Mission à moitié accomplie. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier le procès de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, organisé par le Sénégal à Dakar. En effet, après sa condamnation, à Dakar par les Chambres Africaines extraordinaires, la seconde étape consistant en l’indemnisation de ses victimes piétine encore. Faute de moyens conséquents du »bourreau » pour indemniser ses victimes, un fonds spécial a été créé à cette fin. Et des donateurs sont prêts à mettre la main à la poche. Seulement le Sénégal qui est le pays le mieux qualifié pour abriter ce fonds, refuse de l’abriter par pure vengeance. Le président Sall croit devoir rendre la gifle à lui administrée par Idriss Deby, en refusant de retirer son candidat en faveur de celui du Sénégal (Abdoulaye Bathily), lors de la dernière élection du président de la commission de l’Union africaine. La politique a donc clairement pris le dessus dans ce dossier judiciaire. Conséquence après le procès, l’espoir de réparation des victimes s’est effondré. Beaucoup sont en train de mourir sans réparation.
Suite à la reconnaissance du préjudice subi lors du procès, les victimes de Hissène Habré attendaient réparation. Mais depuis la fin de ce procès historique elles sont toujours dans l’expectative. Beaucoup sont en train de mourir avant d’avoir été indemnisé au grand regret de leurs avocats, notamment Me Assane Dioma Ndiaye. Au Tchad, l’avocate Cathérine Moudeina serait littéralement harcelée par des victimes. En effet, il faut une bagatelle de 82 milliards F CFA pour indemniser les 7396 victimes qui étaient venues à Dakar dans le cadre du procès. Alors que tout était bien partie après la création du fonds par l’Union africaine destiné à cette indemnisation, le président Sall qui s’était personnellement engagé pour la tenue de ce procès, renonce à faire le nécessaire pour le finaliser cette seconde étape qui est la phase d’indemnisation des victimes. Ici, prend tout son sens la célèbre assertion souvent attribuée au Général De Gaule à savoir «Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts». Et des intérêts du Sénégal, Macky Sall n’a nullement eu l’intention de les sacrifier. En tout cas pas dans le cadre de relations avec le Tchad.
Vengeance contre «l’ingratitude» d’Idriss Deby
Le président Sall estime n’avoir pas obtenu la monnaie de la pièce. Il a accepté d’ouvrir le procès à Dakar, de mettre ses infrastructures et des ressources humaines pour la tenue du procès. En retour, lorsqu’il y avait un poste à prendre à la présidence de la commission de l’Union africaine, le Tchad aurait dû en guise de reconnaissance…