposés les uns aux autres, et non enfermés dans des cultures et des identités. Mais tel est aussi le cours que prend désormais notre histoire avec d’autres espèces sur cette Terre. Vivre exposés les uns aux autres suppose de reconnaître qu’une part de qui nous sommes devenus trouve son origine dans ce que la philosophe Judith Butler appelle notre vulnérabilité. Celle-ci doit être vécue et entendue comme appel à tisser des solidarités et non à se forger des ennemis.
En vérité, ce que l’on appelle l’identité n’est pas essentiel. Nous sommes tous des passants. Alors qu’émerge lentement une nouvelle conscience planétaire, la réalité d’une communauté objective de destin devrait l’emporter sur le culte de la différence.
À ce stade de la compétition, on ne peut pas s’empêcher de balancer le résumé Wikipédia de la philosophe américaine Judith Butler :
Une thématique importante de sa réflexion est celle de la vulnérabilité. Ses premiers écrits portent, dans le sillage de la French theory, sur l’ambivalence du sujet en tant que soumis à un pouvoir et produit par cette soumission même. Sa théorisation de la « performativité du genre », à partir du triple héritage de la théorie austinienne des actes de langage, du féminisme français et de la déconstruction, a constitué un apport majeur dans le champ des études féministes et queer.