A la limite, on pourrait se dire de quoi je me mêle, ne serait-ce que parce qu’il est loisible à toute personne de bénéficier des soins de massage ou de gérer ses nuits comme elle l’entend. Sauf que, dans le cas qui nous occupe, Adji Sarr a porté plainte pour viol contre Ousmane Sonko, leader de Pastef les patriotes. Toutefois, par la magie d’un retournement de perspective dont la politique a le secret, ce qui se présentait comme une affaire privée est devenue une affaire d’Etat. Il est désormais question de complot, de volonté de liquidation du seul opposant resté debout face au régime en place. Incroyable tout de même, ce tour de passe-passe qui invite à fondre sur l’ombre en laissant la proie. Et parce que la stratégie semble fonctionner, on monte d’un cran. Exigeant la levée de son immunité parlementaire, celui qui se positionne comme un antisystème n’hésite pas à utiliser les artifices du système, au moment où l’on était en droit d’attendre qu’il soit plutôt dans l’urgence de démontrer son innocence par rapport aux graves accusations portées contre sa personne. En réalité, au-delà d’une instrumentalisation voire d’un complot politique dont, à travers leur chef, se disent victimes les «patriotes», cette affaire interpelle au premier chef la responsabilité de la personne qui l’a rendue possible. Aussi serait-il incongru voire méprisant de refuser de considérer la parole de Adji Sarr, au motif qu’elle ne serait pas fiable. À ce niveau, se pose alors la nécessité d’une domestication de cette tendance machiste et cavalière tendant à banaliser les violences multiformes faites aux femmes sur fond de normalité honteuse. Les affaires de viol et/ou d’emprise sur une tierce personne, faut-il le souligner, sont un processus quelque peu complexes. la prudence voire l’humilité invitent par conséquent à laisser la justice aller à son terme dans le strict respect de la présomption d’innocence des différents protagonistes. Au passage, retenons que le viol est l’exercice de la violence sur un corps réduit à se plier, en dehors de son plein gré, aux désidérata d’autrui. Quitte à ce qu’il soit l’époux légitime, chef de famille qui de surcroît aurait l’aptitude de décider de la sexualité du couple. et ce cas de figure est loin d’être «une affaire de toubab», comme on peut se l’entendre reprocher avec véhémence parfois. Encore moins de mimétisme. en attestent décidément les faits divers rapportés par les médias relativement à des femmes battues et contraintes de subir les « assauts » compulsifs d’un mari se cachant derrière l’obligation de se soumettre au « devoir conjugal ». Drôle de concept d’ailleurs car, en réalité, l’acte d’amour ne saurait équivaloir à un « devoir » puisqu’il est un élan vers l’autre, une communion, un désir qui embrase des corps libres et désireux de s’enlacer dans une tendresse partagée. A une semaine du 8 mars, journée internationale célébrant la femme, il importait de rappeler ces principes et de fustiger tout mépris d’autrui du fait de sa condition sociale, de son genre ou autres. il insupporte en effet de voir cette jeune fille du nom de adji sarr réduite à rien du tout, à l’image d’une serpillère sur laquelle on vient essuyer ses souillures. Tout en ne préjugeant de rien, s’insurger collectivement contre les violences sexuelles, le viol, le harcèlement, signifie simplement que le corps de la femme ne sera plus implicitement perçu comme étant à la disposition du mâle dominant. au regard de ce qui précède, s’invite le devoir d’exemplarité et d’imputabilité qui s’impose à toute personne voulant briguer les suffrages de ses compatriotes. En plus de tout cela, si comme dénoncé par Pastef, c’est l’opposant sonko qui a été ciblé, rien ne justifie que puisse être convoquée la donne régionaliste au prétexte que c’est un fils de Casamance qu’on veut museler. ce type de considérations est à bannir pour qui aspire à un destin national. Traqué par le régime, Khalifa sall qui a été défait de son immunité parlementaire et fait de la prison n’a pas pour autant soulevé la question de l’appartenance régionale ou ethnique dans ses relations heurtées avec le pouvoir et c’est tout à son honneur. Assurément, les urgences sont ailleurs, en ces périodes troubles où le feu couve sous la cendre des frustrations et des chamboulements multiformes accentués par la pandémie de la Covid-19