D’après le professeur d’Histoire à l’Université de Columbia, la candidature de Macky Sall, pour la troisième fois, n’est pas bonne pour la sous-région qui traverse une crise socio politique depuis quelque temps. Pendant ce temps-là, Macky Sall et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire entretiennent le flou.
La présentation de Macky Sall pour la troisième fois d’affilée à la présidentielle sénégalaise, selon le Professeur d’Histoire à l’Université de Columbia (Etats Unis), est lourde de conséquences pour la sous-région. Il l’a fait savoir, hier, dans l’émission dominicale de Sud Fm. Et c’est une véritable mise en garde qu’il fait au chef de la coalition de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yaakaar dans ce contexte d’instabilité sous régionale. «Si le Président Macky Sall décide de se présenter pour un troisième mandat, la région ouest-africaine va exploser. Ça c’est évident. Ça va être une explosion terrible», prévient le Pr Diouf. Il estime que «ce serait une crise de trop dans une région déjà très instable aussi bien sur le plan politico-institutionnel que sur le plan économique».
Pourtant, ce n’est pas la première fois que cet universitaire donne son point de vue sur le débat sur le troisième mandat de Macky Sall. Le 26 janvier 2020, sur les ondes de la même radio, Mamadou Diouf avait indiqué que l’exclusion de Moustapha Diakhaté des rangs de l’Alliance pour la République (APR) n’est qu’une opération de diversion pour étouffer le débat sur le 3ème mandat. «On pourrait lire la sortie de Moustapha Diakhaté dans le cadre de tout ce faux débat autour du troisième mandat et dans le cadre des manifestations qui sont les manifestations des ambitions individuelles de politiciens de l’Apr qui doivent commencer à afficher un visage qui est un visage public et à montrer qu’ils sont intéressés à la charge du président de la République. Mais, c’est ça les jeux politiques reposant sur des ambitions exprimées», avait indiqué Pr Diouf. Et d’ajouter : «L’idée d’étouffer ces ambitions a comme conséquence de miner l’appareil d’Etat, mais aussi de miner l’Apr. Si on ouvrait les vannes et qu’on laisse les gens s’investir en disant : ‘la Constitution règle le problème, ce n’est même pas un débat’. La Constitution a dit que c’est le dernier mandat du Président Macky Sall».
Ni oui ni non de Macky et de Ouattara
Ce n’est pas seulement au Sénégal que le débat sur le troisième mandat est agité. En Côte d’Ivoire, la locomotive de la Cedeao, une éventuelle candidature de Alassane Ouatara est sur toutes les lèvres. Le Président Ivoirien tout comme son homologue sénégalais entretient le flou. Suite aux sollicitations des instances du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), à se porter candidat pour un nouveau mandat, le Président Alassane Ouattara demande à ses partisans de lui laisser le temps de se recueillir, après la mort brutale de son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le 08 juillet 2020. «Je prends acte des résolutions du conseil politique et de votre demande. Je vous demande de continuer d’avoir une pensée pour Amadou Gon Coulibaly et de me donner le temps avant de vous répondre», a déclaré Alassane Ouattara le mercredi 29 juillet 2020, lors d’un Conseil politique du RHDP. Et de poursuivre : «Je vous demande de me laisser le temps du recueillement. Mais vous savez que je ne vous ai jamais déçu et je ne vous décevrez pas (…)». A trois mois de la présidentielle, le parti d’Alassane Ouattara doit vite se trouver un autre candidat. Une personnalité consensuelle qui pourrait le conduire à la victoire au soir du 31 octobre. Pour plusieurs cadres du RHDP et de nombreux militants, cette personnalité consensuelle n’est autre que le président Alassane Ouattara lui-même.
Si Alassane Ouattara, 78 ans, au pouvoir depuis neuf ans, se déclare, s’ouvrirait aussi le débat de la constitutionnalité de sa candidature. Le nombre de mandats présidentiels est toujours limité à deux, mais pour les soutiens du président, la nouvelle Constitution de 2016 remettrait les compteurs à zéro. A propos de la constitutionalité de candidature de Macky Sall, l’ancien Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), Mamadou Ndoye avait alerté sur sa certitude que Macky Sall fera un troisième mandat. Dans un entretien accordé au journal «Les Echos», Ndoye explique comment Macky Sall va s’y prendre pour se représenter en 2024. «Sur le 3e mandat, ce sera exactement comme avec l’histoire des 5 ans qui ont débouché sur 7. Sa Cour constitutionnelle lui dira, le moment venu, qu’il lui est bien possible, au regard de la loi, de le briguer», a-t-il affirmé.