La candidate du Front national (FN) à l’élection présidentielle estime que le franc CFA est « un inconvénient économique’’ pour les pays africains, soulignant par ailleurs que « la sécurité et la prospérité de la France et de l’Afrique sont indissociables’’.
Interrogé par le site figaro.fr sur sa rencontre avec le président tchadien Idrissa Déy Itno, mardi, la candidate d’extrême droite a répondu : « Concernant la souveraineté, nous parlons le même langage. Y compris sur la monnaie car j’estime que le franc CFA est un inconvénient économique pour les pays d’Afrique. On ne peut pas être souverain à moitié’’.
Considérée par ses détracteurs comme la dernière monnaie coloniale en cours, le francs CFA, créé en 1945, est la devise partagée par 14 pays d’Afrique subsaharienne plus les Comores.
Le franc CFA est lié à l’euro par un système de parité fixe en contrepartie de laquelle, les Etats versent 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français.
De nombreuses voix s’élèvent de plus en plus, dans les milieux intellectuels et au sein de la société civile, pour critiquer un système qualifié de « servitude monétaire ».
Dans un entretien avec Jeune Afrique, le président tchadien Idriss Déby Itno avait estimé que le moment était venu de revoir en profondeur les accords monétaires entre la France et les pays de la zone CFA.
« Là-dessus, je suis formel. Je ne renie pas le franc CFA, mais il doit devenir la vraie monnaie souveraine des Etats qui l’utilisent », affirmait le président Déby.
Selon Marine Le Pen, Déby « estime que son pays est capable de régler le problème du terrorisme islamiste dans la région mais il a besoin d’un soutien en terme de moyens’’.
« Evidemment, il est inquiet parce que le Tchad a connu des attentats très lourds et que les sources de financement des terroristes ne sont pas coupés’’, a souligné la candidate qui a rencontré le président tchadien avant de rendre visite aux soldats français de l’opération Barkhane.
« Nous (elle et Déby) avons été quasiment les seuls, lui en Afrique et moi en Europe, à contester l’intervention en Libye. Le coût de cette opération libyenne est spectaculaire mais ce bilan n’a pas été fait. Il serait ravageur pour ceux qui ont soutenu cette guerre’’, a encore dit Mme Le Pen qui se présente comme la candidate de la préférence et de la souveraineté nationales.
La candidate dit être venue au Tchad « pour développer un certain nombre de principes et d’idées’’ et souligne que « la sécurité et la prospérité de la France et de l’Afrique sont indissociables’’.
La France, selon elle, devrait s’appuyer « massivement sur la coopération avec les pays francophones’’.
« Aujourd’hui, cette coopération est ridicule : la France n’y investit que 300 millions d’euros. Il faut soutenir l’éducation, l’agriculture et, si l’on veut réduire les flux migratoires, il faut aussi agir sur l’axe de la défense et de la sécurité’’, dit-elle.
Marine Le Pen dit avoir expliqué au président Déby qu’elle n’entendait « pas continuer cette politique de la +Françafrique+, faite d’ingérences et d’exigences de contreparties, parfois opaques’’.
« Je lui ai dit également que j’étais un défenseur de la souveraineté des Etats, alors que l’Union européenne ne cesse de faire du chantage.’’