Le candidat d’En Marche! vire en tête, la présidente du Front national devance le candidat LR et Jean-Luc Mélenchon décroché.
PRÉSIDENTIELLE 2017 – Fin du suspense. Au terme d’une campagne présidentielle haletante opposant pour la première fois quatre candidats susceptibles de se qualifier pour le second tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont devancé leurs challengers Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. Un coup de tonnerre historique puisque, pour la première fois sous la Ve République, ni la droite républicaine héritière du gaullisme ni le Parti socialiste ne figurent au second tour.
Selon les premières estimations de l’institut Ipsos pour France Télévisions et Ifop pour Cnews/Paris-Match et Sud Radio, à prendre avec précaution compte tenu des délais restreints, le candidat d’En Marche! se classe nettement en tête du scrutin de ce dimanche 23 avril aux alentours de 23,8% des voix. Un exploit pour l’ancien ministre de l’Economie qui se présente pour la toute première fois devant le suffrage universel et sans l’appui d’un des quatre principaux partis représentés au Parlement. Sauf surprise, celui-ci devrait bénéficier au second tour d’une vague de soutien émanant de la gauche et du centre-droit.
Sur fond de participation stable par rapport à 2012, Marine Le Pen améliore son score de près de 4 points (22%) et parvient, 15 ans après son père Jean-Marie, à se hisser au second tour. Si elle devrait pulvériser le record du FN en nombre de voix recueillies dans un scrutin présidentiel, ce résultat n’est qu’un demi-triomphe pour la candidate d’extrême droite, longtemps donnée en tête du premier tour par les enquêtes d’opinion. Une estimation, celle de Kantar Sofres pour TF1, donnent toutefois le candidat En Marche! et la présidente du FN à égalité à 23%.
Fillon et la droite en crise, Mélenchon déçu mais…
Mais sa déception n’est rien au regard de celle de François Fillon. Le vainqueur de la primaire LR, sèchement éliminé au premier tour avec un score aux alentours de 19-20% des voix, était il y a encore cinq mois le grand favori de ce scrutin. Jusqu’à ce que n’éclate le scandale des emplois présumés fictifs de son épouse et de ses enfants qui l’a précipité en-dessous de la barre des 20%. Selon les instituts, il n’est pas certain que François Fillon finirait devant Jean-Luc Mélenchon.
Sa défaite, associée à la victoire du jeune ancien banquier d’affaires pourrait précipiter une grave crise au sein du parti Les Républicains, où beaucoup n’ont pas digéré le maintien de l’ancien premier ministre malgré ses déboires judiciaires. Ce contexte ne devrait pas s’apaiser avec l’épineuse question d’un appel à voter Macron au second tour. Si la droite républicaine a toujours laissé entendre qu’elle appellerait à faire barrage au Front national, la décision demeure délicate dans un parti profondément divisé sur la question européenne.
Pour Jean-Luc Mélenchon, le résultat de ce dimanche (autour de 18-19% des voix) est lui aussi cruel. Auteur d’une campagne dynamique et innovante, le chef de file de La France Insoumise améliore de 7 points son score de 2012 mais échoue à se qualifier comme il pouvait l’espérer au second tour. Ce score plus qu’honorable, associé à l’effondrement d’un Parti socialiste écartelé entre Macron et lui, peut toutefois lui permettre de poser les jalons du vaste mouvement citoyen qu’il a d’ores et déjà constitué. Le suspense quant à ses consignes de vote ne devrait toutefois pas être levé dès ce dimanche soir. Une consultation des sympathisants de la France insoumise pourrait être lancée pour déterminer quel sera leur vote le 7 mai prochain.
Le Parti socialiste de Hamon au fond du trou
Pour Benoît Hamon, la surprise tant espérée n’a pas eu lieu. Victime des divisions de son parti et du vote utile, pour une fois favorable à Jean-Luc Mélenchon, le député des Yvelines réalise le plus mauvais score (aux alentours de 6,5%) jamais obtenu par un candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Bousculé y compris dans les bastions ultramarins du PS où François Hollande avait dépassé les 50% au premier tour, Benoît Hamon se voit désormais contraint de reconnaître sa défaite tout en préparant la suite.
Car nul doute que son grand rival Manuel Valls cherchera à profiter de cette déculottée pour se positionner dans l’hypothétique majorité que cherchera à constituer Emmanuel Macron s’il l’emporte.
Toutes estimations confondues, Emmanuel Macron obtiendrait entre 23% et 24%, Marine Le Pen entre 21,6% et 23%, devant Jean-Luc Mélenchon entre 19,5% et 20%, François Fillon entre 19% et 20,3%, Benoît Hamon entre 6,1% et 7%, Nicolas Dupont-Aignan entre 4,6% et 5%. Aucun autre candidat n’atteint la barre des 5%.
Auteur: Geoffroy Clavel – Huffingtonpost.fr