Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (Cnra) a déposé son rapport 2018 – 2019. Dans son document, il s’est penché sur le comportement des médias durant la période. le Cnra a aussi annoncé du changement.
Presse surveillée, courtisée et suspectée
Babacar Diagne, le président du Cnra et ses services ont déclaré que les médias, tous supports confondus, constituent un secteur particulièrement suivi par les populations. Mais surtout, par les politiques et la société civile organisée. Cependant, « en considération du rôle de l’information et de la communication politiques dans le choix des électeurs, la presse est aussi surveillée, courtisée que suspectée par les acteurs. »
Face aux grandes préoccupations sociétales, « la mobilisation médiatique au Sénégal est toujours forte, l’appropriation des questions et problématiques est immédiate », souligne le Cnra. De plus, l’expertise invitée sur les plateaux est « adaptativ ». « Elle comprend tout, maîtrise tous les sujets, quelles que soient les difficultés cognitives ou la sensibilité sociétale qui les caractérisent », salue le Cnra qui constate un certain glissement collectif dans la matière de choisir et de traiter l’information ou la manière médiatique.
Les dérives des médias
Mais, tout n’a pas été rose dans le travail des médias durant la période. Selon le Cnra, « à l’aune de la bataille pour accéder aux parts de marché publicitaire, beaucoup d’acteurs audiovisuels ne se soucient pas de l’impact social que peut avoir l’évocation de scènes ou de situations socialement destructurantes pour la petite enfance».
Babacar Diagne renseigne que sa structure est intervenu sur une trentaine de dossiers de ce type. «Il en fut ainsi lorsque les autorités religieuses de Touba élevèrent la voix contre la diffusion d’une vidéo pour le moins peu respectueuse des codes éthiques. On était à la veille du Magal 2019. Leur saisine du Régulateur des Médias a été traitée à la satisfaction générale de la Communauté agressée dans ses valeurs», indique-t-il.
Affaire «Maitresse d’un homme marié»
Sans nommer «Maitresse d’un homme marié», le Cnra a rappelé que la série «a revu ses offres d’images après l’interpellation du Cnra par l’Ong Jamra, dont les remarques rencontraient déjà celles de beaucoup d’autres de nos compatriotes.» Aussi, des réalisateurs et diffuseurs ont été amenés à revoir leurs offres de divertissements, tout comme des éditeurs rappelés à l’ordre ont préféré aller à l’orthodoxie plutôt que de devoir faire inutilement les frais d’une sanction, dit-il.
Pour l’avenir, le Cnra a annoncé du changement. Il informe que le Code de la Presse prévoit l’élaboration de nouveaux cahiers des Charges applicables aux Acteurs de la Chaîne de Valeur de la Communication Audiovisuelle». L’objectif est d’assainir l’environnement avec l’appui des acteurs et un regard plus strict sur des contenus décriés par les professionnels comme par de très larges secteurs de la société sénégalaise.
Ce qui va changer à l’avenir
Aussi, le Cnra annonce que son rôle va évoluer. Désormais, pour l’ arrivée d’un nouvel éditeur sur le réseau national, le régulateur sera sollicité en amont. «Il instruit les soumissions et sélectionne les candidats dont les offres sont jugées les meilleures, par rapport à l’ensemble des prescriptions des Cahiers des Charges », indique-t-il. Son avis conforme sera incontournable avant toute attribution de licence par le ministère.
Il indique aussi que les acteurs de la chaine de valeur de la Communication audiovisuels déjà existants devront, pour continuer d’exploiter la licence délivrée par le Ministre chargé de la Communication, signer une nouvelle convention avec l’organe de Régulation. De plus, « aucun titulaire de licence d’établissement et, ou d’exploitation de service de communication audiovisuelle ne peut émettre ou diffuser avant la signature d’une convention avec l’organe de Régulation », ajoute le Cnra.
IGFM