Senegaal Rek, nouvel album de Youssou / le roi du Mbalakh tutoie la perfection…

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Par sa texture, par sa composition comme par ses thématiques, le nouvel album de You est une création pharaonique, parce débordant de générosité, d’envies en tous genres, d’altruisme aussi. C’est comme si l’homme, après plus de 30 ans de carrière , survolait la pyramide de ses albums, qui l’ont porté au pinacle d’une gloire méritée, pour exécuter des partitions symphoniques destinées à faire comprendre au Public, à tous les publics du monde, qu’il est arrivé au somme de son art, mais qu’il compte bousculer les frontières, repousser les limites objectives de son génie créateur, parce porteur encore de perfections qui demandent à s’exprimer…

Composé de 5 titres, ce nouvel album porte comme thème fédérateur le culte de la reconnaissance, que l’artiste prend lui-même la responsivité d’assumer au nom de tous. Reconnaissance vis-à-vis d’un trésor unique et non partageable : le SENEGAAL.

Ce pays à qui le chanteur dit tout devoir, auquel il a l’obligation de tout destiner, où prennent racine et germent les mystères qui rythment son sang, ses envies, ses motivations. Dans le titre qui porte justement le titre SENEGAAL REK, “l’enfant prodige de la Médina” enchaîne les couplets flatteurs, dithyrambiques à la limite, pour célébrer ce complexe d’obsession qui fait que l’extension du mythe Sénégal habite ses moindres actions, ses moindres initiatives. You le fait avec maestria, faisant adroitement surfer sa voix veloutée entre de superbes enchaînements de sections rythmiques.

Dans le morceau ” Serin Fallou”, c’est l’Artiste qui se joint au Talibé mouride (dakarposte tient qu’il est talibé de feu Serigne Mourtada Mbacké) pour nous faire redécouvrir la puissance évocatrice de l’un des patrimoines confrériques les plus chargés de l’histoire de « l’Islam sénégalais » (nous reprenons là une curieuse boutade du penseur Tarek Ramadan).

“You”, dans ce morceau exécuté comme une caresse imprimée sur un duvet, ne dit pas seulement pourquoi il est un inconditionnel du 2e charismatique Khalife de la voie mouride ; il s’attarde aussi sur autant de détails anecdotiques qui ont fini par constituer l’admirable toile de fond du mythe que représente définitivement la personne de Serigne Fallou dans l’imaginaire collectif de Sénégalais.

Dans le morceau « Song Daan », You est en duo avec Akon. Les deux monuments chantent haut, fort et juste, rivalisant diplomatiquement d’habileté et de délicatesse dans le placement des inflexions de leurs voix entre des mouvements rythmiques parfaitement dominés. A vrai dire, dans ce morceau, les deux ténors accèdent aux cimes de la perfection, prouvant du coup, sans forcément le chercher, aux jeunes chanteurs trop pressés d’accéder à la gloire, qu’il faut beaucoup de travail et un brin de génie pour chanter ensemble d’une seule voix et avec une adresse dont personne ne trouvera à redire.

Cet album est aussi, pourquoi ne pas le dire, un chef d’œuvre de maîtrise en termes d’arrangements. C’est une cathédrale de notes chaloupées (on a dit de A la recherche du temps perdu de Proust que c’était une cathédrale de mots !) entre lesquelles il y a de beaux passages pour des alizés acoustiques.
Que dire de “Demb”? Tout simplement sublime. Seulement, ce morceau joué sur un tempo “blues” est trop court. C’est peut être le charme du titre dans lequel le descendant de Marie Sène Maawo rend un vibrant hommage aux personnages historiques auxquels le Sénégal et les Sénégalais peuvent s’identifier…
Chapeau bas, You !!!

 

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