Pour valoriser davantage la communication du gouvernement, le président de la République a fait appel au duo Seydou Guèye–Abdou Latif Coulibaly. Disciple d’Abdourahim Agne, le ministre en charge de la Communication de la présidence de la République, a accepté de répondre aux questions de la Rédaction de Sud Quotidien. Du débat sur le 3ème mandat, à la décision prise par le Chef de l’Etat de signer lui-même toute convention dépassant 2 milliards de F CFA, en passant par l’affaire des 94 milliards, le TER et le BRT. Ce, sans esquive, ni langue de bois !
Monsieur le Ministre, à la suite d’un séminaire sur la communication de
la mouvance présidentielle, vous avez décidé de mettre en exergue les réalisations du chef de l’Etat avant toute autre chose. Quel est le but recherché ?
L’option du Président Macky Sall est claire, valoriser l’action du Gouvernement pour donner la pleine mesure de ses réalisations à l’échelle du territoire. Cette ligne de communication répond à un souci simple, parler aux sénégalais de choses utiles en leur expliquant le sens et la portée des
grands pas qui ont été franchis depuis 2012 et dans tous les domaines. Autrement dit, il nous faut revenir à la finalité de la communication politique du point de vue des positions du pouvoir, expliquer, donner le sens des actes posés dans la double acception de direction que prennent
ces actes ou significations. Nous devons jouer notre rôle, en tant qu’acteurs politiques, de médiateurs entre la complexité des politiques publiques et les citoyens. Et cette posture ne peut pas être celle de l’opposition qui a d’autres enjeux dans lesquels il ne faut pas se laisser entrainer. La communication de la majorité et du Gouvernement doit se conjuguer au temps du Président
qui est le temps de l’action et non de la vaine polémique. Les vraies questions, portent sur comment renforcer la politique de création d’emplois pour les jeunes ou l’autonomisation des femmes. Les vraies questions, ce sont les questions d’industrialisation de notre pays, d’équité territoriale et de justice sociale. Les vraies questions portent sur la dynamique de progrès économique à la fois forte, vigoureuse et soutenue. Les vraies questions, c’est le passage du redressement à la transformation structurelle de notre économie pour bien préparer notre rendez vous avec l’avenir. Les vraies questions, ce sont aussi les réponses quotidiennes apportées aux préoccupations des populations. Excusez moi de céder à l’énumération mais le recentrage
de notre communication est articulé autour de la mise en perspective du bilan réalisé au cours du septennat et la vulgarisation du programme Liggeyal eleuk. Et à ce titre, l’option du Président Macky Sall est de placer le citoyen au cœur des politiques publiques. Et notre communication doit
être portée par le réel et la rationalité si nous voulons faire œuvre utile.
Le chef de l’Etat, Macky Sall vient de lancer les travaux du BRT, lundi dernier. Quelles sont les garanties pour le respect du délai de 30 mois, pour éviter de revivre les incertitudes qui entourent la date de démarrage effectif du TER ?
Permettez-moi, à travers le BRT de saluer la pertinence de la vision et la haute
ambition du Président Macky Sall pour répondre aux défis de demain en terme de mobilité collective et de réponses face aux risques climatiques. La nouvelle connectivité introduite par le BRT entre le cœur de la ville et la banlieue ouest de Dakar, porte véritablement la marque de la modernité. Alors, si le Président a demandé à l’entreprise chinoise de comprimer les délais autour de 25 mois, c’est possible au regard de ce qui a été fait dans le cadre de Ila Touba, compte non tenu du tour de table autour de ce projet avec la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement. C’est vous dire que tous les facteurs et toutes les garanties de succès du projet
sont réunis et nous travaillerons à minimiser les risques. Maintenant, par rapport au
TER, il y a lieu de lever les équivoques. Ce projet d’envergure est en train de se réaliser dans les délais raisonnables. Le processus de certification n’est pas une simple formalité administrative. Donc, il n’y a aucune incertitude. Les tests de sécurité et de sûreté sont en train d’être déployés et vous voyez tous les jours les techniciens sur le terrain.
Le TER et le BRT participent d’une révolution urbaine qui nous propulse dans une autre façon de nous déplacer et de vivre la ville et je suis persuadé que les journalistes seront les premiers à apprécier la pertinence stratégique et l’utilité sociale de tels projets dès leur mise en service.
L’un des prétextes servis pour la suppression du poste de Premier ministre est la nécessité de travailler en mode fast-tract. Pourtant, beaucoup d’observateurs soutiennent qu’il y a une sorte de ralentissement dans l’exécution des dossiers. Concrètement, quel est selon vous, l’impact de ce fasttract ? N’est-il pas un slogan de plus à l’image de la «patrie avant le parti» ou la «gouvernance sobre et vertueuse» ?
La suppression de l’échelon intermédiaire du Premier ministre participe d’une dynamique de rationalisation de l’activité gouvernementale pour plus d’efficience dans la mise en œuvre des politiques publiques. Le Président de la République n’a besoin point de prétexte pour procéder à des réformes au regard des pouvoirs que lui confie la constitution. Le Président Macky Sall veut aller plus vite et il a besoin de s’adresser directement à ses ministres pour plus d’efficacité dans la prise en charge des questions nationales. «Fast-tract » n’est ni un slogan encore moins un avatar, mais plutôt un concept de gouvernance qui renvoie à la rapidité, à la sécurité et à l’efficacité de l’action publique. Aujourd’hui, il n’y a aucune contradiction dans le schéma de gouvernance du Président Macky Sall qui est à la fois cohérent et évolutif. Peutêtre que certains Sénégalais peuvent avoir l’impression que les choses avancent lentement, mais je voudrais les rassurer en
leur disant que ce n’est pas le cas. Le changement organisationnel requiert toujours un temps d’implémentation et d’adaptation avant que notre administration ne devienne une organisation agile.
Un vent de décrispation semble souffler sur le champ politique sénégalais avec notamment les retrouvailles WadeMacky, suivies de la grâce accordée à Khalifa Ababacar Sall. Toutefois, l’ancien maire de Dakar tout comme Karim Wade restent toujours inéligibles. Peut-on s’attendre à ce que la prochaine étape soit une loi d’amnistie générale ? Le cas échéant, quel pourrait être le deadline ?
A mon sens, il convient de ne pas perdre de vue les vérités judiciaires issues des affaires qui concernent les deux personnalités que vous citez. Elles ont été définitivement condamnées par la justice de notre pays avant d’être graciées par le Chef de l’Etat. Je n’ai pas besoin de revenir sur les faits tellement que les Sénégalais les ont toujours en mémoire. Parler d’amnistie ce n’est point de mon ressort et à titre personnel, cela ne semble pas convenable. Par contre, il faut apprécier à sa juste valeur les actes posés par le Président Macky Sall allant dans le sens d’une décrispation de l’espace politique. Et, il faut saluer le niveau d’engagement du Khalife Général des mourides
Serigne Mountakha Mbacké qui a su jouer le rôle de catalyseur. C’est la preuve que le Président Macky Sall a toujours prêté une attention toute particulière aux sollicitations des autorités religieuses et coutumières du Sénégal. Le Président Macky Sall a posé des actes de haute portée humanitaire. Et, cette ligne constitue une marque de sa gouvernance autant que le sont sa foi au
dialogue, et son ouverture aux autres. Et à chaque fois, il a su faire preuve de dépassement pour permettre à des citoyens sénégalais de retrouver le confort familial dans le respect du principe de séparation des pouvoirs.