Yaya Jammeh, l’ancien président gambien, de 1994 à 2016, est accusé d’avoir dérobé jusqu’à un milliard de dollars des caisses de l’Etat, selon les révélations d’un rapport publié hier mercredi, 27 mars, par le groupe d’enquête Crime and Corruption Reporting Project. C’est pire que les chiffres révélés par l’actuel président, Adama Barrow. A son accession au pouvoir début 2017, ce dernier avait annoncé que son prédécesseur avait retiré environ 90 millions de dollars des caisses de l’Etat.
Or, souligne le rapport, pendant deux (2) décennies, « l’ancien chef d’Etat Yahya Jammeh a pillé l’argent, les richesses du pays, y compris de la banque centrale, de l’aide sociale et de la société de télécommunication d’Etat. » Le tout, pour un montant estimé à 1 milliard de dollars, (plus de 500 milliards FCFA), selon les relevés bancaires, les contrats, la correspondance gouvernementale et les rapports internes consultés par la task force. Aussi, la corruption, orchestrée « comme un syndicat du crime organisé » impliquerait des fonctionnaires d’Etat et un groupe d’hommes d’affaires dirigé par un ancien financier du Hezbollah libanais, ajoute le rapport. Lequel dévoile les méthodes de choix de l’ancien président consistant à détourner les comptes de la banque centrale, à créer de nouveaux comptes sur lesquels lui-même ou ses partisans étaient les seuls signataires ou à utiliser des comptes « dormants ».
Gouverneur de la Banque centrale de Gambie de 2010 à 2017, Amadou Colley a témoigné devant une commission d’enquête que l’ancien dirigeant gambien et ses partisans exerçaient un « contrôle important sur l’institution » et retiraient souvent des fonds sans documents appropriés. Il a aussi révélé le retrait de quelque 70 millions de dollars sans documents explicites. En outre, le président Jammeh aurait par ailleurs détourné une bonne partie de l’aide accordée par Taïwan après que la Gambie a reconnu l’archipel en 1995.
Toutefois, « la véritable ampleur des vols de Jammeh à la Banque centrale pourrait ne jamais être entièrement connue », a déclaré le groupe d’enquête Project Crime and Corruption Reporting Project. Même si, pour l’heure, le pillage a impacté sur la Banque centrale du pays. Laquelle doit actuellement 130 % de son Produit intérieur brut (PIB) aux prêteurs, selon le Fonds monétaire international (FMI). Dans le même temps, la Gambie reste très pauvre avec une dette de 489 millions de dollars fin 2017, selon la Banque mondiale.
En exil en Guinée Equatoriale depuis sa chute du pouvoir, Yaya Jammeh y a investi dans l’agriculture.