Les Sénégalais ont beaucoup de défauts, ils se croient plus intelligents que les autres, ils sont experts en tout et pas modestes pour un sou mais reconnaissons quand même qu’ils savent faire preuve d’une grande compassion pour les peuples opprimés et aiment le droit. La résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies portée par le Sénégal en est une illustration. Son adoption par l’instance internationale n’est pas une faveur ni une fleur, les Etats qui l’ont soutenue ont été convaincus de sa pertinence.
De même, il ne saurait être question pour le Sénégal d’être de connivence avec un dictateur. Yahya Jammeh a toujours fait fi du droit. Impulsif, il prenait un malin plaisir à se moquer de nos autorités en prenant des décisions polémiques. L’on se rappelle de la hausse unilatérale de la taxe douanière versée par tonne de marchandises par les camions sénégalais en transit sur son territoire. Celle-ci était passée de 4.000 à 400.000 F CFA du jour au lendemain, sans aucun égard pour les conventions signées par les deux pays, ce, quel que soit le tonnage. Ce qui avait conduit durant plus d’un mois au blocus de la frontière entre la Gambie et le Sénégal avant qu’une médiation ne soit entamée et que le dictateur revienne à de meilleurs sentiments. Ce n’est pas la première fois qu’une telle chose arrivait. Quelqu’un qui se conduit de cette manière avec son voisin immédiat, veut-il vraiment nouer une amitié avec lui ?
Aussi loin que ces incidents puissent remonter, ils ont quelque part été à l’origine de la chute du boucher de Kanilaï. En effet, la Gambie a été paralysée durant cette période et le peuple gambien n’était pas du tout d’accord avec la manière de faire de Jammeh. Ces incidents ajoutés à beaucoup d’autres du genre ont fait exploser la sourde révolte avant de finir par se traduire en acte citoyen : le vote. Et Jammeh se voit bouté hors du pouvoir sous le regard impuissant de ses amis d’aujourd’hui qui ne l’ont pas alerté sur les conséquences de ses dérives.