“Que vaut le silence de Sonko?”

Ousmane Sonko a eu la même attitude à l’égard des enquêteurs de la Section de recherches et les députés de l’Assemblée nationale.

Il n’a pas voulu déférer ni la convocation des uns ni à la convocation des autres.

Pour la Section de recherches, il a mis sur la table son immunité parlementaire et pour l’Assemblée, aucun motif n’a été rendu public.

En tout état de cause, le leader de Pastef n’a voulu répondre qu’aux interpellations du peuple.

Car, ce dimanche 07 février, il s’est livré une longue plaidoirie, révélant sa version des faits dans ce qui est convenu d’appeler l’Affaire Sweet Beauty.

Il s’est bien entendu disculpé, a reconnu se rendre au salon de beauté, a évoqué une nécessité médicale pour les exercices de massage et a convoqué l’avis d’un religieux.

A-t-il convaincu? C’est à l’opinion d’en de le dire. Mais, le leader politique vient, ainsi, de répondre en même temps aux enquêteurs et à l’Assemblée.

Sa version, disponible pour tous, est aussi adressée à tous ceux qui souhaitent l’entendre. Il ne veut pas y changer une virgule.

En conséquence tout en refusant de déférer à ces convocations, il a rendu publique une déclaration qui atteste de sa version des faits.

Le leader de Pastef est ainsi dans la stratégie. Et les faits lui ont donné raison en tout cas pour ce qui est des enquêteurs de la Police judiciaire. Car, comme tout le monde a pu s’en rendre compte, les auditions de Adj Sarr, de la responsable du salon, Ndèye Khady Ndiaye, de la seconde masseuse Aïssata Bâ et même du mari de la patronne Coulibaly sans oublier l’ami Mbaye qui a aidé la plaignante, ont toutes atterri dans l’espace public. Qui en est l’auteur ? Personne ne le sait pour le moment.

S’agit-il de faux procès-verbaux ou de procès-verbaux tronqués ? Personne ne peut le dire actuellement.

Mais, si nous supposons qu’il s’agit des vrais Pv, nous disons que Sonko a eu bien raison de ne pas répondre. Car, comme pour le dossier Thione Seck, tout ce qu’il aurait pu dire, serait aujourd’hui connu de tout le monde.

Et on peut penser que ce serait encore plus grave pour ce qui concerne l’Assemblée nationale où ceux qui devraient l’entendre ne sont nullement des enquêteurs et celle qui devrait la défendre encore moins un avocat.

S’il avait répondu, ses allégations devant les députés pourraient être partagés par tous et certainement postés sur les réseaux sociaux et transmis à la presse.

En clair, les précautions prises par Sonko ont été utiles à la préservation, par lui, d’une forme d’intimité, d’éléments de preuves, de moyens de défense.

En somme, sans forcément en être conscient, Sonko a aussi aidé le juge d’instruction qui devra piloter l’enquête une fois l’immunité levée car les démissions agitées de députés de l’opposition comme Guirassy et Cheikh Bamba Dièye ne vont rien changer à la procédure en cours en l’Assemblée.

Car, une enquête ne se fait pas sur la place publique même si les journalistes d’investigation sont aussi dans leur rôle. Les réseaux sociaux aidant, chacun y va avec son réquisitoire ou sa plaidoirie le tout sous fond de délations ou de désir de rendre service ou de faire mal.

En somme, une ambiance vraiment délétère prévaut surtout quand les députés de l’opposition démissionnent avec fracas de la Commission ad hoc chargé d’auditionner le mis en cause.

On a réussi, en somme, de faire d’une enquête en principe ‘’privée’’ en une vraie affaire d’Etat pour laquelle il sera difficile pour tout enquêteur ou juge de ne pas être sensible aux pressions.

Pendant ce temps, les arrestations de pro-Sonko vont bon train ce qui en rajoute à la confusion générale. Des affaires dans l’affaire qui ne sont pas pour arranger les choses.

Nous osons espérer que le jour où l’instruction commencera vraiment, aucun document y afférent ne sera rendu public conformément à la loi qui instaure le secret de cette procédure et que tout sera envisagé par les différents acteurs pour que la Justice dise le droit en toute sérénité.

senego

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