Face à une situation donnée, l’être humain a tendance à se poser cette fameuse question à savoir : que dois je faire ?
L’éminent philosophe allemand Emmanuel KANT, père fondateur du criticisme, à travers ses deux principaux ouvrages dénommés “la Métaphysique des Mœurs et la Critique de la raison pratique”, nous facilite la réflexion, en cherchant, après une critique de la raison pure, à fonder une science a priori de la conduite à tenir et de la morale devant une telle situation.
C’est ainsi, qu’il a pu distinguer la différence entre agir conformément au devoir et agir par devoir. A titre d’exemple, il indique que “le commerçant qui sert loyalement ses clients agit conformément au devoir, mais ses motivations sont celles de l’intérêt, et non du devoir”. Selon lui, ce type d’action se range dans celui de la légalité, et non de la moralité. La moralité désignant alors, une action faite en voulant accomplir son devoir. Alors, nous pensons que c’est dans cet ordre d’idées de vouloir agir par devoir que, l’ex Président Abdoulaye Wade s’est toujours illustré comme véritable symbole du combattant afin de faire rêver le peuple sénégalais, à chaque fois qu’il le souhaite. Or, en politique, tous les actes posés ne sont pas, tout le temps aussi bien perçus par le peuple !
Qu’à cela ne tienne, expérimenté jusqu’aux os dans le domaine du chamboulement, il nous sert plusieurs facettes au cours de son parcours exceptionnel d’homme public.
Ainsi, nous nous permettons d’essayer de cerner avec vous, l’homme, à travers cette modeste analyse :
Après plusieurs années passées au pays de Marianne, Me Abdoulaye Wade décida, malgré une vie de famille qui se dessinait à l’horizon après l’obtention de son doctorat en droit et sciences économiques de l’université de Grenoble en 1959, suivie d’une brève pratique du métier d’avocat en France, de retourner au bercail pour s’inscrire au barreau de Dakar et enseigner à l’Université Cheikh Anta DIOP.
L’occasion faisant le larron, il tomba sur les fameux événements de décembre 1962 entre l’ex Président Léopold Sédar SENGHOR et son ancien Président du Conseil Mamadou DIA et prit parti pour ce dernier en se constituant avec l’ancien Président du Conseil Constitutionnel français Me Robert Badinter, pour assurer sa défense et celle de quatre autres ministres, considérés comme complices, Valdiodio N’diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall, poursuivis pour « tentative de coup d’État ».
Cet épisode terminé, il n’hésita point à militer en 1973, au Parti Socialiste du même SENGHOR, accusateur de ses propres clients, avant de créer un an après, son actuel parti, le Parti Démocratique Sénégalais ( PDS ).
De cette manière, après sa première intégration à l’Assemblée Nationale en 1978 suivant la stratégie politique à la Senghorienne, qui consistait à s’opposer à l’élite de son époque et de choisir librement “ses leaders de son opposition”, il se présenta aux élections présidentielles de 1978, 1983, 1988 et 1993, sans succès. Malgré tout, il n’omet nullement de saisir, à chaque fois que de besoin et dans l’esprit de toujours “vouloir accomplir son devoir”, les offres présentées à lui en entrant, d’avril 1991 à 1997, dans les différents gouvernements sous le magistère du Président Abdou DIOUF. Ce qui ne lui a également jamais empêché, de garder son discours virulent à l’endroit du régime d’alors. C’est dans ce sens que plusieurs pactes de non-agression ont été signés entre lui et le Président Abdou DIOUF avant d’être brisés, à chaque fois qu’il s’agissait de restaurer la confiance du peuple, à l’approche d’enjeux électoraux.
Juste après les élections législatives de Mai 1998, Me Abdoulaye WADE s’exila en France et fit installer le doute sur son probable retour au Sénégal. Mais, en bon stratège et ayant toujours compris que “la politique est une lime sourde et qui parvient lentement à sa fin”(Montesquieu), il réussit, à l’orée de l’élection présidentielle de 2000 la prouesse de regrouper tous les grands pôles de l’opposition de l’époque, autour de sa candidature. Scrutin, qu’il finit par remporter au second tour, avec une large coalition hétéroclite après 26 longues et rudes années de combats, souvent menés avec compromis. Un an après, difficulté de partage et de succession au pouvoir faisant, il commença “step by step” à se séparer de ses proches collaborateurs, tout en banalisant la transhumance pour renforcer son régime. Néanmoins, il sied de rappeler que, malgré tout, pour répondre à son tempérament combatif, connu de tous, il posait des actes aussi révolutionnaires les uns que les autres. En voici, quelques exemples assez illustratifs tirés de notre article publié le 4 avril passé et intitulé “Sénégal : de L’empire du Ghana à 2017 – L’histoire nous a-t-elle bien gâtés ?” :
L’ex Président Abdoulaye Wade privilégia désormais, les investisseurs des pays du Golf et de l’Amérique au détriment de ceux de l’Europe notamment la France. Il appella à la création d’États-Unis d’Afrique….Après l’exposition du projet de loi déclarant l’esclavage “crime contre l’humanité” en février 2010, Abdoulaye Wade annonça également la fermeture de la base militaire française à Dakar avant de rompre nos relations diplomatiques avec l’Iran.
Hélas, il a fini par se faire perdre dans son engagement sans retenue, pour une dévolution monarchique du pouvoir, stoppé net par la fronde populaire du 23 juin 2011. Encaissant, ainsi, difficilement le coup, il emprunta la voie du “Wax Waxeet”, en briguant un troisième mandat. Défait, à la suite de ces péripéties le 25 mars 2012, il accorda une trêve de plus de deux ans au régime du Président Macky SALL. La CREI ressuscitée et sentant le roussi du côté de ses protégés, notamment de son propre fils, il orchestra une mémorable marche nocturne le 25 avril 2014.
Depuis lors, il s’est battu en retraite à Versailles, où il concocte, fait et défait les orientations stratégiques de son parti et récemment de la principale nouvelle coalition de l’opposition.
Constat fait, nous nous rendons aisément compte que Sir Abdoulaye WADE, qui ne s’est jamais fixé de limite et jadis habitué au contrôle de ses différentes alliances stratégiques et opportunes du moment, n’arrive, malheureusement pas encore à concevoir qu’entre temps beaucoup de choses ont changé et de légitimes ambitions ont été davantage confirmées par ses “fils adoptifs”.
Aussi, dans un esprit de combattant et de contrôleur, il décide maintenant, de financer cette frange de l’opposition lors des prochaines joutes électorales. Comme si, cette dernière ne serait pas à la hauteur !
Au regard de tous ces éléments, de son rang, de son âge avancé (91 ans bientôt Incha Allah) et surtout par devoir de conscience pour cette dite opposition, n’est-il pas temps de l’aider à se libérer de ses dépendances politiques plutôt que de l’exposer en bouc émissaire ? A moins qu’il soit sur les traces d’”El Comandante” Fidèl CASTRO qui disait que “Jamais, je ne me retirerai de la politique, de la Révolution. Le pouvoir est un esclavage et je suis son esclave.”
Nonobstant cette considération, reconnaissons quand même, qu’il est et demeurera un éternel combattant politique voir opposant.
Chapeau Maître ! Nous vous devons bien notre RESPECT.
“De tous les actes, le plus complet est celui de construire” dixit Paul Valéry et nous, nous y ajoutons “Et non de détruire”. Alors, Ensemble, Construisons le Sénégal !
Qu’Allah ( SWT ) veille sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Par Elhadji Daniel SO,
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal