Le talent des Lions ne suffira pas pour faire briller les couleurs du Sénégal au prochain Mondial, Russie-2018. Beaucoup d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Amara Traoré, qui a pris part à la Coupe du monde de 2002, dresse la liste pour son ancien coéquipier et capitaine, Aliou Cissé, le sélectionneur national.
1. La récupération
« Parmi les types d’entraînements qui existe dans le football, il y a l’entrainement invisible. Dans cet entraînement, il y a la récupération, le sommeil, l’influence des gens non membres de l’encadrement technique et qui sont autour des joueurs, toutes les techniques possibles pour avoir une récupération rapprochée…
En 2002, nous avons joué tous les matches en surrégime. Un match, deux matches et au troisième, on commence à sentir la fatigue. Donc partant de là, il faut avoir autour de cette équipe beaucoup de kinésithérapeutes, beaucoup de médecins sportifs, c’est-à-dire au moins trois ou quatre.
En 2002, l’Allemagne a mis en place un bâtiment, la France un hôtel entier. C’est-à-dire quand on va à ces genres de compétition, il faut prendre un établissement où on peut permettre toute sorte de récupération : le bain chaud, le bain froid, les massages simples, les massages chinois…, afin que le joueur élimine tous les déchets au plus tard 24 heures après chaque match. »
2. Pas de folklore »
« L’autre point, c’est de ne pas surcharger les joueurs en émotions. Le plus souvent, quand l’Afrique part dans ces compétitions, on veut emmener tout le monde. Quand on va en Can, on emmène toutes sortes d’animations folkloriques. C’est ce qu’il faut éviter. Dans l’hôtel des joueurs, il ne devrait y être que les joueurs, l’encadrement technique, l’encadrement administratif utile. Parce que plus ils sont isolés, mieux ils vont récupérer ensemble. »
3. Éviter le téléphone et l’internet
« Il y aussi l’utilisation des nouvelles technologies. Les joueurs doivent éviter de rester sur internet ou au téléphone jusqu’à tard. Il faut les conscientiser sur tous ces aspects importants. Avec le monde moderne, les téléphones, les réseaux sociaux empêchent les joueurs de dormir. Parce que ça bouffe énormément d’énergie. Rien ne remplace le sommeil la nuit. »
4. Conscience professionnelle
« Ils vont dans une compétition mondiale où les meilleurs vont se frotter. Les matches seront rapprochés et intenses. Donc il faut se mettre dans les meilleures conditions possibles, surtout en termes de récupération. A l’entrainement, l’entraîneur les voit. Mais une fois dans leurs chambres, il ne les voit pas. Donc là, c’est la conscience professionnelle qui doit jouer. L’envie de défendre sa patrie, son pays. Une Coupe du monde c’est tous les quatre ans. Il ne faut pas la rater. C’est ce qu’on appelle la ‘motivation intrinsèque. »
5. Rester sérieux
« En 2002, on était à une découverte avec de l’euphorie. Vous savez, quand on découvre quelque chose, on ne prend pas conscience. Maintenant avec les matches rapprochés, l’effort fournis par les joueurs pour gagner les matches, si ces derniers n’ont pas beaucoup de temps de récupération, cela aura un impact sur le match suivant. Mais ne croyez pas qu’une équipe qui part jusqu’en quart de finale ne récupère pas. C’est parce qu’il y avait du sérieux à l’intérieur (dans le groupe de 2002). Sinon le Mondial ne serait pas sérieux. »
6. Fixer un objectif réaliste
« Il ne faut pas mettre trop de pression dans la tête des joueurs. D’abord, qu’ils égalent ce que les meilleures nations africaines ont fait. Après, on parlera d’ambitions. Mais de suite, se lever pour dire qu’on va atteindre une demi-finale d’une Coupe du monde, attention, c’est trop demander, à mon avis. Il faut que cette équipe de 2017 garde cette inconscience et cette insouciance de celle de 2002. Je demande à cette équipe d’aller égaler les équipes qui ont atteint les ¼ de finale (le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010, Ndlr) d’abord avant de penser à autre chose. »