Jusqu’ici Secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), Seydi Ababacar Ndiaye se prépare à porter une toge de plus : celui d’un acteur politique, de surcroit potentiel candidat à la présidentielle de 2017. En attendant, à propos des négociations avec le gouvernement, il voit en la personne d’Amadou Ba un obstacle contre une solution définitive. Le Sg du SAES revient sur ce qu’il appelle ‘’des recteurs des temps anciens’’ ainsi que le ‘’coup de 2013’’ de ses collègues de l’APR pour le débarquer de la tête du syndicat.
Vous aviez menacé d’envahir l’Assemblée nationale pour protester contre l’adoption de la loi relative aux universités publiques. Qu’est-ce qui vous a empêché d’y être ?
Oui, c’est vrai. Souvenez-vous qu’après négociation, nous sommes d’accord avec le gouvernement sur tous les articles, sauf l’article 3. Cet article concernant l’orientation des bacheliers ne nous convenait pas. Il disait en gros que tout bachelier, quelles que soient sa nationalité, sa race, sa religion, son ethnie, etc. a le droit d’être orienté dans les universités sénégalaises dans la limite des places disponibles et selon la réglementation en vigueur. Or, il a été prévu dans le PV du 16 mars 2015 la tenue d’un atelier en amont entre nous et les députés facilitateurs pour trouver un consensus. Mais, cet atelier n’a pas eu lieu jusqu’à ce que nous alertions les députés vers la fin du mois d’août dernier. Par la suite, le ministère a convoqué un atelier le 16 octobre dernier, mais sur campusen. Alors que cette plateforme n’est pour nous qu’une modalité. Ce qui nous a le plus surpris, c’est qu’en tant qu’enseignant, l’on soit écarté du processus d’admission. Ce qui est différent du processus d’orientation que nous avons connu jusque-là. Pour rappel, on avait trois choix selon les notes obtenues.
Il revenait maintenant aux facultés d’apprécier et d’orienter l’étudiant. Quand nous avons reçu l’information que la loi allait être votée ce vendredi-là, immédiatement, j’ai repris contact avec les députés, notamment l’imam Mbaye Niang. On a discuté. Je leur ai expliqué la source de nos divergences parce qu’il y avait une petite confusion. Hier de 20h à 22h (Ndlr : Jeudi 17 décembre 2015, l’entretien a été réalisé le vendredi 18 décembre), M. Iba Der Thiam à qui nous rendons vraiment un hommage sans limite, nous a reçus avec les députés ainsi que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et son Secrétaire général. Le ministre a fait une proposition de formulation que nous avons acceptée. On a rajouté à l’article 3 du projet de loi ‘’de commun accord avec les structures pédagogiques’’. C’est comme cela que les choses se sont passées. C’est pourquoi, nous n’avons pas eu besoin d’investir l’Assemblée nationale comme nous l’avions prévu.
Est-ce à dire qu’il n’y a désormais aucun point de contestation de la part du SAES concernant celle loi ?
Aucun ! Nous sommes satisfaits à 100%. Le fond de notre combat, c’est la préservation de l’autonomie des universités.
Pourquoi ?
C’est cela l’âme de l’université. Une université sans autonomie n’est plus une université. On peut l’appeler comme on veut, mais elle cesse de l’être. Des collègues sont venus me dire à mon bureau que si nous laissons cette loi passer, ils vont quitter l’université pour faire autre chose. Même moi, j’allais partir pour me reconvertir dans un autre métier.
Peut-on dire donc que la maîtrise des orientations constitue l’un des points fondamentaux de l’autonomisation des universités.
Pas seulement. C’est surtout les organes de gouvernance. Tel que c’était libellé au début, les enseignants allaient constituer un quart du Conseil d’administration. Cela était configuré de telle sorte que des personnes extérieures à l’université allaient pouvoir délibérer sans connaître même ce qu’est l’université. C’était extrêmement grave. Nous voulons bien ouvrir l’université mais pas l’offrir. Heureusement, tout le monde a compris que ce n’était pas une bonne chose. Et on a réussi à régler les problèmes. Nous ne cherchons pas à être dominants. Je rappelle que c’est le SAES qui a initié cette nouvelle gouvernance depuis nos assises qui se sont déroulées de septembre à décembre 2010. Les documents sont là. Il ne faut pas qu’on nous fasse un procès en sorcellerie en disant qu’on voulait fermer l’université.
Non, encore une fois on veut ouvrir l’université sans l’offrir. Il n’y a pas d’experts plus élevés que nous à l’université. Le monde a évolué et nous sommes conscients qu’il y a de nouveaux paradigmes qu’il faut prendre en compte. Nous l’avons même compris avant l’arrivée des nouvelles autorités au pouvoir. C’est nous-mêmes qui avions compris qu’il faut bien s’ouvrir. Mais les gens ne lisent pas les textes. Dans le décret 70, il était déjà prévu que l’université devrait s’ouvrir à la société. Les gens qui parlent ne lisent pas les textes. Ils croient inventer les choses. Alors qu’ils n’ont rien inventé. C’est pour cela qu’ils le font mal. Quant on étudie bien les choses, l’on se rend compte de l’évolution étape par étape. A partir de là, on fait maintenant une proposition qui cadre avec le temps, au lieu d’appliquer comme ça les injonctions de la Banque mondiale.
Voulez-vous dire que les réformes entamées sont des injonctions de la Banque mondiale ?
C’est clair. Parce que c’est le Projet de gouvernance et de financement (PGF). Ce n’est pas moi qui le dis. Ça s’appelle comme ça (il insiste). La Banque mondiale a dit, à un certain moment : nous sommes en train d’exécuter les financements que vous avez demandés. Mais il n’était pas prévu de faire des constructions. N’empêche, les responsables de la Banque ont fini par faire confiance au nouveau gouvernement. Ils ont accepté de construire avec des conditions. Ils ont exigé le vote du texte sur la gouvernance. C’est le fameux texte qu’on avait introduit le 22 décembre 2011, sous l’ancien régime.
Il y avait un autre point relatif à la réforme des titres. Où en êtes-vous actuellement ?
Là aussi, véritablement tout le travail a été fait. Nous sommes tombés sur un texte consensuel avec le ministère. On a même été invités pour la première fois, à la réunion du Comité technique qui regroupe les spécialistes des différents ministères concernés. D’habitude, les syndicats n’étaient pas impliqués. Mais cette fois, c’est une preuve d’ouverture du gouvernement qu’il faut saluer. Ils nous ont invités et nous avons été représentés. Mais il s’est trouvé que les agents envoyés par le ministère des finances étaient venus sans l’impact financier.
Je tiens à rappeler que la réforme des titres, c’est un besoin pour légaliser des choses qui se passaient à l’université. La loi 80-59, je le rappelle, ne permet pas aux assistants et aux maîtres-assistants de donner des cours magistraux, ni d’encadrer des étudiants à un certain niveau. Or, si ces derniers ne faisaient pas ce travail, aujourd’hui, il n’y aurait plus d’université. Nous voulons sur la question des réformes universitaires des capacités à faire certaines choses. Nous sommes dans des acceptions et des concepts très anciens. Parce qu’en réalité, nous sommes aujourd’hui dans une phase où tous ceux que nous recrutons sont docteurs déjà. Alors que Docteur est le plus haut grade universitaire. Après le Docteur, il y a les titres universitaires conférés à partir des productions scientifiques. C’est la grande différence. Actuellement, il y a plusieurs assistants et des maîtres-assistants qui donnent des cours au même titre que les professeurs titulaires. Si on parle de maitre-assistant, on l’est par rapport à quelqu’un qui vous supervise. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Est-ce à dire que les titulaires n’encadrent plus les assistants ?
Non, en fait, les gens viennent avec des spécialités qu’ils sont seuls capables à enseigner. Donc, il n’y a pas d’assistants en réalité. Notre université a hérité le système français. C’est pourquoi, au début, on recrutait les enseignants avec un DEA (Diplôme d’études approfondies) et celui-là était effectivement sous la supervision d’un directeur de thèse. Ce dernier, qui était maître de conférences ou professeur titulaire, était chargé de le former. Pour ce faire, il lui confiait des travaux dirigés ou des travaux pratiques, jusqu’à ce qu’il puisse soutenir sa thèse pour pouvoir avancer dans la hiérarchie universitaire. Ce système épuisait les gens. Et pendant ce temps, depuis des siècles, il n’y a jamais eu qu’un seul doctorat dans le système Anglo-Saxon.
Et quand les Français ont fait l’évaluation, ils se sont rendus compte qu’ils sont devancés par les Anglais au niveau des distinctions littéraires et scientifiques comme le prix Nobel. Ils ont réformé maintenant pour avoir un seul doctorat. Au Sénégal, on a vu plusieurs personnes qui ont fait une thèse d’Etat pendant 10 ans ou 15 ans et partir à la retraite. Il faut véritablement s’adapter au système LMD (Licence, Master, Doctorat). L’adaptation devrait être faite de façon concomitante. Le LMD est venu pour faciliter aux étudiants l’accès au monde du travail mais aussi pour diminuer le nombre de diplômes. Le LMD avait réglé la question des grades en réduisant du coup les doctorats en un seul. Mais il fallait concomitamment régler le problème des titres universitaires.
Quelle difficulté particulière fait que la réforme des titres connaît ce retard ?
En fait, si les maîtres-assistants passent en maîtres de conférences, il est normal que les indices changent. Cela à une implication financière, mais elle n’est même pas importante car, au fond, quand nous avons mené le combat qui est parti de Saint louis et que les différents gouvernements ont trainé les pieds, nous avons dit Ok. Les assistants et maîtres assistants ont fait uniquement des TD et des TP.
Quand la situation s’est présentée, Mary Teuw Niane, pour éviter un blocage à Saint-Louis, a dit : vous avez raison, l’université ne peut pas fonctionner sans vous. Je ne peux pas changer seul les choses, mais je vais vous donner une prime forfaitaire. Parce qu’en fait, c’était une exploitation inadmissible qui ne disait pas son nom. Ce qui est pire, c’est que quand ces maîtres-assistants et assistants donnaient des cours en heures complémentaires, ils étaient payés non pas au taux de l’heure, mais par rapport à leurs titres universitaires. Quand le recteur Niane a fait cela, ça a fait boule de neige à Thiès, à Bambey, à Ziguinchor. Dakar ne s’est pas battu comme il fallait. Je suis désolé, mais je dois le dire. Les recteurs successifs n’ont jamais appliqué cela. C’est pourquoi je dis également qu’un recteur doit être un manager. Malheureusement, la plupart des recteurs actuels ne le sont pas. Je suis désolé. Un vrai recteur est celui qui sait trouver des solutions.
À l’ouverture des négociations sur le protocole de 2012, ce point a été intégré. Il y a eu rappel à l’université de Dakar. Mais ces temps derniers, le recteur de Dakar (Ibrahima Thioub) a décidé de façon unilatérale, de recouper la prime. Bref, pour vous dire tout simplement que ce gap financier n’existe presque plus, il n’est pas très important. Ce qu’il y a à fustiger par contre, c’est le fait que des agents du ministère des Finances se permettent de dire qu’ils ne sont en rien liés par des échéances ou quoi que ce soit. Je suis atterré, parce que ce document que j’ai ici a été signé par 4 ministres de la République (Enseignement supérieur, Fonction publique, Budget et Travail). Et maintenant de simples agents, je dis même de petits agents du ministère des Finances se permettent de dire que cela ne les lient pas. Dans quel pays sommes-nous ? Finalement, je me demande est-ce que c’est le ministre des finances qui préside ce pays-là ou quelqu’un d’autres.
Voulez-vous dire que c’est Amadou Ba le point de blocage ?
Tous les points d’achoppement, c’est la faute du ministre des Finances. Je le lui ai dit de vive voix au téléphone. C’est lui qui bloque. Mais on se battra. On a déjà prévenu. Le 4 janvier, on va déposer un préavis de grève. Et cette fois, il n’y aura pas de négociations possibles.
Quelle est l’incidence financière de la réforme des grades et des titres ?
C’est un peu plus de 3 milliards. Il n’y a que ça qui risque de bloquer. Et pendant ce temps, le monsieur (Amadou Ba) fait de la politique. Et tout le monde sait que la politique a besoin d’argent.
Voulez-vous dire par là que l’argent des universités est peut-être utilisé pour faire de la politique ?
Je n’en sais rien, je fais des constats. Je ne peux pas l’accuser. Mais en tout cas, il est aux Parcelles assainies et tout le monde sait que la politique a besoin d’argent.
Le ministre Mary Teuw Niane a dit dernièrement que les universités vont être autonomes à partir de 2016 et qu’il y aura des salaires qui vont couvrir l’ensemble de l’année. Pourquoi donc ne pas attendre au lieu de se livrer à des menaces ?
Le ministre de l’Economie et des Finances qui est plus habilité à le dire l’a déjà dit à l’Assemblée nationale. Qu’est ce qu’on a vu ? Comment peut-on croire le ministre de tutelle sur cette question, alors que le ministre qui occupe ce poste lui-même va à l’Assemblée pour dire des choses qui ne sont pas vraies. Je suis désolé. Encore que l’autonomie des universités n’a jamais été totalement respectée. Il y a l’autonomie financière qui n’a jamais été faite. Ça fait longtemps que la subvention de l’Etat n’existe plus. Vous savez que le recteur de Dakar s’est permis, pour 2015, d’envoyer une notification pour dire que toutes les facultés auront une subvention zéro pour cent pour les subventions de l’Etat, sauf la FASTEF et l’ESP. Parce que peut-être dans sa tête, les inscriptions pédagogiques des étudiants suffissent. Vous voyez ce mauvais calcul. Quand j’ai saisi le ministre des Finances pour le prévenir, le ministre l’a saisi et il est revenu sur sa décision. C’est extrêmement grave.
À qui seront alloués les fonds alors ?
Bonne question ! Il y a un problème même de management. Les universités sont des établissements publics. Il faut qu’il y ait une subvention de l’Etat. On ne dit pas qu’il faut cent pour cent.
Il n’a pas manqué certainement de vous préciser quels seraient les destinataires ?
Je ne veux pas jeter de la pierre mais quand même il faut qu’on ouvre l’appel à candidature. J’en ai parlé au ministre cette semaine même, je dis et j’insiste encore : il faut l’appel à la candidature pour le poste de recteur. On nous demande d’attendre quelques années. Qu’est ce qu’on a à attendre, de quoi le Président (Macky Sall) a t-il peur ? (Il répète la question). S’il y a un appel à candidature, tout un chacun peut postuler, y compris les gens de la diaspora.
Pour moi un Sénégalais c’est un Sénégalais, les candidats peuvent venir de partout. Il y aura un vote et les trois premiers seront présentés au président de la République. Il choisira un parmi eux. S’il pense que Seydi Babacar est une tête brûlée, il ne le prend pas. Il prendra Moussa Diakhoumpa (nom d’un citoyen lambda) parce qu’il est plus calme. Mais il saura au moins que n’importe lequel de ces trois sera bon pour développer l’université. Aujourd’hui l’université demande tellement de moyens et puis notre population est jeune et la croissance démographique est élevée. D’après les statistiques, plus de 50% de la population a moins de 18 ans. Il est clair que l’Etat ne pourra jamais suivre les rythmes, ce qui fait qu’il faut de vrais managers qui sont capables de mobiliser des financements. Un professeur titulaire des universités doit avoir un carnet d’adresse important qui lui permet de développer son université, s’il est recteur.
Êtes-vous en train de dire que l’actuel recteur de l’Ucad, Ibrahima Thioub n’a pas les compétences ?
Je ne peux pas dire ça, parce que c’est un collègue mais je dis de façon générale, les recteurs actuels quasiment sont des recteurs dépassés. Ils sont des recteurs des temps anciens qui étaient là, nommés pour être l’œil du gouvernement sur les universités. Quand un recteur dit qu’il est là pour exécuter, c’est grave. C’est pourquoi j’ai un peu la nostalgie du professeur Souleymane Niang. Voilà un recteur avec qui on n’était pas toujours d’accord, mais qui avait des idées, et n’hésitait pas à dire non au Prédisent Diouf. Il y a des décisions qu’Abdou Diouf n’osait pas prendre sans s’en référer au professeur Souleymane Niang. Ce dernier n’était pas un faire-valoir comme c’est le cas actuellement. Je suis désolé de le dire. La preuve, regardez tout dernièrement ce qui a été fait ; cette permutation de recteurs, c’est indigne. On aurait dit des sous-préfets, c’est inadmissible, c’est inacceptable. Il faut aller vers un appel à candidature. En ce moment on verra éclore des talents, j’en suis persuadé.
Quand vous dites que le champ syndical est assez étroit pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, faut-il en conclure que vous voulez être candidat à la Présidence ?
Vous savez, il y a un cheminement naturel. Et comme disait le leader américain, Louis Farahan : ‘’i was bone to do exactly what i am doing’’. Cela veut je suis né pour faire exactement ce que je suis en train de faire. Je fais mienne cette assertion là. Quand je fais des choses, c’est après seulement que je m’en rends compte. Il y a comme une force antérieure qui me fait faire. C’est pour cela que mon action sociale peut déboucher et devrait déboucher sur le champ politique, politique au sens noble du terme. Encore une fois, c’est une intention.
En 2000, tout le monde en avait assez des 40 ans des dérives socialistes, de monopartisme à la limite et de répression, parce qu’on était des étudiants. On en avait assez de ce régime socialiste. Il fallait donc mettre autre chose. Et cette autre chose était tout trouvé, c’était Me Wade. Mais quand Me Wade a commencé lui aussi à exceller dans les dérives, c’est là qu’on a commencé à se demander qui on allait mettre à sa place. Et quand Me Wade a insisté jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle lui accorde inconstitutionnellement un troisième mandat, on était devant le fait accompli. Quand on est arrivé au second tour, il fallait enlever quelqu’un qui avait trahi l’espoir des Sénégalais pour mettre quelqu’un qui était avec lui, en l’occurrence le Président Macky Sall.
Qu’est-ce qui vous pousse personnellement à vouloir descendre dans l’arène politique ?
Aujourd’hui, on entend les Sénégalais souvent dire : qui va-t-on mettre ? Parce que l’offre politiquement est justement quasi inexistante. Ce sont les mêmes gens issus du même parti. La plupart sont issus du PS et les autres du PDS. Les anciens communistes se sont ralliés au pouvoir en place comme ils savent bien le faire. C’est donc une réponse à cette question des Sénégalais quand je leur dis qu’il faut une nouvelle offre. Je fais aux Sénégalais une offre vierge. Une offre vierge politiquement mais riche syndicalement, c’est-à-dire socialement. C’est ça que je suis en train d’étudier. Je sais qu’il y a des plateformes qui sont là, avec qui je peux discuter. Il y a aussi beaucoup de partis politiques. Il y a plus de deux cent partis. Vous savez très bien que dans tous ces partis il y a peut être une dizaine qui sont capables de donner un candidat. Mais ils peuvent être parfaitement en phase avec moi, et me soutenir.
Quels sont les premiers échos que vous avez reçus ?
Certains camarades m’ont tapé sur les doigts en me disant, oui, en tant que secrétaire général du SAES… mais avant d’être SG du SAES, je suis d’abord un citoyen. Personne ne peut me fermer la bouche. Je n’accepte pas la pensée unique. Surtout que beaucoup qui le disent sont membres de l’APR. Je leur dis souvent que si votre coup de 2013 pour me débarquer et offrir le syndicat au parti au pouvoir avait réussi, on n’en serait pas là … Et maintenant vous voulez me fermer la bouche.
Vous dites que certains de vos collègues ont voulu offrir le syndicat à l’APR ?
Bien sûr ! Je le dis haut et fort, nos camarades du Réseau des universitaires républicains (RUR) tenaient des réunions pour me débarquer. Certains qui sont mes proches, mes amis me l’ont dit eux-mêmes. C’est pour cela je dis que je suis prêt pour ce combat-là. C’est vrai que pour les 6 mois qu’il me reste à peu près pour mon deuxième mandat, je ne parlerai pas de ça pour protéger le syndicat. Mais personne ne peut m’empêcher encore une fois d’exprimer mon intention. Et tous ceux qui me connaissent savent que depuis que je suis revenu de Bordeaux il y a 20 ans, j’ai toujours dit que je suis revenu pour, un jour, servir mon pays au plus haut niveau.
Est-ce que la perspective peut-être 2017 ?
Bien sûr ! Absolument ! Ce temps de 6 mois va me permettre de faire certains tests, d’avoir certains contacts qui vont déterminer si je vais plonger, ou je vais différer en restant dans le champ social syndical, c’est-à-dire en prenant une dimension plus grande au niveau de l’UNSAS. Le combat, soit il est social, soit il est politique. Moi, Seydi Ababacar Ndiaye, je ne peux pas rester tranquille. C’est hors de question.
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