Présidentielle 2019: Stratégie : Comment Macky compte battre campagne pour la présidentielle !

-On ne change pas un cheval qui gagne, dit l’adage. On ne change pas, non plus, une stratégie gagnante. Comme en 2012, Macky Sall a fait le pari d’être en contact des populations. Comme en 2012, il ne restera que deux jours de campagne et le reste dans les régions. Une stratégie payante en 2012 et que le candidat de la coalition “Benno Bokk Yaakaar” veut rééditer. En 2012, depuis le début de la campagne électorale, Macky Sall avait affiché une sérénité sans pareille. Sûr de sa victoire, il l’a construite patiemment. Ayant pris très tôt le pari d’être en contact des populations, contre la volonté de ses partisans du M23, il avait finalement coiffé au poteau ses autres adversaires de l’opposition les plus sérieux (Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck), réussissant ainsi à amener Abdoulaye Wade au 2e tour. Finalement porte-étendard de la coalition «Bennoo Bokk Yakaar», il est sorti victorieux de son face-à-face avec Abdoulaye Wade, devenant ainsi le 4e président de la République du Sénégal.

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C’était un triomphe de longue haleine. Un plébiscite au soir d’une marche patiente, intelligente, convaincante aux yeux de la majorité des Sénégalais qui l’ont élu quatrième Président de l’histoire du Sénégal indépendant. Jusqu’au bout, Macky Sall est resté fidèle à ses convictions. A sa façon de faire de la politique, de charmer ses compatriotes. L’«apprenti-sorcier» au verbe neutre avait finalement eu raison du «vieux sorcier» tenace. Et de quelle manière !

Le patron de l’Alliance pour la République (Apr) devait sa réussite à la constance de sa démarche. Malgré les critiques, il est resté fidèle à sa démarche, collective parfois («Bennoo Siggil Senegaal», M23 ou «Bennoo Bokk Yakaar»), solitaire souvent (Apr, coalition «Macky2012»). Depuis sa défénestration de l’Assemblée nationale en décembre 2008, Macky Sall avait tourné le dos à son «père» et à ses anciens «frères» libéraux.

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Il avait ainsi créé son parti, l’Apr, et avait commencé à aller à la rencontre des populations. Pendant trois ans, il avait sillonné village après village, patelin après patelin, jusqu’aux endroits les plus reculés du pays. Sans fléchir, sans oublier de se démarquer parfois du anti-wadisme primaire du microcosme dakarois.

En vue de la Présidentielle, il avait scellé des alliances et avait été investi par la coalition «Macky 2012». Au lieu de nommer un directeur de campagne, objet souvent de jalousies et/ou de critiques, il met en place un directoire sans directeur pour fédérer tout le monde. Tous les leaders sont envoyés dans leurs localités pour battre campagne et attendre la caravane du candidat pour l’accueillir. Une démarche qui avait été acceptée et respectée à la lettre.

Lorsque la campagne électorale a débuté le 4 février 2012, Macky avait pris le pari d’aller à l’intérieur du pays. Il est juste resté trois jours à Dakar pour respecter le mot d’ordre du Mouvement des forces vives de la nation (M23), avant de s’échapper du surplace dakarois des autres candidats du M23 comme Idrissa Seck ou Cheikh Bamba Dièye.

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Malgré son «ancrage dans le M23» comme il aime à le rappeler, au 4e jour de la campagne électorale, Macky Sall est sorti de Dakar pour n’y revenir que le jour de la clôture, le 24 février, avec un méga-meeting au stade Alassane Djigo de Pikine.

Il avait parcouru plus de 115 localités et avait tenu 52 meetings au total. Des meetings tenus jusqu’à des heures tardives. Certaines populations l’avaient attendu jusqu’à quatre heures du matin quelquefois. Partout où il était passé, il avait drainé du monde. Dans toutes les localités. Il avait noyé Souleymane Ndéné Ndiaye, Directeur de campagne et Premier ministre d’Abdoulaye Wade, dans son fief de Guinguinéo, le jour de la visite de Wade dans cette localité. A Tambacounda, «fief» de Khouraïchi Thiam, il avait réussi une mobilisation exceptionnelle. Chez Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, il avait été assailli par une multitude de personnes acquises à sa cause, l’obligeant à y passer une nuit supplémentaire.

A Kédougou, localité où le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Moustapha Guirassy, était maire, il avait rallié les populations à sa cause, enrôlant au passage deux anciens ministres de Wade, Mamadou Sidibé et Mamadou Makalou qui avaient quitté la barque libérale pour déposer leurs baluchons à l’Alliance pour la République (Apr).

Même à Thiès, Macky Sall avait titillé Idrissa Seck dans son fief. Il avait osé affronter la Promenade des Thiessois assez hostiles et difficile à remplir.

A Mbacké, la forte affluence qu’il avait drainée sur son passage aurait pu virer au drame si sa sécurité n’avait pas pris les devants pour l’exfiltrer, avant de le faire revenir alors que certaines populations étaient rentrées, croyant qu’il était parti. Beaucoup de cas de syncopes y ont été dénombrés.

Au Fouta où son père (Amadou Abdoul Sall) est originaire, il avait fait une razzia, poussant un Wade désespéré à l’accuser de jouer la carte de l’ethnicité pour espérer gagner la Présidentielle de 2012.

Macky Sall avait couplé son marathon électoral, avec une série de visites de courtoisie, surtout dans les foyers religieux et coutumiers.

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Partout où il était passé, il avait sollicité et obtenu des prières. Du Khalife général des mourides au Khalife des layènes, en passant par le guide des Khadres, de Léona niassène, de Taïf, de Darou Mousty, l’Evêque de Ziguinchor ou le Roi d’Oussouye…, il avait été partout reçu avec les honneurs par ces guides.

La jamaatou Ibadou Rahmane, elle, était allée plus loin en acceptant de s’investir pour son élection à la Présidentielle de 2012. Toutes choses qui font qu’à la fin de la campagne du premier tour, il avait musclé son discours, convaincu qu’il remportera l’élection.

«Que Wade maintienne ou pas sa candidature, cela ne nous empêchera pas d’aller à l’élection présidentielle. Nous ne faisons pas partie de ceux qui ne veulent pas aller à l’élection pour des raisons qui leur sont propres», avait répété à plusieurs reprises le candidat de la coalition «Macky 2012». Avant de soutenir que le 26 février 2012, si la Présidentielle est reportée, il ne reconnaîtra plus Abdoulaye Wade comme chef de l’Etat et peut même aller jusqu’à l’installation d’un gouvernement parallèle.

A l’issue du scrutin du premier tour, Macky Sall était sorti 2e après Abdoulaye Wade, avec 26% des suffrages, contre 34% pour Wade. Il coiffait ainsi au poteau Idrissa Seck, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, ses challengers les plus coriaces de l’opposition. Un deuxième tour était alors inévitable.

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Entre les deux tours, Macky Sall avait pris son bâton de pèlerin et était parti à la pêche aux voix. Il n’avait pas cherché loin. Il voulait juste puiser dans le grenier de l’opposition. Aussi était-il allé à la rencontre d’Amadou Makhtar Mbow pour demander le soutien du peuple des Assises nationales. Il était ensuite parti à la rencontre de Moustapha Niasse, son suivant direct. Tous les autres candidats recevront sa visite. Et tous lui avaient accordé leur soutien, ainsi que certains leaders de mouvements citoyens, comme Youssou Ndour de «Fékkée Ma Ci Boolé», Bara Tall de «Yamalé» et Mansour Sy «Djamil» de «Bess du gnak». Une razzia qui laissera son adversaire, Wade, sans (réserve de) voix.

Le mercredi 7 mars 2012, le Conseil constitutionnel confirmait le deuxième tour. Le lendemain, Macky Sall rencontrait les sportifs pour leur exposer son programme, avant de démarrer effectivement sa campagne pour le second tour.

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Le samedi 10 mars 2012, toute l’opposition fait bloc autour de Macky Sall et créé la coalition «Bennoo Bokk Yakaar». La campagne électorale qu’il va mener ensuite au second tour, ce sera avec tous les leaders de l’opposition. Aminata Mbengue Ndiaye le reçoit à Louga, Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis, Aminata Tall à Diourbel, Ousmane Tanor Dieng à Mbour, Moustapha Niasse et Idrissa Seck à Thiès. En tant que maire de Fatick, il reçoit l’opposition dans sa localité.

Comme il l’avait fait au premier tour, il rendait visite au défunt Khalife général des mourides, Serigne Sidy Makhtar Mbacké (cette fois-ci à Tawfekh), au Khalife de Darou Mousty, au guide de Taïf et au fils aîné de Serigne Saliou Mbacké à Khelcom.

Les attaques dont sont cortège a fait l’objet à Saint-Louis, Kébémer, Wack Ngouna, Thiaroye, Golf, Guédiawaye et Pikine Médina Gounass n’ont fait qu’augmenter sa cote de popularité. Surfant un sens très politique de la victimisation qui fait souvent mouche au profit des Sénégalais. Diluant son manque de charisme dans son entregent et un savoir-faire politicien souvent sous-estimé. Occultant savamment son cynisme politique dans son discours de velours.

Au finish, Macky Sall va battre Abdoulaye Wade, largement. Dans pratiquement toutes les régions et les pays de l’étranger. Avec 65% des suffrages valablement exprimés. Une victoire éclatante, conçue avec un tact insoupçonné, un flair confondant et un investissement sagace. Comme dans une saga…

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