La bataille de chiffonniers pour la présidence d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, n’est pas susceptible d’améliorer l’image de ces institutions dirigées par les hommes politiques. Et avec ces guerres de positionnement suscitée par des avantages de prestige, ont fini de montrer que les partis politiques créent au nom du peuple, ne sont là uniquement que pour les intérêts crypto-personnel.
Ce qui se passe du côté de la place Soweto, n’est pas susceptible d’améliorer l’image, déjà pas fameuse, des partis politiques. Elle intervient quatre ans après que le Pape du Sopi a voulu faire fi de toutes dispositions de la constitution pour se faire réélire.
Il n’en faudra pas plus pour achever de convaincre l’opinion que, de la droite à la gauche, les formations politiques sont peuplées de personnage aussi ambitieux qu’agressifs, doublés de tricheurs sans scrupules.
L’affaire est pourtant plus grave encore. Au fond, c’est la question de l’utilité même des partis politique qui est désormais posée de plus en plus crûment.
Grossièrement, les formations politiques remplissent trois types de fonctions qui sont toutes plus ou moins en crise. La première est celle de la sélection des candidats. Cette fonction traditionnelle est sans doute celle qui résiste le mieux. Les partis permettent toujours de trier le personnel politique qui dirigera les différentes collectivités locales. Ils filtrent la technostructure politique.
Les partis politiques, l’ombre des leaders
Les partis politiques servent encore traditionnellement d’instruments de socialisation politique. Au plus fort, ils assurent une participation populaire aux activités publiques.
Tout ceci est largement de l’ordre du passé. Les partis de masse ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes s’ils ont joué un rôle prépondérant pour l’instauration de la démocratie et la liberté d’opinion. Alors qu’ils n’ont jamais été très puissants dans notre pays. Les plus grosses formations d’aujourd’hui sont confrontées à un sérieux problème de succession. Moustapha Niasse, Tanor Dieng, Me Abdoulaye, bref pour ne citer que ces derniers sont tous à la trappe. Ils doivent débarrasser le plancher, mais l’ambition d’être immortels leur hante l’esprit.
Ce sont désormais des partis de cadres très largement structurés par les élus locaux. Leurs racines dans la société sont peu profondes. La gauche s’est largement coupée des militants syndicaux et du monde associatif.
Des partis desséchés idéologiquement
L’animation du débat public est une troisième fonction habituellement dévolue aux partis politiques. Ceux-ci ne sont certes pas véritablement des laboratoires d’idées: elles ne sont jamais créées en leur sein, mais elles y sont traitées et traduites en projets politiques. Dans les années 70, le concept d’autogestion a ainsi été forgé dans des cercles intellectuels avant d’être repris.
Force est de constater que les formations d’aujourd’hui sont non seulement stériles idéologiquement mais incapables d’écouter les idées nouvelles qui peuvent surgir ici et là. L’Afp de Niasse n’est guère plus attentive aux réflexions libérales que le PS aux tentatives de rénovation de la pensée socialiste. Au sein de chaque parti, les postures l’emportent sur les convictions. Et les batailles se résument souvent à des jeux d’égos.
Les partis sont largement indifférents au monde intellectuel. En France, ils ne sont pas adossés à de puissantes fondations qui les nourriraient de leurs travaux.
Tout ceci accentue la superficialité des joutes politiciennes pour leur contrôle. L’affaiblissement des fonctions remplies par les partis est un symptôme de plus de la crise de la démocratie représentative. Ils ne retrouveront sans doute leur raison d’être qu’en renouant des liens forts avec les électeurs ainsi qu’en redevenant des lieux de débats de fond.
Cela suppose de nouvelles formes d’organisation, beaucoup plus ouvertes et utilisant pleinement les ressources de la modernité technologique. Aujourd’hui, des jeunes résignent à militer dans des partis politiques. La plupart se réclame de la société civile. Même pour des joutes électorales, des candidats issus de la société civile se signalent davantage.
SENEGAL7