En 2000 une déferlante bleue avait porté Abdoulaye Wade au pouvoir, mais au bout de 12
ans de règne sans partage, a fini par l’avaler et le porter au précipice alors qu’elle menaçait de
ruiner l’équilibre démocratique et constitutionnel de notre pays. En 20012, c’est une autre
vague, cette fois maronne qui a porté au pinacle Son Excellence Macky Sall, lui-même acteur
principal et ensuite victime de cette poussée vertigineuse qui avait consacré son Maitre
(Wade). Quatre ans après son élection, le constat est identique. Les sénégalais sont déçus,
désappointés, désorientés. L’euphorie du début à laissé place à un pessimisme ambiant.
Que s’est-il donc passé? Si le régime a changé, les pratiques elles-mêmes demeurent. Nous
sommes loin du temps du slogan: une gestion sobre et vertueuse. Les pires cauchemars des
sénégalais d’hier sont devenus aujourd’hui les plus brillants collaborateurs du système en
place. Pas la peine de citer leurs noms, de leur faire de la publicité. Même les militants de
l’APR dans leur majorité sont stupéfiés de certaines décisions provenant d’en haut, beaucoup
ne sauraient cautionner de telles pratiques telle que l’apologie de la transhumance.
Dans cette vision de société, comment peut-on espérer une gouvernance sobre et vertueuse, et
un Sénégal Emergent? Au pays de El hadji Malick Sy, de Serigne Touba, de Baye Niass, de
Limamoulaye, le culte de la promotion de la transhumance est devenu une nouvelle religion.
L’Etat devient du même coup l’agent incontournable de ce phénomène.
Est-il vrai que l’aspiration à un second mandat pousse le Président de la République à
renoncer à ses engagements pré-électoraux? Les changements constatés chez les populations
notamment lors des locales de 2014 menacent-ils déjà des positions acquises? Certains ne
sont-ils pas pressés en se ruant dans les médias pour se féliciter d’une victoire de l’APR qui en
réalité est un échec pour le Président Macky Sall dans certaines parties du pays. Au passage,
il y a de quoi s’interroger sur certains leaders de la mouvance présidentielle si prompts à
diffuser des messages sans le moindre regard critique.
Monsieur le Président de la République, ne vous fier pas à certaines déclarations aux allures
d’escroquerie politique. Les résultats des locales à Dakar, Pikine et à Guédiawaye sont un
signal fort à votre politique mais aussi témoignent du désaveu des populations à l’endroit de
certains leaders de votre parti qui n’existent que dans les médias. Faire du bruit, c’est donné à
tout le monde mais convaincre ce n’est pas donné à tous, encore moins pour des gens qui ont
perdu toute crédibilité dans leur localité.
A Guédiawaye, malgré la victoire de Benno Bokk Yakaar aux locales de 2014 avec moins de
30% des voix, par rapport aux présidentielles de 2012, le candidat Macky Sall (avec la
coalition) a perdu plus de 7.000 voix. A Pikine, M. Sall a reculé de plus 40.000 voix entre ces
deux joutes électorales. D’après ce constat, peut-on parler de victoire du parti au pouvoir?
Quand on ne parvient pas à apprendre des erreurs de ses prédécesseurs, on risque de se
fourvoyer tôt ou tard. Personne ne semble vouloir assurer la responsabilité d’un véritable
changement. A quoi donc servent les discours politiques, si c’est pour entonner la même
ritournelle?
Malgré les alternances politiques, c’est l’institutionnalisation du » ni-ni » qui s’est
progressivement imposée: ni » grand bond en avant « , ni » retour en arrière « . Si les mots
changent lors des campagnes électorales, le fond reste le même. Le problème aujourd’hui
n’est pas de trouver et de mettre en œuvre un plan. Le problème du Sénégal c’est plutôt le
choix de ses élites. On ne peut faire croire sérieusement aux gens que la rupture est possible,
et de surcroît adopter les mêmes démarches belliqueuses du précédent régime.
Le scénario est maintenant bien rodé. Sitôt nommé, le nouveau Président cherche plutôt
comment durer au pouvoir?
Depuis toujours, les sénégalais sont à la quête éperdue de la formule magique qu’ils pensent
être détenue par les politiciens? Mais quelle naïveté ! Comment ceux qui ne parviennent pas à
se corriger eux-mêmes pourraient-ils guider les autres?
Devant les désordres chroniques et les mouvements sociaux de plus en plus radicaux, le
risque est grand pour le Président de République au point que la société tombe dans la
réaction. Celle-ci s’est déjà exprimé lors des locales avec la montée des candidats
indépendants.
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