Expert en sciences politiques depuis plusieurs années, Abdou Lô est un produit de l’université française et de la pratique anglo-saxonne du business à l’international. Un cocktail détonnant qui lui permet aujourd’hui d’être à la tête du pole Afrique de la multinationale Access Partnership spécialisée dans les télécoms, le Market access et les relations publiques.
PAR KHADIJA DEME
Précoce, Abdou Lô passe son certificat d’étude élémentaire en CM1, une année avant l’échéance. Au baccalauréat, il est major de sa promotion en même temps que lauréat du Concours général. Puis, c’est le départ pour la France. Après avoir fini son 2ème cycle en Sociologie et en Philosophie à l’Université de Caen-Basse-Normandie, il est admis à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne pour y poursuivre un doctorat en Science politique.
Dans ce domaine, son expertise a fait l’objet de nombreuses publications dans des revues universitaires et présentées à travers des conférences. «Par exemple, je participe à l’édition semestrielle du magazine de la diplomatie allemande intitulé «Development and Cooperation», dit-il à Nouvel Hebdo.
Activités professionnelles
Abdou Lô possède une riche expérience de consultant au plan local, mais surtout à l’international. Ainsi, a-t-il collaboré avec plusieurs structures comme: la Cellule des techniques de l’audiovisuelle et de la communication (Ctac) du Quai d’Orsay, le Ministère français des Affaires étrangères ; Radio France Internationale (Rfi) à Paris ; l’Instituto de Investigaciones de l’Université nationale du Mexique (Unam) ; l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea) en Afrique du Sud ; Open Society Initiative for West Africa (Osiwa) au Sénégal, l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (Ipao) au Sénégal.
En 2009, l’expérience professionnelle accumulée pendant des années, et le besoin de s’affranchir de toute tutelle patronale lui donnent l’idée et la volonté de fonder son propre cabinet. Primum Africa Consulting voit le jour. «C’est une société de conseils réputée et reconnue en Afrique». Une réputation qui lui a permis de gagner, par appel d’offres international, le marché de la communication des Chambres africaines extraordinaire (CAE) autour du procès de l’ancien président du Tchad, Hissein Habré. Le numéro 2623-2624 de «Jeune Afrique» l’avait d’ailleurs classé dans la liste sélective des trentenaires africains ayant décidé de rentrer au pays après leur parcours en Occident.
Le besoin de faire évoluer Primum Africa Consulting vers une autre dimension dans l’écosystème impitoyable de la consultance l’a poussé à fusionner avec la multinationale anglo-américaine Access Partnership dont il est présentement le Directeur pour l’Afrique. «Access Partnership est spécialisée dans les télécommunications, le Market access et les relations publiques», explique ce dynamique jeune homme qui semble tout le temps affairé. «Nous avons des bureaux à Abu Dhabi, Bruxelles, Londres, Washington DC et bien sûr à Dakar, et dans notre portefeuille de clients les plus prestigieux, vous retrouverez des gouvernements, des multinationales et des organisations internationales.» Cette nouvelle fonction s’accompagne de responsabilités nouvelles aux quatre coins de la planète. Ce qui lui ouvre les portes d’un domicile secondaire : les avions et les airs.
Concurrence et compétitivité
Ici, le directeur Afrique de Access Partnership est condamné, avec ses collaborateurs, à l’excellence en toute situation. Mais le challenge ne semble pas l’effrayer. «Je suis dans un secteur ultra concurrentiel. La communication a atteint un niveau exceptionnel en intégrant tous les secteurs de la vie professionnelle et personnelle. Tout le monde communique. C’est cela qui fait que les propositions sont pléthoriques et multiformes. Après, comme dans tous les secteurs, certains s’en sortiront beaucoup mieux que d’autres. Plus on est professionnel, crédible et global, plus on remplit son carnet de commandes», analyse l’ancien de la Sorbonne, trop heureux d’avoir franchi un échelon important. A cet égard, dit-il, «nous avons considéré l’OPA d’Access Partnership comme une véritable opportunité pour atteindre «the next level» comme disent les anglophones. Il s’agit du niveau où on est partie prenante dans les discussions et les stratégies au niveau international. Access Partnership, avec son pôle d’ingénieurs, me fait découvrir un autre univers que je ne connaissais pas.»
Access Partnership est ainsi devenu membre du secteur des Télécoms au niveau de l’Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève. C’est la branche Télécoms des Nations Unies. «A un certain niveau, souligne-t-il, c’est la synergie des compétences et des profils qui est déterminant. On peut penser globalement et agir localement. Etre dans un grand groupe multiculturel est une incitation à l’excellence permanente. On ne peut pas se relâcher parce que les collègues sont simplement brillants et ne comptent pas les heures de travail. Et la mutualisation des ressources permet d’être un interlocuteur plus écouté aux niveaux national et international.»
Les Télécoms sont l’un des pôles de spécialisation d’Access Partnership. «C’est un secteur à très fort potentiel pour lequel nous mettons notre vision transversale au service des Etats, des constructeurs et des opérateurs», soutient Abdou Lô.
Sportif exigeant
Grand amateur des réseaux sociaux dont Facebook où il semble connecté même en dormant, Abdou Khadre Lô est surtout autre chose : un grand sportif. Ceinture noire, 3ème Dan de karaté, il pratique les arts martiaux depuis l’enfance et a côtoyé pendant plusieurs années le haut niveau de la compétition, en France notamment. Jeune «retraité» de la discipline, il n’en reste pas moins extrêmement exigeant. «Je me suis imposé une discipline de fer, avec 5 séances d’entrainement intensif par semaine à la salle de sport, du lundi au vendredi. Plus une séance de tennis par semaine». Cette contrainte vaut pour lui tant au Sénégal qu’à l’étranger. «Quand je dois voyager, le premier critère que je regarde est si l’hôtel dispose d’une salle de sport et d’une piscine. Mes 90 minutes quotidiennes de sport sont vitales. C’est ma drogue à moi».
Dans une autre vie, Abdou Lô est également le président du Téranga Moto Riders Club (TMRC), un club d’une quarantaine de motards dakarois venus de différents horizons professionnels et pays. «Ce que nous avons apporté avec la création de ce club, c’est la sécurité et le sérieux dans la pratique d’une passion pas comme les autres. Nous sommes conscients de piloter des monstres. Donc, tous nos membres respectent les règles administratives (permis moto, assurance et carte grise) et de sécurité obligatoire (casque, veste, gants et respect du code de la route). Cela est inscrit dans les statuts et le règlement intérieur du club.» Loin des pratiques des gangs de bikers qui pullulent aux Etats-Unis. Une fois par mois, TMRC emprunte les routes du Sénégal. «A chaque fois, nous avons avec nous des médecins (qui sont membres du club) et un mécanicien» pour parer à toute éventualité.
Dans ce cadre là, et alors que les statistiques sur le nombre de morts sur les routes sont de plus en plus effrayantes, une collaboration avec les pouvoirs publics ne serait-elle pas devenue évidente ? «Pour ma part, je voudrais dire que nous sommes prêts à collaborer avec les structures en place, notamment les ministères des Transports et de l’Intérieur ainsi qu’avec la Fédération sénégalaise de sports automobile et motocycliste (FSAM) pour sensibiliser les conducteurs de 2 roues (motos comme scooters) sur les dangers de la route.»
Avec « Nouvel Hebdo »