Le New York Times, dans un article publié ce 23 février et intitulé : « le président sénégalais s’agrippe au pouvoir à la veille de la présidentielle », a littéralement détruit le bilan de Macky Sall, un président qui, ce 24 février, cherche sa réélection
Le New York Time détruit le bilan de Macky Sall. Ce dimanche 23 février, alors que des milliers de Sénégalais se préparaient à se rendre aux urnes pour choisir entre la rupture ou la continuité de la politique de Macky Sall, un article du média américain New York Times risque de ne pas plaire au gouvernement en place.
En effet, dans un édito publié ce dimanche, le New York Times a dressé un bilan morose des sept ans de Macky Sall au pouvoir. Le Times reconnaît certes que des réalisations ont été menées par le gouvernement en place. Toutefois, il dénonce ce qu’il appelle « des tactiques antidémocratiques pour mettre sous silence des opposants gênants ».
« Des hôtels, un stade et un centre de conférence ont pignon sur rue à Dakar, la capitale. Un TER va bientôt relier la banlieue au nouvel aéroport qui a coûté 575 milliards de dollar. Un pont relie le pays à la Gambie. (…) Cependant, ces réalisations phares ne font pas taire les critiques selon lesquelles le président a consolidé son pouvoir et a eu recours à des tactiques antidémocratiques pour museler ses opposants », note le New York Times.
« La réduction du mandat, une promesse électorale non tenue »
Dans l’article, le média américain a dénoncé des promesses formulées par Macky Sall en 2012 et qui n’ont pas été tenues. « Le président n’a pas tenu parole sur sa plus importante promesse électorale tenue en 2012 : la réduction de son mandat présidentiel de sept à cinq ans », souligne The Times.
Dans son article, le New York Times craint que Macky Sall ne s’agrippe au pouvoir. « Il fait partie des nombreux présidents élus ces dix dernières années de manière pacifique et démocratique dans la région, ayant fait naître l’espoir que les coups d’Etat et les dictatures sont révolues. Mais, beaucoup de ses nouveaux présidents se sont agrippés au pouvoir en allongeant leurs mandats présidentiels, en empoisonnant leurs opposants et en intimidant les journalistes », dénonce The Times.
« Le Times remet en question le parrainage »
Sur le plan juridique, le Times est revenu sur l’affaire Khalifa Sall et Karim Wade, deux opposants politiques éliminés de la course à la présidentielle dans des conditions plus que douteuses. Pour beaucoup de Sénégalais, Karim et Khalifa ont été condamnés par une justice très politisée devenue un instrument du pouvoir.
Sur l’instrumentalisation de cette justice, le New York Times évoque la démission du juge Ibrahima Dème qui, en février 2017, avait dénoncé dans une lettre « une justice qui a démissionné ». Le média américain a aussi évoqué le système de parrainage jugé par de nombreux sénégalais comme un subterfuge du gouvernement afin de se débarrasser de certains opposants redoutables.
« Les Sénégalais ne voient que très peu de changement »
Sur les 7 ans de Macky Sall, The Times nous dit : « sous la présidence Macky Sall, le Sénégal a fait de très grands pas vers la modernisation, surtout en matière d’infrastructure. (…) Néanmoins, au moment où les nouveaux hôtels et restaurants pullulent pour recevoir l’élite du pays et des expatriés nantis, les Sénégalais ne voient que très peu de changement ».
« Pas difficile de trouver des signes de pauvreté. Des centaines (de jeunes) vendent des mouchoirs et des citrons en pleine rue. Munis de machines à coudre, des jeunes couturiers se baladent dans les rues à la recherche d’un emploi dans ce domaine. De nombreux jeunes débarquent sur Dakar en provenance des villages, abandonnant les champs en raison d’absence de pluies. Des bateaux de fortune sont remplis de jeunes désespérés qui quittent régulièrement le pays vers l’Europe », résume le New York Times.
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