« Le PSG a laminé toute concurrence en Ligue 1 et s’est fait une place parmi les grands clubs d’Europe. Le problème est qu’il a triché ». Deux après son « Football Leaks », Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC) sortent ce vendredi 2 novembre leur saison 2. Soit la « plus grande fuite de l’histoire du journalisme », assure le site internet.
« Pendant un mois, Mediapart et l’EIC vont publier une série d’articles ayant trait à la fraude, au racisme, au dopage, à l’achat de matches, à l’exploitation des mineurs, à la corruption étatique, à l’espionnage, à l’impunité des dirigeants et des clubs », promettent les journalistes qui vendent leur nouvelle saison de Football Leaks comme Netflix fait la promotion de sa dernière série.
Leur première cible : Paris Saint-Germain (PSG). Le club du pays couronné champion du monde cette année n’aurait pas joué fair-play financièrement. La cellule d’investigation s’attaque au passage aux deux principales institutions du foot mondial l’UEFA et la FIFA. « En un mot, notre sujet, c’est le système ». Le monde du foot est prévenu.
« Fair-play financier »
Dans les premières révélations sorties ce mercredi, Médiapart évoque donc l’absence de « Fair-play financier » de grands clubs comme le PSG ou Manchester City.
« Derrière ce terme inoffensif, qui vise à empêcher que ce soit toujours les plus riches qui gagnent en finançant à fonds perdu des équipes, se cache l’un des plus gros scandales du foot moderne », explique le site.
Ces groupes auraient sciemment et, en dehors des règles édictées par l’UEFA, « gonflé artificiellement leur budget pour acheter les meilleurs joueurs, payer les meilleurs salaires, investir dans les meilleurs équipements ». Comme du dopage avec de l’argent finalement.
C’est grâce à un document confidentiel daté de septembre 2017, que les journalistes peuvent assurer que « l’UEFA a parfaitement conscience de cette inégalité » :
« Il a été académiquement et empiriquement prouvé qu’il existe un très haut niveau de corrélation entre l’argent dépensé et le fait de gagner. En d’autres termes, plus vous dépensez face à votre concurrent, plus vous avez de chances de gagner », révèle le document qu’ont pu se procurer les enquêteurs des Football Leaks.
Facile d’avoir une longueur d’avance quand l’on fait partie des clubs les plus riches. Ce qui est le cas du PSG et de Manchester City, tout deux détenus par des États fortunés : le Qatar pour le premier et les Émirats arabes unis pour le second.
Selon l’enquête, « les deux pays ont ainsi injecté ces sept dernières années la somme mirifique de 4,5 milliards d’euros, essentiellement de manière frauduleuse, pour accroître les budgets des clubs qu’ils détiennent ».
Le risque encouru pour les clubs fraudeurs ? « Etre exclus de la Ligue des champions pendant plusieurs années », alerte le site. Sur Europe 1 ce mercredi, Fabrice Arfi, journaliste d’investigation de Médiapart, affirmait : « Il y a matière à exclure le PSG de la Ligue des champions. »
« Un certain Nicolas Sarkozy »
Mais comment et pourquoi le PSG et Manchester City auraient pris un tel risque ?
« La manœuvre a été rendue possible grâce à l’octroi de contrats fictifs de sponsoring passés avec des institutions directement liées à l’État du Qatar. » Au total, selon l’enquête, le pays aurait injecté 1.8 milliard d’euros dans son club de « façon largement frauduleuse ».
L’enquête accuse en plus l’organe de contrôle, la fédération européenne de football (l’UEFA), d’avoir « en connaissance de cause aidé les clubs à maquiller leurs propres irrégularités pour des ‘raisons politiques' ». Le président Michel Platini et son secrétaire général, Gianni Infantino, devenu depuis le président de la FIFA, « ont aidé à masquer la supercherie », « grâce à une série de combines ».
« Pour Manchester City, un conseiller d’un genre un peu particulier a pris part aux intrigues. Un certain Nicolas Sarkozy« , lâche le site d’investigation.
Le cheikh Mansour d’Abou Dhabi, propriétaire de Manchester City, a massivement subventionné son club. Et là encore, « malgré un dopage financier record de la part de son actionnaire d’Abou Dhabi, le club britannique n’a été que très légèrement sanctionné par… l’UEFA, grâce à la mansuétude de son ex-secrétaire général, Gianni Infantino » mais cette fois également « avec l’aide d’un conseiller spécial nommé Nicolas Sarkozy ».
« Tout est fait pour réduire à son minimum la glorieuse incertitude du sport, son hasard, sa beauté. Ce système fait des victimes : les fans de foot. Ils sont des milliards dans le monde », se désolent les journalistes qui signent l’enquête.
B. K.