Sénégal Présidentielle 2019 : Le PDS écartelé entre pro-Idy et pro-Madické

Près de sept ans après la chute du président Abdoulaye Wade, la popularité du PDS n’est plus à son zénith. Entre exclusions et départs de responsables qui ont refusé de s’aligner derrière le successeur d’Abdoulaye Wade pour transhumer, le PDS a traversé plusieurs crises qui l’ont affaibli. 

Le principal parti d’opposition a perdu de nombreux militants dont des responsables de premier plan. Et les crises internes se multiplient à un rythme effréné. Ainsi les préparatifs de l’élection présidentielle du 24 février prochain, mettent à nu une menace d’implosion qui guette le PDS au regard des prises de positions non concertées de certains responsables. 

Aujourd’hui, deux PDS qui semblent irréconciliables se font face en direction de la prochaine présidentielle. Même si la formation de Wade a résisté au tsunami politique qui a dévasté le PS et l’AFP, il est fort probable que la candidature de Madické Niang, devenue une réalité, risque de mettre à mal la discipline qui a toujours fait la force de ce parti. Dans tous les cas, le pape du « Sopi » n’a pas encore dit son dernier mot… 

Un parti politique implose lorsqu’il fonctionne en vase clos ou n’est plus en phase avec sa société. Il ne fonctionne plus que de façon verticale, en n’arrivant plus à renouer avec ses militants. Il implose aussi lorsque le pouvoir en son sein se concentre entre les mains d’une personne, d’une famille biologique, d’un clan ou d’un groupuscule ethnique. Ou lorsqu’il est vivement contesté par un groupe frondeur ou courant politique réclamant la démocratie interne. 

Au Sénégal encore, certains des partis politiques les plus en vus ont implosé avant la présidentielle de 2019. A ceux-là, on peut citer le PDS qui risque de nager en eaux troubles à quelques encablures de la présidentielle du 24 février. Soutenir le candidat Karim Wade désigné par le leader historique et secrétaire général national Abdoulaye Wade ou voter pour le plan B autoproclamé, en l’occurrence le candidat Madické Niang, voilà un dilemme cornélien auquel se heurtent les militants libéraux à un mois de la présidentielle. 

A défaut de contenir les dissensions internes, le PDS, miné par des conflits d’intérêts au sommet, risque de voler en éclats avant la prochaine échéance électorale. Après les secousses telluriques post-défaite 2012 qui l’ont beaucoup affaibli, aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis pour « l’implosion » — à tout le moins un grand écart — de ce parti historique. Tout un septennat a été dédié à une gestion de crises. 

 Les nombreuses défections et exclusions suivies de l’embastillement de son candidat Karim Wade, l’absence la plupart du temps du leader historique du territoire national, ont fini par plonger le PDS dans un tourbillon de crises duquel il peine toujours à sortir. Plus le temps passe, plus le parti des Libéraux s’enfonce dans une crise abyssale. Autant de choses qui font que, aujourd’hui, le risque d’implosion du Parti démocratique sénégalais est réel. 

Alors qu’on est à moins d’un mois de la présidentielle, on ne sait toujours pas quelle position va adopter le PDS par rapport à cette échéance capitale. Seule la menace non officielle d’empêcher la tenue de l’élection semble être de mise. Mais de telles paroles comminatoires venant de responsables libéraux frustrés par l’éviction illégale et antidémocratique de leur candidat Karim Wade semblent plus relever de la fiction que de la réalité. 

Aussi, cette plus grande formation de l’opposition fait-elle face aujourd’hui à un dilemme cruel : choisir entre les trois candidats de l’opposition (en dehors de Me Madické Niang) en compétition avec le président Macky Sall, s’abstenir de voter ou essayer vainement de bloquer le déroulement du scrutin. La mutité dans laquelle se sont engoncés Abdoulaye Wade et son fils Karim participe de cette désorientation dans laquelle se trouvent les militants « sopistes ». A moins d’un mois de la présidentielle, les Libéraux ne savent pas la conduite à tenir. 

 Aujourd’hui, deux PDS se font face : celui dirigé par Karim et celui favorable à Madické qui s’est autoproclamé plan B du PDS. De plus en plus, le discours du Pontife libéral à l’égard de Madické Niang se muscle Récemment, dans une interview à « Dakar Times », le secrétaire général national du Pds a réclamé l’exclusion de son ancien ministre des Affaires étrangères du C-25 et la restitution au Pds de son poste de député. Une attitude qui ne présage pas un soutien officiel à Madické 2019. Mais une déclaration officielle de non soutien à l’endroit de Madické Niang risque d’être la pomme de discorde qui désagrégerait ce qui reste du PDS puisque la candidature de ce dernier est soutenue et managée par des PDS pur sucre. 

Et chez la plupart des Libéraux, il est hors de question de suivre un mot d’ordre en faveur d’un candidat autre que Madické Niang qui incarne de facto l’alternative à la candidature déchue de Karim Wade. Dans ce cas de figure, quelle sera l’attitude à adopter face à Madické Niang et ceux qui ont choisi de s’allier à lui ? Les exclure serait une option dangereuse voire suicidaire puisque le PDS est devenu exsangue à cause de son hémorragie due à ses multiples départs et exclusions depuis la chute d’Abdoulaye Wade en 2012. 

 Les laisser soutenir un plan B serait en porte-à-faux avec les textes qui régissent le parti. Pour des prises de positions plus bénignes, le glaive libéral a étêté des responsables libéraux tels que Modou Diagne Fada, Pape Samba Mboup et Farba Senghor exclus pour cause d’indiscipline et de fractionnisme. L’équité politique voudrait que tous les libéraux qui ont parrainé Madické Niang sans l’aval du parti soient sanctionnés à la dimension de la faute qu’ils ont commise. 

Récemment, dans RFM-matin, Mouhamadou Lamine Massaly avait révélé que lui et d’autres responsables libéraux chargés de collecter les parrains pour Karim Wade ont dû en céder une partie à Madické Niang. Une telle initiative va aux antipodes de la déclaration de Me Abdoulaye Wade parue récemment dans le journal « Dakar Times ». « Il (Madické Niang, Ndlr) sait parfaitement que l’adhésion de fait ou de droit  à  une  autre  formation  équivaut  à une démission au Pds…  
  
Nous lui réclamons notre siège de député… 
» Par conséquent pour Wade, il est exclu de faire bénéficier des parrains au substitut autoproclamé de son fils à la présidentielle, par ailleurs candidat officiel du PDS recalé. Si Wade considère la candidature de Me Madické Niang comme un acte de trahison-démission, son ancien directeur de cabinet, Babacar Gaye, interrogé par Le Témoin,  minimise la décision des responsables libéraux ayant parrainé Madické Niang considéré comme démissionnaire par le chef du PDS. 

 Dès lors, on ne parle plus le même langage entre le chef et plusieurs de ses plus proches collaborateurs. Un méli-mélo qui crée une situation de confusion risquant de mener vers une implosion. Abdoulaye Wade parviendra-t-il, en vue de la présidentielle de février 2019, à endiguer les vagues de ces divergences qui secouent son parti pour adopter une démarche claire et acceptée par tous ? Les prochains jours nous édifieront. 

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