Rapport 2015 de la direction de la protection civile : Dakar, capitale de l’insécurité

Port-Industriel-de-Dakar

La sécurité est-elle de mise dans nos structures ? La question a tout son sens, au regard des insuffisances décelées dans des entreprises et autres habitations par le dernier rapport d’activité opérationnelle (2015) de la direction de la Protection civile. L’Obs qui a parcouru le document de 88 pages, livre le premier jet de la kyrielle d’anomalies et autres recommandations dressées par ladite direction sur certaines structures. Demain, le second jet, aussi révélateur que le premier.

CICAD DE DIAMNIADIO – «Une loge des officiels exposée aux dangers»

Inauguré lors du XV Sommet de la Francophonie, tenu en 2014 à Diamniadio, le Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio est un fleuron, un chef-d’œuvre architectural qui symbolise le nouveau visage d’un Sénégal émergent, voulu par le gouvernement Sall. Pour un tel bijou, le coût ne peut qu’être onéreux. Plusieurs dizaines de milliards ont été déboursés pour le rendre opérationnel. Son coût exact a été sujet à polémique. Une nébuleuse entretenue par les sorties de plusieurs acteurs avisés, chacun y allant avec ses chiffres. Le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, a, dans le Rapport des travaux de commission de l’Assemblée nationale, revu l’enveloppe à la hausse, estimant que le Cicad a coûté la bagatelle de 59,6 milliards de FCfa. Il précisait que «des travaux complémentaires, comprenant des routes, des échangeurs, un héliport, la connectivité à l’eau potable, l’électricité, ainsi que des ouvrages d’assainissement y ont été réalisés». Pour sa part, Jaques Habib Sy, Délégué général à la Francophonie, a avancé la somme de 40 milliards de FCfa.

Quoi qu’il en soit, avec tout le pactole injecté dans ce projet, le Cicad (14 700 m2 de surface fermée, une salle principale d’une capacité de 1 500 personnes, 6 salles Vip, chacune de 100 m2, 8 boîtes de traduction simultanée, 1 centre d’exposition, dernière technologie audio-vidéo-media, un restaurant Vip de 210 places, un restaurant public de 260 places, un centre média de 120 places et un parking de 200 places) devrait être doté de toutes les commodités et systèmes de sécurité opérationnels de pointe. Seulement, les conclusions du rapport des activités opérationnelles de l’année 2015 de la Direction de la protection civile, démontrent plusieurs manquements relevés dans l’édifice.

Anomalies – Au cours de visites de sécurité organisées au Cicad, les services de la Protection civile ont relevé ceci : «Insuffisances et mal répartition des extincteurs et «Ria». Des indications déterminant le mode d’utilisation des appareils portatifs uniquement en anglais. Une distance trop longue à parcourir à partir d’une chaise de la loge des officiels pour atteindre un dégagement, en cas d’évacuation. Absence de personnel qualifié pour l’utilisation des moyens de secours. Par conséquent, les services de la Protection civile ont, dans ledit rapport, apporté des recommandations.»

Recommandations – Selon les termes de ce rapport d’activité, il urge «d’ouvrir deux issues de secours au niveau des deux extrémités de la loge des officiels, pour faciliter l’évacuation et éviter la panique en cas d’urgence ; de recruter une personne qualifiée, responsable de la sécurité incendie ; d’assurer un service de sécurité incendie 24/24 ; mettre en place deux «Ria» et deux extincteurs pour une bonne ceinture de sécurité de la salle ; faire vérifier par un organisme agréé et mettre en service l’ensemble des extincteurs existants ; traduire les pictogrammes sur les extincteurs en français pour faciliter leur utilisation, en cas de besoin.»

En sus du Centre international de conférence Abdou Diouf, les services de la Protection civile se sont intéressés à d’autres structures d’envergure. C’est le cas du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices).

CICES – «Des installations électriques non conformes aux normes»

Au terme de leur visite au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), les services de la Protection civile ont, dans leur rapport d’activité susmentionné, dressé une kyrielle de recommandations.

Recommandations – Selon le rapport, il urge «de mettre en place des extincteurs à eau pulvérisée de 09 litres, distants de 15 mètres les uns des autres et les numériser en série unique ; rendre fonctionnels les «Ria» au niveau de la salle de conférence, du Cidak, de l’administration, des pavillons et des restaurants ; rendre fonctionnelles les trappes de désenfumage, d’interdire l’installation de chaises supplémentaires dans les circulations et dégagements de la grande salle pendant les moments de grandes affluences ; rendre les installations électriques conformes aux normes en vigueur ; ranger et fixer le câble de l’entrée, côté ouest de la salle de l’Union africaine ; mettre en place un coffre électro-secours dans le poste transformateur ; rendre fonctionnel le système d’alarme (points d’appels sirènes) ; présenter la licence de débit de boisson des restaurateurs et traiteurs à la commission avec le démarrage de l’activité ; faire vérifier le bon état de fonctionnement des bouches d’incendies ; soumettre pour avis, à la «Dpc» et à la «Bnsp», le plan définitif d’occupation du Cices ; généraliser la mise en place des consignes de sécurité ; rendre fonctionnel le tableau synoptique dans le bloc administratif ; interdire formellement de fumer dans les pavillons ; mettre en place un système de collecte des ordures ; prévoir des extincteurs P50 au niveau des parkings ; améliorer l’accessibilité de l’établissement aux personnes à mobilité réduite ; protéger l’aire de dépôt de gaz butane par un mur présentant une résistance mécanique ; afficher les consignes de sécurité nécessaires portant sur le bon usage de l’installation de gaz au niveau de la cuisine du restaurant.

INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL (ICS) – «Des appareils respiratoires filtrant en dotation périmés et dépassés…»

Toujours dans son rapport d’activités opérationnelles de 2015, la Direction de la protection civile qui a visité les installations des Industries chimiques du Sénégal (Ics), a relevé plusieurs manquements.

Anomalies – Dans le lot des manquements relevés, figurent : une absence d’appareils respiratoires filtrants en dotation périmés et dépassés ; un personnel non entraîné au port de l’«Epi» ; un personnel non entraîné au port des nouveaux Ari ; une absence de vérification des installations électriques par un organisme agréé ; une absence de bac de sable et de pelle de protection au niveau du stockage de gasoil ; un défaut de vérification des moyens de secours. En conséquence de ces anomalies, les services de la Protection civile ont dressé une liste de recommandations.

Recommandations – Il urge de «mettre à jour le Pol et prendre en compte le risque toxique du soufre ainsi que le risque pour les tiers ; de renouveler les appareils périmés ; de former le personnel au port des appareils respiratoires acquis ; de procéder à la vérification de l’ensemble des installations électriques et faire dresser par un organisme agréé un procès-verbal de conformité ; de mettre en place un bac de sable et une pelle de projection à côté du groupe électrogène ; de mettre sous cuvette de rétention les deux cuves de gasoil ; de faire procéder à la vérification par un organisme agréé de l’ensemble des extincteurs du site ; de recharger et remettre à leur emplacement initial les extincteurs ; de réhabiliter le local pompe ; de remettre le tableau électrique situé dans le local pompe dans un boîtier pour le protéger des fuites d’eau ; de réhabiliter la canalisation endommagée à certains endroits pour empêcher les résidus de souffre de charger l’eau ; de prévoir l’accessibilité du site aux véhicules de secours ; d’identifier les citernes de gasoil et de fuel en apposant des pictogrammes et des signes conventionnels.

SOCIETE DES BRASSERIES DE L’OUEST-AFRICAIN (SOBOA) – «Personnel non doté de masque de protection pour ammoniac…»

Autre structure ciblée par les services de la Protection civile, Société des brasseries de l’Ouest-africain (Soboa). Dans ses conclusions sanctionnant la visite d’inspection effectuée sur ce site, beaucoup de manquements ont été relevés.

Anomalies – Au lot des anomalies relevées par les services de la Protection civile, dans son rapport d’activité 2015, figurent : «Une insuffisance de formation du personnel ; une absence de signalisation des itinéraires d’évacuation et d’un point de rassemblement en cas d’alerte ; une absence de formation à l’évacuation ; une insuffisance des moyens de secours ; un personnel non doté d’épi et de masque de protection pour ammoniac ; une absence de consigne de sécurité dans les salles chaudière ; une insuffisance des moyens de secours au niveau de la salle de productions chimiques ; un accès à la salle ammoniac encombré ; une absence de détection incendie (détecteurs de fumée optique, ionique, thermique) et de détection toxique permettant au personnel d’anticiper sur des actions, en cas d’incident ou d’accident.

Recommandations – Autant de manquements qui ont amené les services de la Protection civile à formuler des recommandations pour améliorer la sécurité sur ce site. Au nombre de ces recommandations, figurent : «Une formation du personnel journalier à la conduite à ternir en cas de déclenchement de l’alerte ; la réalisation de balisage des dégagements et des points de rassemblement avec des pictogrammes ; organiser un exercice d’évacuation, en collaboration avec la “Bnsp”, au moins une fois par an ; renforcer les moyens de secours (extincteurs, Ria) ; rendre fonctionnels des Ria existants et les mettre sous pression ; doter le personnel intervenant d’épi en plus des masques de protection pour ammoniac ; mettre en évidence les consignes de sécurité et mettre un extincteur «E50» ou un «Ria» dans la salle chaudière ; mettre un extincteur «P50Kg Abc» à l’entrée de la salle de produits chimiques ; désencombrer l’accès des réserves d’ammoniac (Nh3) et mettre un Ria et un extincteur de 9Kg «Abc» ; installer deux Ria dans la salle du groupe froid de manière que chaque coin puisse être atteint par un jet ; installer un système de détection «Nh3» dans les lieux de stockage ; mettre en place des mesures de prévention actives couplées au réseau de détection «Nh3» et transmettre un rapport de bon fonctionnement (système de type rideau d’eau ou déluge) ; mettre à jour le Pol et effectuer un exercice au préalable avec les services de secours ; réaliser une réserve d’eau artificielle de 120 m3 ou modifier les réserves existantes pour permettre leur utilisation par les services de secours.

 RAPPORT D’ACTIVITES DE LA DIRECTION DE LA PROTECTION CIVILE

Les secouristes listent 1550 décès au Sénégal en 2015

Selon le rapport des activités opérationnelles de l’année 2015 de la direction de la Protection civile, il y a 1550 cas de décès, sur les 32224 victimes enregistrées, pour 32088 sorties effectuées à travers le territoire national. Ces victimes sont issues des accidents de circulation, d’effondrements, de baignade, de foudre, de découvertes de corps sans vie, de malades sur voie publique, de personnes en dangers, entre autres.

SECOURS A VICTIMES. «408 décès d’accidents de la circulation, 172 de baignade, 13 d’effondrements…»

Encore des morts et des blessés. Dans son rapport d’activités de l’année 2015 rendu public, la direction de la Protection civile décompte son lot de victimes. Le document dont nous avons eu connaissance, liste 22112 victimes sur l’ensemble du territoire national, concernant les secours à victimes effectués par la structure. Parmi ces victimes recensées après 14340 sorties, les services de la Protection civile ont assisté 21503 personnes dont 609 sont malheureusement décédées. Ces chiffres alarmants concernent les accidents de la circulation lors desquels, la direction de la Protection civile a noté, dans son rapport 2015, 408 cas de décès, pour 21642 victimes secourues en 13 968 sorties. Des effondrements ont aussi engendré des victimes en 2015. Pour un total de 80 sorties, les services de la Protection civile ont assisté 120 personnes, sur 133 victimes enregistrées. Malheureusement, note toujours le document, 13 cas de décès ont émaillé les opérations. Idem pour les accidents de baignade où, sur les 209 sorties effectuées, il y a 252 victimes, 80 assistés et 172 décès. Et pour les secours d’accident de foudre, le document rapporte qu’il y a eu 4 décès pour autant de sorties et autant de victimes. Ce qui veut dire les services de la Protection civile ont enregistré zéro assisté. Le rapport ajoute qu’il y a, pour les autres secours à victimes, 12 décès, 69 assistés, pour un total de 81 victimes, sur 107 sorties effectuées.

ASSISTANCE A PERSONNES. Toujours dans le rapport de ses activités opérationnelles en 2015, la direction de la Protection civile a effectué 8147 sorties pour assistance à personne. Et lors de ces opérations, ces secouristes ont décompté 9177 victimes dont 9171 assistés et 6 décès. L’assistance à personnes effectuée par la direction de la Protection civile, en 2015, a concerné les malades sur voie publique et les personnes en dangers. Pour les premières citées, sur 4744 sorties, il y a eu 5421 victimes dont 5 décès et 5416 assistés. Et concernant les personnes en danger, le document rapporte recense 3756 victimes, un décès, 3755 assistés, pour un total de 3403 sorties effectuées.

INCENDIES. «Zéro décès par incendie….»

Concernant les incendies, la direction de la Protection civile a réussi la prouesse en 2015 de zéro victime enregistrée. Ceci, malgré les 2391 sorties effectuées à travers le territoire national. En effet, sur 979 sorties pour incendies d’habitations, il y a eu zéro victime. Même constat pour les incendies d’industries (145 sorties), les feux de village (85 sorties), d’établissements recevant du public (96 sorties) et autres (1086 sorties). Lors des interventions de tous ces cas d’incendies, les services de la direction de la Protection civile ont enregistré zéro victime en 2015.

OPERATIONS DIVERSES. «935 corps sans vie découverts….»

Le volet des activités concernant les opérations diverses de la direction de la Protection civile a été aussi macabre. 935 corps sans vie ont été découverts par les services de la Protection civile. Et, d’après toujours le rapport d’activités de la structure pour l’édition 2015, ces victimes ont été recensées à la suite des 933 sorties effectuées à travers le territoire national. Tout le contraire des opérations concernant les services de sécurité, les événements religieux, les assainissements et ravitaillements en eau, les alertes motivées ou encore les fausses alertes. Ces diverses sorties ont été effectuées avec succès. Car, d’après toujours le rapport d’activités de la direction de la Protection civile, il y a eu zéro victime. Informe l’Aps.

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