En intitulant son livre « Le Sénégal, où va la République ? », le sociologue Malick Ndiaye ne savait si bien dire. Car l’implication de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat et l’arrogance dont fait montre un des membres de cette même famille frisent l’inacceptable.
Et la réaction du frère du Président de la République en est un exemple désolant. En effet, plutôt que de répondre à l’interpellation de Birahim Seck du Forum civil qui a établi des « liaisons dangereuses » entre « l’installation de la Banque de Dakar au Sénégal » dont il est l’administrateur et « l’annonce de la découverte de gaz », Aliou Sall n’a trouvé rien d’autre que d’envoyer « au diable » son accusateur.
Cette dérobade ne saurait clore le débat, tant cette affaire est gravissime. « Qu’est-ce qui est derrière la mise en place de cette Banque? Est-ce que c’est pour tenter de blanchir de l’argent, à travers des transferts qui seront éventuellement effectués par cette Banque vers d’autres Banques? », s’est interrogé ce membre du Forum civil.
Nous nous attendions du maire de Guediawaye à qui certains prêtent une fortune immense alors qu’il n’était que le chef du Bureau économique de l’Ambassade du Sénégal en Chine, il y a 6 ans, des réponses claires et précises sur son niveau de responsabilité ou non dans toutes ces sociétés étrangères, et non des esquives.
Pour moins que cela, le frangin de Macky Sall avait servi une sommation interpellative à l’ancien président de la République qui l’avait accusé d’avoir détenu « 30% des actions de la société de Petrotim » à qui l’Etat du Sénégal a attribué les blocs à Saint Louis et Cayar pour l’exploration de pétrole. Aujourd’hui, Aliou Sall a tout intérêt, aujourd’hui, à tirer cette affaire au clair, pourquoi pas porter plainte pour se dédouaner.
En tout cas, l’OFNAC a, là, une belle occasion de s’auto-saisir et d’éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire qui rattrapera, tôt ou tard, le régime de Macky Sall, si tant est qu’il y a nébuleuse.
En accédant au pouvoir, le Président Macky Sall avait fait de la bonne gouvernance son credo. Mais les scandales qui se suivent sous la troisième alternance nous fondent à croire que Macky Sall n’a pas su tirer les leçons de la défaite de Wade. Ce dernier, en plus d’avoir « patrimonialisé » l’Etat, avait favorisé le pillage de nos deniers publics.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Aliou Sall, qui, je suis sûr, n’aurait même pas eu le courage de briguer le poste de délégué de la Sicap Foire où il habite, gagnerait à être moins arrogant et plus respectueux des Sénégalais.
Daouda Gbaya
Journaliste