L’opposant Ousmane Sonko a passé la nuit en garde à vue après son arrestation, mercredi 3 mars, pour « troubles à l’ordre public » alors qu’il se rendait à la convocation du juge d’instruction pour une accusation de viol. Après les heurts de mercredi, dans la capitale mais aussi à Saint-Louis, Ziguinchor ou Bignona, à Dakar, le calme est revenu, et les traces des affrontements sont encore visibles.
Des agents balayent les débris à la station Total du quartier HLM. Un peu plus loin dans celui de Castor, c’est un supermarché Auchan qui a été pris pour cible ; il ne reste rien dans les rayons. Sur les grands axes, des pierres, des traces de pneus brûlés quelques abribus ou feux de signalisation vandalisés, mais la vie a repris son cours. Les Dakarois vaquent à leurs occupations et ne parlent que des derniers événements. Il n’y a pas de problème de circulation. Le dispositif sécuritaire a été allégé, le ministère de l’Intérieur, joint dans la matinée, indiquait être en train de finaliser un bilan des événements de mercredi dans la soirée. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur a déjà affirmé que « force resterait à la loi ».
Appel à une marche
La garde à vue d’Ousmane Sonko pour « troubles à l’ordre public » et « participation à une manifestation non-autorisée » va durer 48h, elle lui a été notifiée mercredi après-midi, donc cela court jusqu’à vendredi et ce sera au procureur de décider de la suite. Devant les gendarmes de la section de recherches mercredi, l’opposant a gardé le silence, selon sa défense dans cette procédure parallèle à celle concernant la plainte pour viol avec menace.
Plusieurs partis de l’opposition, et de mouvements de la société civile ont appelé à une marche, vendredi 5 mars, dans toutes les régions du pays malgré l’interdiction de rassemblements liée à la pandémie. Ce nouveau « front debout pour la démocratie et l’État de droit » estime que le régime « cherche à tuer toute idée d’opposition au Sénégal » et dénonce « un complot politique grossier ». De leur côté, des responsables de la majorité répètent que c’est à la justice de trancher une « affaire privée ».