Au moment où la rareté des ressources « empêche » l’Etat de satisfaire les revendications de ses agents dans l’éducation, la santé, la justice, etc., les directeurs généraux et directeurs sont aux anges. Avec des salaires et primes qui frisent l’indécence et l’irrationnel, comme souligné par l’Inspection générale d’Etat, les traitements accordés à ces privilégiés de la République coûtent au contribuable les yeux de la tête. Au Sénégal où cela se passe, le pays est catalogué « en développement ». La tentative de réforme entamée par le chef de l’Etat à ce niveau dès son arrivée au pouvoir est passée à la trappe. Comme dans d’autres secteurs.
Au Sénégal, les directeurs généraux et les directeurs des structures publiques ne sentent pas la crise. La « sobriété » de la gouvernance tant chantée sous nos cieux n’est pas appliquée à leurs rémunérations. Jusqu’en 2012 et en application du décret n°88-1726 du 22 décembre 1988, les directeurs généraux des entités publiques et directeurs de ces mêmes entités n’étaient pas hyper payés comme ils le sont de nos jours. Dans ce décret qui fixait leur rémunération, ils étaient traités de façon à ne pas grever les maigres ressources du pays. C’est avec l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir que le fameux décret 2012-1314 a été pris en faveur des directeurs généraux et directeurs qui se retrouvent avec des salaires et des primes annuelles dont les montants frisent l’indécence.
Preuve qu’ils sont des supers privilégiés, les directeurs généraux et Cie en question, ont un salaire mensuel net fixe plafonné selon les catégories. Pour la catégorie 1, il est de 5 millions de francs Cfa. Dans ce lot, se trouvent les patrons de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) ; de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) ; de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (Ansd) ; de l’Agence de gestion des routes (Ageroute). On y trouve aussi les directeurs de l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), de l’Aviation civile et de la météorologie (Anacim), celui de la gestion du Patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe). Précision importante : cette somme de 5 millions ne couvre que le salaire de base, l’indemnité de fonction et l’indemnité de logement.
Une autre indemnité dite différentielle est également accordée aux directeurs généraux ou aux directeurs, sur la base de leur ancienneté et des performances des agences qu’ils dirigent. En même temps, ils ont droit à une prime annuelle de rendement qui est plafonnée à 35% du salaire de base annuel. Autrement dit, pour les directeurs généraux et directeurs qui sont cités supra, ils captent chacun, chaque année, 21 millions de francs Cfa pour cette prime.
La catégorie 2 regroupe les directeurs des structures suivantes qui, tous, émargent à 4 millions de francs Cfa mensuels. Ce sont : l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée (Anrs), l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime et de la protection de l’environnement marin (Hassmar), l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat), l’Agence sénégalaise pour la propriété intellectuelle et l’innovation technologique (Aspiit), l’Agence de développement et d’encadrement des PME (Adepme), l’Agence de la construction des bâtiments et des édifices publics (Acbep), et l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam).
En sus du salaire mensuel de 4 millions et d’autres avantages, ils perçoivent une prime annuelle fixée à 16,8 millions de francs Cfa.
La catégorie 3 comprend, en particulier, les patrons de la Haute autorité de l’aéroport LSS (Haalss) et de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex). Ils ont 3 millions de francs Cfa par mois, un montant auquel il faut rajouter une prime annuelle de 12,6 millions de francs Cfa.
Les «moins coûteux» des Dg et directeurs sont de la catégorie 4 avec un salaire de 2 millions de francs Cfa. Ils sont à la tête des offices suivants : Agence pour la réinsertion sociale des militaires (Arsm), Agence de développement local (Adl), Agence de régulation des marchés (Arm), Agence d’aménagement et de Promotion des sites industriels (Aprosi), et la liste n’est pas exhaustive.
Aux côtés des directeurs généraux et simples directeurs, il y a également les rémunérations faramineuses dont bénéficient les présidents de conseil de surveillance et assimilés dont certains dépassent les 6 ou 7 millions de francs Cfa par mois, d’autres devant se contenter de jetons un peu moins juteux mais non négligeables.
Dans un contexte où une bonne proportion des Sénégalais végète dans la précarité économique, financière et sociale, ces DG ou directeurs déjà privilégiés peuvent également compter sur des tas de facilités : un véhicule de fonction d’une puissance inférieure ou égale à 14 chevaux de type 4X4, voyages et missions à la pelle avec les perdiem y afférant, logement, carburant, téléphone, etc.
A son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall avait entamé une rationalisation des salaires des directeurs d’agences, de sociétés nationales, etc. Il semble que, sur ce plan, également, il ait renoncé à agir…