En marge de la prière de l’Eid El Fitr, le chef de l’Etat est monté au créneau pour déplorer la dégradation des valeurs en insistant à l’endroit des parents sur l’importance de renforcer l’éducation des enfants à la base. Toutefois, cet appel du pied du président Sall ne semble pas aller dans le sens des actes qu’il pose aussi bien sur le plan administratif que politique en cette veille d’élections législatives.
La situation actuelle marquée par des scènes de violence physique ou morale dans les réseaux sociaux impliquant parfois des enfants ne laisse pas indifférent le président de la République. En effet, s’exprimant le lundi 2 mai dernier à la Grande mosquée de Dakar, en marge de la prière de l’Eid qui marque la fin du mois de jeûne pour la communauté musulmane, le chef de l’Etat a déploré la dégradation des valeurs qui risque, selon lui, d’affecter nos comportements de tous les jours. Pour autant, il a rappelé à l’endroit des parents « l’importance de renforcer l’éducation des enfants à la base avant même que l’école ou encore la société puisse contribuer à son éducation ». Toutefois, il faut dire que cette sortie de chef de l’Etat sur cette dégradation des valeurs au Sénégal suscite un certain nombre d’interrogations. Et pour cause, aussi bien sur le plan administratif que politique, certains actes posés par le chef de l’Etat ces derniers jours ne semblent pas aller dans le sens de ce discours.
On se rappelle l’audience qu’il avait accordée à l’ancien mandataire de la coalition Yewwi Askan Wi à Matam, Djibril Ngom, après que ce dernier a « fui avec les listes » de ladite coalition, obligeant ainsi le Préfet à déclarer forclos les dossiers de cette coalition de l’opposition lors des dernières locales. Il en est également de cette vaste campagne de débauchage des élus de l’opposition pour le compte de sa coalition en échange des engagements de projets qu’il a lancés en perspective des prochaines élections législatives de juillet 2022. Il y a aussi l’impunité totale au profit de certains de ses proches épinglés par des rapports de corps de contrôle dans le cadre de leur gestion des affaires publiques.
D’ailleurs, son ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, par ailleurs leader du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) n’a pas manqué de relever cette contradiction. Dans un tweet posté hier, en début de journée, l’ancien Premier ministre semble mettre le chef de l’Etat devant ses actes en indiquant que « la responsabilité est celle du leader politicien et non des parents». «Quelles valeurs transmettons-nous aux enfants lorsque la Constitution n’est pas respectée, la trahison rémunérée, le vol de deniers publics impuni et récompensé, en plein jour comme hauts faits politiques ?», s’est interrogé l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.
Sudquotidien