En corsant les choses autour de Macky, Wade sait que les marges de manœuvres pour du Président sont minces. D’ici à la présidentielle, rien de déterminant en terme de réalisations ou de déclic politique ne saurait pomper l’électorat présidentielle, surtout après la victoire teintée aux législatives.
Dès lors, en ouvrant la précampagne par des déclarations fracassantes, Wade joue son va-tout et ne compte donner aucun répit au Président Sall. Son refus de dialoguer ou de répondre à la main tendue par le pouvoir, indique déjà que le ton de la confrontation et de la provocation a de beaux jours et c’est la presse qui va se trouver avec des containers de sucettes. C’est dire que l’actuel chef de l’Etat a du pain sur la planche. Wade sait que les atouts dont il dispose sont énormes d’ici à 2019. Il y a d’abord les forces sociales promptes, en ces veilles de joutes électorales, à devenir effervescentes. Les syndicats ne ménageront aucun effort pour mettre la pression sur le pouvoir, mal barré par la période, pour arracher des acquis souvent impossibles à régler en période de non élections. Donc, ils vont jouer sur le registre du chantage et taper sur le moral du pouvoir. Déjà, les syndicats de l’enseignement, niveau élémentaire comme secondaire, annoncent la couleur avec le dépôt de préavis de grève pour octobre. Le Saes, ce syndicat du supérieur est déjà dans l’antichambre. Dans les secteurs de la santé, du transport, des mines, les signes d’une contestation sont perceptibles. Si l’on y ajoute le grain de sel des jeunes avec le taux de chômage élevé, voilà que tous les ingrédients sont presque réunis pour un cocktail Molotov. Encore que sur le registre politique, Wade qualifie déjà la nouvelle Assemblée de mal élue, charge le pouvoir en l’accusant de fraude, jette un coup d’œil sur l’état civil des Sall avec la nomination du frère du chef de l’Etat à la caisse des dépôts et consignation, l’emprisonnement de Khalifa Sall, l’affaire Karim Meissa Wade, la récusation du nouveau ministre de l’Intérieur, le baril est presque plein. Avec cette forte pression, le pouvoir va devoir faire face car les coups viendront de partout. Et comme l’Etat n’a pas beaucoup d’alliés, allez savoir. Et le plus cocasse dans tout cela, c’est que le dernier remaniement n’est pas pour régler le manque de réactivité du pouvoir.