L’affluence engendrée par les Jeux olympiques de Rio entraîne un phénomène parallèle : en mal d’argent, des femmes viennent de tout le pays pour se prostituer le temps de la compétition.
Deux jeunes Japonais imberbes s’assoient [dans le club] une bière à la main. Devant leurs yeux, les jambes de quelques dizaines de femmes avec des histoires lourdes, peu d’argent et beaucoup de maquillage. Les Nippons se mettent à choisir.”
Le site du quotidien El País, dans son édition brésilienne, consacre un reportage à ces femmes venues se prostituer pendant la durée des Jeux olympiques de Rio, qui débutent le 5 août. “Dans une boîte du quartier touristique de Copacabana, […] elles couchent pour de l’argent, détestent leur travail et sont venues à Rio se faire une petite fortune avant les Olympiades. Avec pour objectif de reprendre une vie normale ensuite.”
Issues de tout le pays, ces femmes ont des histoires très différentes. “Elles sont auxiliaire en autopsie, hôtesse de l’air, étudiante en kinésithérapie, aspirante masseuse, souvent mères. Il y a aussi une miss et une future ingénieure qui ont refusé de répondre à nos questions.”
Luiza, qui témoigne sous un nom d’emprunt, a 32 ans. Après avoir quitté l’orphelinat où elle vivait, elle s’est prostituée très jeune avant d’abandonner le trottoir pendant près d’une décennie, la durée de son mariage. Désormais divorcée, elle veut ouvrir un restaurant mais n’a pas l’argent nécessaire. Alors elle est venue à Rio, à contrecœur, jusqu’à la fin des Jeux, comme elle l’explique au journal. “Avec l’objectif de ne plus jamais revenir dans la rue.”
“Une addiction infernale”
Une autre jeune femme, âgée de 24 ans, raconte qu’elle “veut mettre plus d’argent de côté pour pouvoir finir ses études et étudier l’anglais. ‘Ma peur, c’est de ne pas arrêter. Ce n’est pas de l’argent facile mais c’est vite fait : c’est une addiction infernale’.”
Parce qu’elles ont gagné moins que prévu, certaines ont déjà abandonné Rio. Car si “les événements sportifs sont vus comme une source inépuisable d’argent”, cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Ainsi Maria explique à El País : “on m’a dit qu’il y aurait beaucoup de mouvement dans ce club, mais ce n’était pas vraiment le cas”, dit-elle, déjà de retour chez elle.
“Une étude de l’observatoire de la prostitution de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, sur l’impact de la Coupe du monde 2014 dans les zones les plus importantes de prostitution, a conclu que l’événement n’avait pas été favorable aux prostituées qui travaillaient dans la rue”.
En cause, notamment : l’excès de concurrence dans les quartiers touristiques tandis que dans le centre-ville la fréquentation était en baisse, et le profil type des clients : “principalement argentin, doté de peu de moyens”.