Le ministre de l’Education nationale menace de résilier les contrats des entreprises intervenant dans le programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes. Ces dernières ont été aussi sommées d’encaisser les attaques du ministre et de la boucler !
«Si nos interlocuteurs s’avisent à porter l’affaire en public, nous n’hésiterons pas à résilier les contrats ». C’est ainsi que le ministre de l’Education national a conclu, à Kaffrine, son réquisitoire contre les entreprises sénégalaises sélectionnées dans le cadre du Programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes (Propap). En clair, il peut vilipender publiquement des entreprises mais ces dernières n’ont pas le droit de s’expliquer !
Au-delà de mettre mal à l’aise ses prédécesseurs, qui si on suit sa logique ont «magouillé » avec les entreprises ; ses propres services assurant le suivi du programme et la Banque ouest africaine de développement (Boad) qui procède aux paiements après service fait, Cheikh Oumar Anne s’est carrément fourvoyé, sur le lot 1 du marché en tout cas, et il est en parfaire contradiction avec les parties prenantes, dont ses propres services.
En effet, consistance des travaux du lot 1 du marché s’établit comme suit : au niveau de l’élémentaire, il s’agit de la construction de 1.850 salles de classe ; 1.318 bureaux et 672 blocs d’hygiène. Pour le moyen, 31 blocs administratifs et 58 blocs d’hygiène ; pour le secondaire, 23 blocs administratifs et 70500 mètre linéaire de mur de clôture.
A la date d’aujourd’hui, pour l’élémentaire 1739 salles de classes, 1195 bureaux administratives et magasins et 592 blocs d’hygiène ont été réceptionnés.
Concernant le moyen, l’entreprise a livré 24 blocs administratifs et 50 blocs d’hygiène. Pour le secondaire, 19 blocs administratifs et 65220 mètres linéaires de mur de clôture ont été réceptionnés.
Le reliquat des ouvrages non encore réceptionnés sont tous en achèvement et le taux d’exécution technique global du lot 1 peut être estimé à 98%, contrairement aux déclarations du ministre.
Mieux, au vu des décomptes effectivement perçus, le taux d’exécution financière rapporté au montant total est de 88%. Il convient de préciser que les avances consenties à l’entreprise au titre du marché et conformément aux dispositions contractuelles ont été intégralement remboursées. A la date d’aujourd’hui, l’entreprise ne doit au maître d’ouvrage aucun franc pour une quelconque avance.
Il faut même noter un déphasage entre l’exécution technique et l’exécution financière en défaveur de l’entreprise attributaire du lot 1. Ce déphasage s’explique par le système retenu pour l’établissement de décomptes dans le marché fini c’est-à-dire 35% quand les ouvrages atteignent le niveau de chainage ; 70% après pose des menuiseries et 100% à la réception.
Aussi, les ouvrages dont l’exécution se situent entre les seuils ainsi fixés ne sont donc pas pris en compte dans l’exécution financière parce que non décomptés.
Que dire du délai d’exécution ? Après approbation du marché, un ordre de service en date du 10 janvier 2018 a été notifié à l’entreprise pour un délai d’exécution de 30 mois. Cet ordre de service portait exclusivement sur une partie du programme gagée sur la première tranche de financement accordé par la Boad.
De suite, après la mise en place de la seconde tranche de financement, un autre ordre de service de démarrage du programme complémentaire a été notifié à l’entreprise à la date du 06 novembre 2018 pour un délai d’exécution de 24 mois, sans tenir compte des 6 mois destinés aux études et à la mise en place. Ainsi, l’entreprise a mis en place un dispositif de suivi et de supervision avec le recrutement d’un cinquantaine d’ingénieurs et de techniciens supérieurs expérimentés en leur dotant de moyens logistiques pour garantir une bonne qualité des ouvrages. Ce dispositif a permis de verser dans le système des ouvrages dont la qualité est unanimement appréciée positivement. Pour autant, cette planification a été fortement perturbée par trois évènements qui constituent des cas de force majeur comme stipulé au chapitre 13, point 2 du marché à savoir la pandémie de la Covid-19, l’inaccessibilité des sites pendant l’hivernage mais aussi la fermeture des carrières et le conflit en Ukraine avec ses conséquences. Conscient de cette situation, le maitre d’ouvrage a notifié à l’entrepreneur des ordres de services de suspension de travaux avant d’approuver un avenant de prolongation de délai de 6 mois par lettre en date du 24 mars 2022.
Ainsi, le délai contractuel n’est arrivé à expiration que le 31 décembre 2022 conformément à la lettre en date du 27 janvier 2023 que le directeur des constructions scolaires a notifié à l’entrepreneur.
Consciente de ces difficultés et ayant apprécié sur le terrain tous les efforts de l’entreprise, la Boad vient de donner son accord pour proroger la date limite de mobilisation au 31 décembre 2023, soit une durée additionnelle de 12 mois
Enfin, tous les décomptes payés à l’entreprise sont certifiés par le maitre d’ouvrage avant transmission pour paiement. il convient de préciser qu’en plus des représentants du maitre d’ouvrage au niveau des différentes circonscriptions, la Boad a procédé au recrutement de cabinets privés pour le contrôle des travaux et la certification des décomptes. Le meme procédé est utilisé pour la conception des ouvrages.
En clair, une simple mission de terrain permettrait de se faire une religion sur les véracités du travail remarquable accompli par l’entreprise.
Avec Libération