L’enquête ouverte à la suite de l’arrestation de Baye Modou Fall dans la nuit du 5 au 6 décembre, sur l’autoroute «Ila Touba», révèle que ce dernier est le cerveau de plusieurs cambriolages enregistrés ces deux derniers mois à Dakar. L’Observateur raconte.
Boy Djinné et ses complices présumés ont été déférés devant le procureur, ce lundi 18 décembre. Ils ont bénéficié d’un retour de parquet, révèle L’Observateur dans un article paru ce mardi et rejouant le film de la chute de la bande à celui qui se nomme, à l’état civil, Baye Modou Fall.
Tout est parti de l’arrestation d’une partie des membres du gang dans la nuit du 5 au 6 décembre. Boy Djinné et ses hommes sont arrêtés sur l’autoroute Ila Touba, vers 4 heures 30 minutes du matin, avec un redoutable arsenal de cambriolage. Les premiers éléments de l’enquête de la gendarmerie révèlent qu’ils étaient en route pour cambrioler une villa dans la ville sainte.
Après avoir hérité du dossier, le procureur de Thiès le file à son collègue de Diourbel. Ce dernier saisit la gendarmerie d’un soit-transmis pour la poursuite de l’enquête. Mais l’affaire finit entre les mains de la Sûreté urbaine (SU), qui enquêtait sur le braquage d’un point de transfert de fonds à Colobane, dans la nuit du 9 au 10 novembre.
Le véto de Boy Djinné
L’Observateur rapporte que le 9, dans la journée, Boy Djinné, «le stratège du groupe», Ousmane Ben Afane Ndiaye, dit Bamba, «l’homme à la gâchette facile», Amadou Ndiaye, «le chauffeur attitré» et Mamadou Lamine Diallo prennent en filature un fourgon chargé de billets de banque, de l’avenue Peytavin, au centre de Dakar, à la Rue 43 de Colobane. Alors que les fonds sont en train d’être déposés à l’intérieur d’une société de transfert d’argent, les membres du gang sautent de leur Ford blanche et se mettent à inspecter discrètement l’opération.
Après concertations, renseigne L’Observateur, il est question de passer à l’action dès le départ du fourgon. Tous les membres du groupe acquiescent sauf Boy Djinné. Pour lui, informe, le journal, il n’est pas question de se jeter dans la gueule du loup en tentant un braquage en plein jour dans le quartier populeux de Colobane, bondé de monde à ce moment-là.
Décision est alors prise d’attendre la nuit pour lancer l’assaut. C’est ainsi qu’à l’heure indiquée, vers 3 heures du matin, Boy Djinné et ses acolytes présumés se présentent à nouveau à la Rue 43 de Colobane pour accomplir leur coup. Ils attaquent le vigile. Ce dernier tente de résister. Il reçoit une balle à la cuisse de la part de Afane avant que les autres le neutralisent à coups de machette.
Les cambrioleurs accèdent aux locaux de la société de transfert de fonds, mais n’arrivent pas à forcer le coffre-fort rempli de billets de banque. Trois heures s’écoulent. Des jeunes du quartier se pointent, Afane tirent sur eux. Boy Djinné et le reste de la bande sentant que le coup a foiré, se retirent. En s’enfuyant, ils tentent de saboter les caméras de surveillance. Mais c’était trop.
La chute des lieutenants
Le commissariat de la Médina ouvre une enquête avant de transmettre le dossier à la SU. Les enquêteurs réquisitionnent les images des caméras de surveillance placées aux abords des lieux du cambriolage. Celles-ci montrent Boy Djinné et ses camarades rôdant autour du fourgon de transport de fonds durant la journée du 9, quelques heures avant l’assaut.
Les investigations sur l’identité du propriétaire de la Ford qui transportait les malfaiteurs révèlent que le véhicule appartient à une dame et qu’il a été pris en location par Amadou Ndiaye, le chauffeur du gang. Ce dernier est arrêté. Il passe aux aveux et précise que c’est Boy Djinné qui lui avait demandé de louer la voiture.
Coopératif, Amadou Ndiaye balance Mamadou Lamine Diallo. Arrêté chez lui, à Rebeuss, Diallo livre à son tour Mamadou Ndiaye, domicilié à Guédiawaye. L’Observateur renseigne qu’une perquisition de la chambre de ce dernier permet aux policiers de mettre la main sur un pistolet, une cagoule et une paire de gants, notamment. Ndiaye mouille Khadim Lô, qui vit à Grand-Yoff.
S’il ne fait pas partie du groupe qui a attaqué le point de transfert d’argent de Colobane, ce conducteur de moto avoue avoir participé au braquage survenu en plein jour le 29 novembre à la Médina et qui s’était soldé par une fusillade dans l’enceinte de la Grande Mosquée de Dakar. Au cours de cet incident, Afane avait tiré sur un policier et sur un civil. Khadim Lô a confié avoir réussi à s’enfuir à bord de sa moto.
Le casse de la Cité Fayçal
Dans le cadre de cette enquête aux nombreuses ramifications, Boy Djinné sera transféré de la prison de Diourbel au Camp pénal de Liberté 6 puis, avec ses complices présumés, mis à la disposition de la SU.
Baye Modou Fall et Cie révéleront aux enquêteurs, selon L’Observateur, avoir commis d’autres cambriolages dont celui de la nuit du 26 au 27 novembre dernier commis dans une villa de la Cité Fayçal. Sur place, précise le journal, Boy Djinné et sa bande volent 2 millions de francs CFA en espèces et des bijoux en or d’une valeur de 15 millions.
L’Observateur souffle que Boy Djinné, récemment libéré de prison, a confessé être le cerveau de cette série de braquages avec l’objectif de «refaire une santé financière». Avec ses camarades, qui sont presque tous des repris de justice, il est poursuivi pour association de malfaiteurs, vols multiples commis la nuit avec usage de véhicule, d’arme à feu sans autorisation.