Kémi Séba est poursuivi pour avoir brûlé un billet de banque lors d’une manifestation publique ténue le 19 août dernier. L’activiste panafricaniste Kémi Séba a comparu hier devant la barre du tribunal de Dakar statuant en matière correctionnelle. Devant la juridiction, le Franco-béninois a soutenu qu’il a posé un acte symbolique pour attirer l’attention de l’opinion sur les méfaits du Franc CFA. Il a été finalement relaxé par le tribunal. Mais, un écart de langage, grave qu’il soit, a été prononcé par l’un des avocats de la partie civile, de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Mes Pape Jean Sèye, Mbaye Sall et autres ont défendu les intérêts de la BCEAO, hier, dans le procès que les partisans de l’activiste de l’ONG Urgence pan africaniste appellent « le procès du franc Cfa », en référence à l’acte posé par leur leader. Dans son argumentaire pour défendre la Banque centrale, Me Pape Jean Sèye s’est emporté et a dit : « Monsieur Kémi Séba est un Béninois et il trouve le Sénégal assez ‘téranga’ (Ndlr terre d’accueil) pour venir s’exhiber aux yeux du monde entier. S’il veut s’attaquer au franc Cfa, qu’il aille le faire au Bénin parce que le Bénin est également membre de la BCEAO et de L’UEMOA. Personne n’a le droit de venir au Sénégal pour s’attaquer au Président Macky Sall. Est-ce qu’un Sénégalais pourra aller au Bénin, sur une place publique et s’attaquer au Président Patrice Talon ? Sa femme aussi l’a dit dans une interview accordée à un site d’informations de la place que le Sénégal est une terre d’accueil. Ceci ne veut pas dire qu’on peut quitter son pays et venir tout faire ici ».
Des propos de l’avocat qui ont surpris plus d’un dans la salle d’audience. Aussi est-il qu’il faut préciser que seuls les journalistes, les avocats, la femme de Kémi Séba étaient présents dans la salle d’audience, le public a été très tôt évacué suite à des applaudissements.
Après cette plaidoirie, approchés par Senego, les avocats de la partie civile n’ont pas voulu s’exprimer sur le procès. C’est plutôt Me Khoureychi Thiam de la défense qui a présenté des excuses pour ces propos tenus par la partie adverse : « Nous avons entendu ces propos, nous les avons déplorés, ils viennent d’un avocat adorable qui ne tient pas ces genres de déclarations. Nous avons présenté nos excuses au nom de cet avocat et au nom de notre barreau parce que c’est le Sénégal, nous ne sommes pas xénophobes. Les débats, parfois, ça dérape, c’était un peu difficile parce qu’il n’y a pas de dossier facile à défendre. Ce confrère, je peux me porter garant de son intégrité et de sa qualité d’avocat. Ce sont des propos qui ont dépassé sa pensée », a dit l’avocat de Kémi Séba.
Au sortir de cette audience, la femme de Kémi Séba, camerounaise d’origine, de son côté, n’a pas été tendre avec les avocats de la BCEAO. « Je ne savais pas qu’au 21e siècle, il existait des Africains. Quand j’ai suivi la plaidoirie du camp adverse, j’ai eu mal et j’ai compris pourquoi les Africains ont été dans les cales de bateaux pour aller travailler les champs en Amérique pour enrichir l’Occident. J’ai mal pour leurs descendances. J’ai eu trop mal pour la descendance des ces deux avocats de la BCEAO, qui ont plaidé contre mon époux. Car ces derniers n’ont pas compris que Kémi Séba est un Béninois. Ils n’ont pas non compris que c’est depuis 1885 que le terme Béninois est arrivé. Ces avocats ne se rendent pas comptent qu’ils font du mal à leur peuple, à leur descendance et à leurs enfants. Parce que ceux-ci ont tendance à répéter les mêmes choses et c’est dommage », a laissé entendre Mme Etouma Séba.
