Le procès dit des « biens mal acquis » n’est pas encore ouvert mais le bras de fer est bien lancé. Vendredi, la Guinée équatoriale a fustigé, dans une conférence de presse, un « tribunal médiatique » et « une volonté de nuire à [ses] dirigeants », évoquant notamment Teodoro Nguema Obiang Mangue, le fils du président.
À trois jours de l’ouverture du procès des biens mal acquis à Paris, dans lequel est jugé le vice-président de Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, suite à une plainte des ONG Transparency International France et Sherpa – qui l’accusent de s’être enrichi avec l’argent du Trésor public –, la Guinée équatoriale n’a pas l’intention de se laisser faire. Vendredi 16 juin, lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur équato-guinéen en France, Miguel Oyono Ndong Mifumu, accompagné de l’avocat de l’État Jean-Charles Tchikaya, a dénoncé une « opération de diabolisation des dirigeants équato-guinéens », évoquant un « tribunal médiatique », qui aurait condamné « Teodorin » avant même son jugement.
Malabo compte sur la CIJ pour remporter son bras de fer
Les deux hommes ont par ailleurs réaffirmé que Teodoro Nguema Obiang Mangue devait selon eux bénéficier de l’immunité, du fait de son statut de vice-président, raison pour laquelle il ne pourrait pas être jugé en France. « Le vice-président dispose de l’immunité de par le droit international et la constitution de Guinée équatoriale », a réaffirmé l’ambassadeur.
« C’est une opération de déstabilisation de la Guinée équatoriale », a-t-il encore accusé, fustigeant de « prétendues ONG qui n’ont jamais mis les pieds sur le sol équato-guinéen ». « On ne peut pas fabriquer des preuves depuis Paris ou Madrid », a-t-il ajouté, évoquant des opposants exilés en Espagne.
L’État équato-guinéen ne sera toutefois pas officiellement représenté à l’ouverture du procès des biens mal acquis, lundi 19 juin. Teodoro Nguema Obiang Mangue sera en effet défendu par ses propres avocats, tandis que la défense de l’État a choisi de se concentrer sur la procédure lancée à la Cour internationale de Justice, saisie il y a un an au sujet, entre autres, de l’immunité du vice-président.
Une querelle diplomatique ?
Miguel Oyono Ndong Mifumu n’a pas hésité à porter une nouvelle fois le bras de fer sur le terrain diplomatique. Estimant que la Guinée équatoriale était un peu « l’enfant malvenue » d’une Francophonie qu’elle a choisi d’intégrer de son propre chef, l’ambassadeur a confié que Malabo espérait être traité de de la même façon que les autres pays de l’espace francophone africain.
Et Miguel Oyono Ndong Mifumu de citer le Gabon ou encore le Congo-Brazzaville, eux aussi cités dans des affaires de biens mal-acquis, mais ayant pour le moment échappé à un procès devant la justice française. « Nous sommes la petite souris d’une expérience juridique française », a-t-il conclu.
source: JeuneAfrique