Au Sénégal, c’est une offensive massive. La grande distribution, en particulier les groupes français, crée des supermarchés dans toutes les grandes villes et, comme ailleurs, les méthodes de vente sont agressives, les prix tirés vers le bas. Cette situation, cette arrivée en force, inquiète les associations de consommateurs qui craignent que les petits commerces et le secteur de l’informel, essentiel pour de nombreuses familles, ne résistent pas à cette déferlante.
« Moins cher tout le temps ». Le slogan se voit de loin. En cassant les prix, en ouvrant tard le soir, la grande distribution s’adapte aux habitudes des Sénégalais. Derrière son comptoir, le jeune Diallo voit les clients passer devant sa petite boutique avec les sacs d’une grande enseigne, située en face.
« C’est la concurrence. On baisse le prix parce qu’Auchan vend moins cher. C’est difficile, en fait », dit-il.
Hulo Guillabert est une militante et panafricaniste. A la tête de son collectif, elle dénonce cette arrivée en force de la grande distribution au Sénégal. Une arrivée sans prise en compte du secteur de l’informel.
« Ils ont une stratégie de concurrence directe avec nos mamans qui sont très, très pauvres. Ils ont les mêmes prix, sinon beaucoup moins chers », explique-t-elle.
Madame Bassène vend des légumes en bord de route, depuis 30 ans. L’ouverture d’un supermarché, non loin de son étal, a fait baisser son bénéfice. Pour elle, c’est une concurrence déloyale.
« Ils vont nous détruire. On ne peut pas se battre avec quelqu’un qui a un fusil. Si nous, on ne vend plus, où est-ce qu’on va partir ? Nos enfants, comment ils vont faire ? Qui va nous donner à manger ? », s’insurge-t-elle.
Les majors de la grande distribution ne sont qu’au début de leur offensive commerciale. A coup de promos, en ce début de ramadan, les magasins ont été pris d’assaut. Certains clients en sont même venus aux mains, tant les prix étaient bas.