Dans ses derniers jours, c’est dans l’enceinte même du Grand théâtre national que le défunt maître des rythmes Doudou Ndiaye Coumba Rose avait prévenu qu’il ne voulait pas de reconnaissance à titre posthume ; tant il avait vu de grands artistes sénégalais délaissés au soir de leurs vies. Ignoré de son vivant par le président Macky Sall, qui lui refusait même des audiences, celui-ci s’est permis juste à quelques mois après sa disparition de donner commencer à lui rendre un hommage politicien. Puis « travaillé » par des proches et acteurs culturels, dont son « griot » Doudou Ndiaye Mbengue, par ailleurs homonyme et neveu du défunt, Macky a donné le nom de ce théâtre au tambour-major qui a sillonné et séduit le monde. Ce qui fait ruer dans les brancards une partie de la famille de feu Doudou Ndiaye Rose. Parce que, d’abord, il a été ignoré par le président de son vivant, malgré les services rendus à la Nation, mais sa volonté et ses directives après sa mort ont été piétinées. Ensuite si le plus grand centre culturel de Dakar porte le nom du grand comédien Douta Seck, qui a incarné le personnage principal de la pièce de théâtre d’Aimé Césaire « La tragédie du roi Christophe », la famille de cet autre défunt est depuis dans un grand dénuement. On ne remplit pas les ventres avec des mots et les titres. Et, les droits d’auteurs de Doudou Ndiaye Rose sont infimes pour nourrir sa large famille, dont une bonne partie est dans le dénuement. Elle tire le diable par la queue. Ce qui fait que pour ses grands enfants, le nom de leur père donné au Grand Théâtre n’est que du bluff. Pour eux, si Macky veut rendre hommage au mythique batteur, qu’il commence par donner corps à son projet de création d’un institut de percussions, qui immortalisera ses œuvres et créera des emplois et ouvertures pour les siens. Voilà au moins une indication qui a le mérite d’être claire et concrète. Macky suivra-t-il.
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