Deux volumineux dossiers sont sur le bureau du président Macky Sall, sans compter la réduction de son mandat de 7 à 5 ans et dont le référendum est prévu l’année prochaine. Hissène Habré, dont le procès est en cours à Dakar, entretient de bonnes relations avec l’ex-président Abdoulaye Wade dont le fils croupit en prison pour biens mal acquis. L’ancien garde des sceaux, ministre de la Justice sénégalaise, Madické Niang, était l’un des avocats le plus proche du président Habré. Il a géré ce dossier depuis très longtemps. On peut dire que c’est grâce à lui que l’ex-chef d’Etat tchadien n’est pas extradé vers la Belgique. Le président Wade, par contre, tient à la liberté de son fils Karim Wade et ancien ministre. «Je suis prêt à donner ma vie pour libérer mon fils», disait-il. Avec ces dossiers brûlants, le président Macky Sall a du pain sur la planche alors qu’on sait que beaucoup de ses projets ne sont pas encore réalisés et qu’il ne lui reste que 3 ans au pouvoir. Ces «patates chaudes» ne risquent-elles pas de brûler les ailes du président Sall ? Décryptage.
Le procès de l’ex-président tchadien Hissène Habré, qui avait débuté le 20 juillet dernier devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), se poursuit toujours à Dakar. Un procès qui risque de coûter cher aux Sénégalais. Du fond de sa cellule, Hissène Habré menace le régime de Macky Sall. Selon un proche du dossier Habré «le président Sall va gouverner difficilement. Il aurait dû consulter le président Abdou Diouf qui m’a donné l’occasion de venir vivre au Sénégal».
Hissène Habré estné en 1942 à Faya, au Tchad. Après ses études à Paris, Hissène Habré est retourné dans son pays en 1971. Il forme par la suite un groupe de guérilla dans les montagnes noires du Tibesti, au nord de Tchad, à environ 800 km de la capitale N’Djaména. Hissène Habré est décrit comme un guerrier et un commandant en chef déterminé à exercer seul le pouvoir. Il finit par vaincre… et devient président du Tchad de 1982 à 1990.
Le président Habré s’exile la même année au Sénégal après un coup d’Etat de son homme de main Idriss Deby, actuel chef d’Etat du Tchad.
On l’accuse aujourd’hui de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de tortures. En détention depuis deux ans, 25 ans après la chute de son régime, Habré fait face à l’obstination de ses victimes, de «son ennemi» Idriss Deby et de leurs partenaires de défense des Droits de l’homme.
La procédure d’extradition d’Habré vers la Belgique a été refusée par le Sénégal sous le régime du président Abdoulaye Wade. Par la suite, avec l’avènement de l’actuel président Macky Sall, le Sénégal décide d’autoriser les Chambres africaines extraordinaires (CAE), une juridiction spéciale créée par l’Union africaine, d’organiser le jugement de l’ex-chef d’Etat tchadien sur son sol.
Habré est un homme puissant et riche dont l’histoire fait l’objet d’une guerre médiatique depuis plusieurs années. Il est devenu aujourd’hui, un «lion abattu» et prêt à tout pour ne pas rester en prison le restant de sa vie. Les incidents, lors du son procès au palais de Justice à Dakar, prouvent qu’il n’a pas fini de combattre «l’ennemi».
Si toutefois Habré est reconnu coupable des charges qui pèsent sur lui, il risque une peine de 30 ans de prison ferme.
Cependant la légalité des CAE, leur légitimité et les procédures misent en œuvre sont remises en cause par l’ex-chef d’Etat et ses partisans du fait de l’implication du président Idris Deby et des puissances occidentales.
Habré a été condamné à mort en 2008 par une cour de justice tchadienne à l’issue d’un procès expéditif pour son rôle présumé de soutien aux mouvements rebelles ayant tenté de renverser le pouvoir d’Idriss Deby et de prendre le contrôle de N’Djamena.
Cette bataille qui dure depuis 25 ans, pourrait être dangereuse pour l’Afrique, en particulier pour le Sénégal et le Tchad. Si Habré, le «lion abattu», entretien toujours de bonnes relations avec certains membres de la rébellion sachant qu’il avait fondé son premier parti de guérilla avant d’être Premier ministre puis président par un coup d’Etat.
Alors, on sait que les djihadistes prennent petit à petit de l’ampleur au Tchad et dans la sous-région comme en Libye, au Nigeria, au Niger, au Soudan, au Cameroun et au Mali. Donc, le Sénégal n’est épargné par cette menace de terroriste, alors que le sud du pays (Casamance) n’est pas encore stable.
Cette confrontation des trois présidents risque de se répercuter au sein des populations dont on sait que des guides religieux ont déjà abordé ces sujets politiques.
Pour rappel, c’est la première fois en Afrique, qu’un chef d’Etat africain est jugé dans un autre pays africain pour violation des droits humains. L’ancien président Wade, lui, après 26 ans d’opposition avant d’accéder au pouvoir, fait face à l’emprisonnement de son fils pour biens mal acquis.
Sacrés dirigeants africains !