Le royaume sunnite qui se définit comme le gardien de l’orthodoxie sunnite, régi par le wahhabisme – une version ultrapuritaine de l’islam –, compte deux millions de chiites sur une population de dix-huit millions de personnes. Mais ceux-ci sont majoritaires dans la province orientale, où le cheikh Al-Nimr avait mené le mouvement de contestation en parallèle des « printemps arabes », entre 2011 et 2012.
SÉDITION ET DÉSOBÉISSANCE AU SOUVERAIN
Le cheikh Al-Nimr s’était distingué par quelques prêches provocateurs, notamment celui où il s’était réjoui de la mort du prince héritier Nayef, en 2012. Un an plus tôt, il avait appelé l’est du pays à faire sécession, et à fusionner avec le royaume voisin de Bahreïn, ébranlé à l’époque par la révolte de la majorité chiite contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa.
Surtout apprécié de la jeunesse déshéritée de Qatif, la capitale des chiites sur la côte est, le religieux était considéré comme un dur par rapport à d’autres religieux, plus modérés, comme le cheikh Hassan Al-Safar. Il n’avait cependant jamais cautionné les actes de violence perpétrés à la fin du soulèvement, et de façon résiduelle depuis, par une poignée de radicaux, implantés principalement à Awamiyah, un quartier de Qatif. Une prudence insuffisante aux yeux des autorités puisqu’il avait finalement été arrêté en juillet 2012, son arrestation provoquant des affrontements entre chiites et police dans l’est du pays.
Al-Nimr a ensuite été condamné à mort en octobre 2014 pour sédition, désobéissance au souverain et port d’armes par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme. Unanimement condamnée par les organisations internationales de défense des droits de l’homme, cette condamnation a finalement été mise à exécution le 2 janvier.
Son neveu, Ali Al-Nimr, dont l’arrestation en 2012 alors qu’il était mineur avait suscité de vives critiques des défenseurs des droits de l’homme dans le monde, est actuellement emprisonné et également condamné à mort. Il pourrait être décapité et crucifié.