Depuis son installation, la douzième législature fait face à une forte tension entre majorité et opposition. En lieu et place d’un débat structurant sur les orientations du Gouvernement, ce sont plutôt des crises de fonctionnement qui s’alternent au rythme des années parlementaires. La démission annoncée de Me Ousmane Ngom comme le choix de son remplaçant, voire le sort de Modou Diagne Fada à la tête du Groupe parlementaire de l’opposition, après qu’il a affirmé avoir pris acte de son exclusion du Pds, lors d’un point de presse, semblent également partis pour créer une autre ère de tension au sein de l’hémicycle. Si les motivations politiciennes et/ou de musèlement de l’opposition prennent encore le pas sur l’harmonisation des procédures de bon fonctionnement de l’Assemblée nationale.
La douzième législature est-elle maudite ? En tout cas, certains ne sont loin de le croire. En effet, après les fortes tensions qui ont opposé majorité et opposition durant l’exercice 2015, suite à la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et l’installation du nouveau bureau de l’Assemblée, la deuxième institution politique du Sénégal est aujourd’hui face à une nouvelle brouille entre majorité et opposition. Et ce qui est sûr, c’est que cette tension qui ne sera certainement pas liée au débat profond sur les orientations du Gouvernement mais sur le traitement des cas des députés : Ousmane Ngom et Modou Diagne Fada, tous deux élus sur la liste du Parti démocratique sénégalais, lors des dernières législatives.
En prenant la décision de quitter son poste de député, l’ancien ministre de l’Intérieur sous le régime libéral, Me Ousmane Ngom, a allumé un double feu derrière lui. En effet, en boudant son fauteuil, Me Ousmane Ngom a plongé l’Assemblée nationale dans une situation irrégulière. Depuis sa démission, la deuxième institution du pays dont le règlement intérieur institue la parité intégrale fonctionne avec 149 députés dont 75 femmes et 74 hommes. Cette situation qui donne une majorité mécanique aux femmes sur les hommes est tout à fait contraire à la règlementation de l’hémicycle. L’autre difficulté liée au départ de l’hémicycle d’Ousmane Ngom est lié par contre au choix de son remplaçant.
En effet, même si la loi sur la parité a été très claire sur le sujet lorsqu’elle déclare que «quand un député démissionne de son poste, il est remplacé par son suivant de même sexe», il n’est pas cependant à écarter que la majorité comme elle l’avait fait pour le poste du président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates ne manœuvre pour museler d’avantage le Pds, premier parti de l’opposition. Cela, surtout si on sait qu’après le refus du leader du Parti social-démocrate (Psd/Jant-bi), Mamour Cissé, allié d’alors du président Wade et suivant de Me Ngom sur la liste Pds aux législatives, de lui succéder du fait de sa non-appartenance au Parti démocratique sénégalais.
Car, après Mamour Cissé, les personnalités sur la liste ne sont personne d’autre que le dernier ministre des collectivités locales de Wade, Aliou Sow qui a annoncé sans le formaliser son départ du Pds et son ex-collègue au gouvernement Mamadou Lamine Keita, membre du groupe des réformateurs. Le Pds qui a d’ailleurs annoncé la tenue prochaine d’un comité directeur pour désigner le successeur de Me Ngom acceptera-t-il qu’Aliou Sow qui chemine déjà avec son Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd/Liggeey) ou encore le maire de Bignona le représente à l’Assemblée nationale?
En plus de ce problème de succession de Me Ousmane Ngom, il y a également la question du député Modou Diagne Fada. En effet, à l’origine de la montée de la tension entre l’Alliance pour la République et le Pds, cette année, après son refus de quitter la présidence du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates et la décision du bureau de l’Assemblée de le maintenir à ce poste. Modou Diagne Fada a finalement décidé de reconnaitre son exclusion prononcé du Pds, suite à son bras de fer avec le Pape du sopi. L’Assemblée nationale est donc très attendue sur cette affaire surtout après que le député Fada a annoncé la création de son parti politique dont le nom sera révélée le 7 mai prochain.
Sud Quotidien