Ils ont vécu l’enfer en Libye. Eux, ce sont les migrants sénégalais rapatriés du pays de Kadhafi. Un premier groupe de 171 personnes est arrivé à l’aéroport Léopold Senghor hier, jeudi 1 juin. Un second (180) est attendu le 6 juin.
Les premiers arrivés ont raconté leur calvaire. « En Libye, à tout moment on peut t’attraper et te cribler de balles. J’ai vu des gens froidement assassinés », confie El Hadji Ali Savané, un des rapatriés.
Originaire de Tambacounda, cet ancien étudiant de l’Université Cheikh Anta Diop dit avoir été emprisonné pendant 3 mois. Et pourtant, jure-t-il, aucune infraction ne lui a été reprochée.
Il rembobine : « Le jour où on m’a amené en prison, on m’a réveillé en plein sommeil. Je suis arrivé en Libye au mois de janvier dernier. Malheureusement, je n’ai pas pu travailler là-bas. Le racisme est une réalité en Libye. Les Noirs ne sont pas bien vus. Ils sont souvent agressés, rackettés et même tués. »
Savané indique que les migrants sont écartelés entre le risque de croiser les « bandits qui vous attrapent pour demander un rançon à ta famille » ou de tomber dans les filets de la police qui vous envoie dans leurs prisons où tu vis le martyre.
Daouda Dramé, 29 ans, acquiesce : « J’ai fait presque un an et demi en Libye. J’y ai rencontré beaucoup de difficultés. C’est ce matin (hier, jeudi 1 juin), en revenant à Dakar, que je suis sorti de prison. J’y ai laissé 80 Sénégalais. L’Etat du Sénégal doit faire des efforts pour leur venir en aide. »
Venu assister à leur arrivée, le directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, promet que le gouvernement ne les abandonnera pas. Comme pour tous les rapatriés volontaires, dit-il, il est prévu un dispositif de réinsertion économique et social.