L’information a été livrée par nos confrères de La Lettre Du Continent. A les en croire, pour devenir opérateur de Rufisque Offshore profond (AEI n°791), Total a doublé pas moins de six concurrents, tous candidats à la reprise de ce permis ultra-prospectif. Mieux, nos confères qui citent Africa Energy Intelligence à Dakar, de nous dire que les américains Kosmos, Anadarko et ExxonMobil, ainsi que le britannique Shell, l’australien Woodside et le chinois Citic, étaient également candidats pour entrer sur ce permis.
Avant de révéler que Total l’a emporté grâce à un lobbying politique intense auprès de la présidence sénégalaise (AEI n°792), mais cet activisme a laissé des traces.
Nous parlions sur Dakaractu de la corrélation entre les accords de Total et la décision de Macky Sall de démettre de ses fonctions le ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall. Nos confrères de La Lettre Du Continent de confirmer que ce limogeage est directement lié aux négociations sur Rufisque Offshore profond. Plusieurs des concurrents de Total avaient en effet fait une offre financièrement plus avantageuse que celle de la major française et le ministre de l’énergie, en poste depuis juillet 2014, plaidait pour que la meilleure proposition soit retenue. Le président sénégalais Macky Sall, activement courtisé par Total, a finalement tranché en faveur du pétrolier français, pour des raisons à la fois opérationnelles et politiques : l’attribution du permis a eu lieu à la veille du second tour de l’élection présidentielle française, qui a consacré Emmanuel Macron. En envoyant un signal fort au nouveau président, le Sénégal voulait établir une relation durable avec la nouvelle administration française (la Mauritanie voisine a fait le même calcul en attribuant un permis à Total le 11 mai, trois jours après l’élection, comme l’a révélé Africa Energy Intelligence, AEI nº792).
Mieux, La Lettre Du Continent révèle que pour Total, décrocher Rufisque était vital : sous l’impulsion d’Arnaud Breuillac, le DG exploration-production (E&P) du groupe, Total a d’abord essayé de rentrer sur les permis sénégalais et mauritaniens qui forment le méga champ gazier de Tortue (AEI n°790). Une offre a été remise à Kosmos, opérateur des permis, qui a finalement préféré traiter avec BP.
A la suite de cet échec, le P-DG Patrick Pouyanné s’est personnellement mobilisé pour imposer la major française au Sénégal, rencontrant à plusieurs reprises la présidence du pays. Pouyanné était à Dakar le 2 mai pour signer le contrat sur Rufisque. Le groupe a proposé pas moins de 100 millions $ pour 90% du permis. Total s’est également engagé à réaliser, à ses frais, une étude sismique sur les zones très profondes de l’offshore sénégalais, à ce jour très peu explorées, en association avec la société nationale Petrosen.
Actuellement, les seules données dont dispose le Sénégal sur l’offshore profond proviennent d’une étude sismique 2D couvrant 1 800 km2 commanditée en 2007 par Petrosen. En échange d’une étude sur un périmètre plus large et de données plus détaillées, Total a obtenu des autorités sénégalaises le droit d’obtenir un second bloc dans l’offshore profond.