Les scènes de violence notées depuis quelques jours dans les rangs de l’Apr à Diourbel, à Tambacounda, Mbour et Linguère sont tributaires d’une absence de leadership, d’un manque d’autorité surtout de discipline au sein de l’Apr. Selon Moussa Diaw, « cette violence politique se multiplie en fonction des enjeux et des positionnements individuels par rapport à l’élaboration des listes pour les élections législatives ».
Pour l’enseignant en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, la première cause de cette violence politique reste l’indiscipline militante au sein du l’Apr. « On a également remarqué un problème de leadership, surtout au niveau local, et cela est lié au manque de structuration. Le parti a été créé, a commencé à mener des combats et est au pouvoir sans structuration. Son président est devenu chef de l’Etat. Il n’a pas eu le temps d’organiser son parti et n’a pas non plus nommé un adjoint chargé de structurer le parti, de discipliner les militants et d’organiser le fonctionnement du parti », analyse l’enseignant.
Pour Ibou Sané, au delà de cette absence de structuration, ce qui explique cette recrudescence de la violence à la veille des législatives, c’est l’oisiveté des hommes politiques. « Il faut regretter qu’on n’ait pas compris au Sénégal et en Afrique en général les enjeux d’une élection. Au Sénégal, dès qu’on dit élection, on réveille les vieux démons et les velléités offensives. Cela est lié est au fait que la plupart des hommes politiques n’ont ni emploi ni fonction. Et ils pensent que la politique se résume uniquement à se battre pour des problèmes de positionnement et de postes », estime-t-il. L’autre problème qui se pose pour le professeur en Sociologie politique, est qu’au Sénégal, « on ne laisse jamais la base s’exprimer librement et ce sont souvent eux qui désignent à la place des militants ». « En Europe, on aurait organisé très tôt des primaires pour départager les candidats. Or, la culture des primaires n’est pas encore ancrée au Sénégal. Ici, tout est centralisé. Tout revient au chef », dit-il.