Le Président de la République Macky Sall se retrouve désormais seul. Seul, il se retrouve sur tous les fronts. La guerre contre la propagation de la pandémie de la covid-19 hante déjà le sommeil du Chef de l’Etat. Il est en train de perdre le soutien dont il bénéficiait de l’opposition depuis que la guerre contre l’envahisseur invisible et dangereux qu’est le coronavirus a été engagé. Certaines de ses décisions dans cette guerre sont maintenant contestées.
L’opposition incarnée par le Front de résistance national (FRN) a décidé de claquer les portes du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid-19 (FORCE COVID-19) avec la polémique née autour de perdiems qui seraient accordés aux membres siégeant au sein de cette instance. Pour ne pas arranger les choses, le Chef de l’Etat a pris la mesure contestée d’assouplir l’état d’urgence face à la pression d’imams et de chefs religieux musulmans.
Le Chef de l’Etat Macky Sall n’est pas seulement au front dans cette guerre contre le coronavirus. Il lui faut intervenir pour de l’ordre dans les rangs de son propre camp. Même en cette période de guerre contre le coronavirus, il y a de la tension au sein de l’administration.
Ces derniers temps, l’on assiste de quelque chose d’inédit au Sénégal, un directeur général, en l’occurrence celui de la SENELEC, Pape Mademba Bitèye est entré en guerre contre son ministre de tutelle, celui du Pétrole et des Energies Mouhamadou Makhtar Cissé. Comme pour ne guère arranger les choses, Pape Mademba Bitèye qui jure de se payer la tête de son ministre fait même fuiter dans la presse, des informations avec à l’appui des documents classés confidentiels. Du jamais vu !
Dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de l’agriculture, de l’énergie avec le coup de gueule du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz récemment, du commerce avec la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, le front social bouille. La crise s’enfonce partout. L’on peut se demander où sont les responsables en charge de ces secteurs, et qui bénéficient pourtant de la confiance du Chef de l’Etat qui les a nommés à leurs postes.
Ce qui est remarquable face à cette situation, c’est que les porteurs de revendications ne trouvent d’interlocuteurs crédibles capables de prendre des engagements pour apporter des solutions définitives à leurs doléances. D’autant qu’il leur est difficile voire impossible de s’asseoir dans une même table que le Chef de l’Etat, Macky Sall pour lui adresser directement leurs revendications.
Le Président de la République est devenu tout simplement injoignable devant eux
Le Président de la République Macky Sall a-t-il le temps nécessaire de mettre de l’ordre dans tout ça, assailli qu’il est par d’autres problèmes à résoudre dans ce pays ? Des problèmes plus que nombreux. Ce qui pousse des observateurs à remettre encore sur la table, le débat sur le retour du poste de Premier ministre dans l’organigramme du gouvernement.
En cette période de guerre contre la pandémie de la covid-19, l’absence d’un poste de Premier ministre se fait véritablement sentir, car jamais le Président de la République n’allait se sentir si seul à travers tous les fronts. Il existe vraiment un chaînon qui manque dans tout ça et qui n’est autre que la primature.
Le Président Macky Sall a-t-il commis une erreur de casting finalement en supprimant le poste de Premier ministre ? Ce dernier face aux défaillances des ministres, peut jouer le rôle de fusible entre le Chef de l’Etat et les acteurs sociaux. D’ailleurs, le Syndicat des enseignants de l’élémentaire du Sénégal (SELS/A) ne s’y trompe guère, qui, préoccupé de rétablir le dialogue entre le pouvoir et les acteurs sociaux, avait réclamé il y a quelques semaines le retour du poste de Premier ministre. Ce qui ne devrait être que dans le retour normal des choses afin que le climat social soit mieux apaisé au Sénégal.