» Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. Cette pensée de Jean JAURÈS rend en partie intelligible la tendance de certains politiciens et activistes sénégalais à s’incruster dans les médias pour dépeindre la réalité qui les entoure à la dimension de leurs visions étriquées ou de leurs égos, bien souvent surdimensionnés. La plupart finissent, d’ailleurs, par se noyer dans leur propre discours. Depuis trois ans, que de changements de concepts sans aucune emprise sur le vécu de populations ! Même le « Plan Sénégal Emergent » semble relever plus de l’incantation oratoire que d’une parfaite maîtrise des leviers de commande pour faire décoller notre pays. Il nous faut donc engager, ici et maintenant, une réflexion innovante sur les voies et les moyens d’une alternative à la politique réduite à de la communication sans réalisations. Soyons concrets !
À la plus prochaine élection présidentielle, les forces en présence seront théoriquement les suivantes :
Sur la base de cet état des lieux, des coalitions électorales sont incontournables pour tout candidat prétendant sérieusement à accéder au Pouvoir. De mon point de vue, et pour ce qui concerne le Parti démocratique sénégalais, je vois trois options :
1) une alliance avec le Parti socialiste pour avoir su, en dépit d’adversités violentes par le passé, et à des moments décisifs de l’Histoire de notre pays, trouver et mettre en œuvre des solutions à des crises aiguës. Les frontières idéologiques tendant à s’estomper au fil du temps, il devient concevable de serrer les rangs et de mutualiser les expériences et les réseaux, les idées et les hommes.
2) une alliance avec l’APR dans le cadre d’un grand rassemblement de la famille libérale. Ces retrouvailles, fondées sur des bases idéologiques, et un vécu partagé en dépit des épreuves difficiles actuelles est de l’ordre du possible. Cela suppose que les différents acteurs aient une grande capacité de dépassement et la volonté des bâtisseurs de cathédrales pour s’inscrire dans la quête d’une stabilité durable pour la construction et le développement de notre pays.
3) Les retrouvailles libérales pourraient également s’articuler selon l’axe PDS/REWMI. Puisque l’on parle de cicatrisation des plaies, il ne faut pas exclure la création d’une coalition gagnante avec Idrissa SECK. Son charisme personnel et son expérience sont des coefficients dont il faudra mesurer et apprécier tous les effets. En politique, il ne faut jamais dire jamais !
Partant des résultats sortis des urnes lors des dernières élections présidentielles, l’hypothèse du rassemblement d’un bloc libéral répond au constat suivant : Au premier tour le candidat sortant Abdoulaye WADE du PDS avait obtenu 36% des voix et Macky SALL de l’APR 26%. Si l’on y ajoute les 8% obtenus par Idrissa SECK, nous sommes autour de 70% en faveur de la famille libérale, divisée pour des raisons crypto personnelles et non en raison de divergences idéologiques ou politiques majeures. Que de chemin parcouru depuis la création du PDS en 1974 ! Il faut souligner également qu’en dépit de la perte du pouvoir, la capacité de mobilisation du PDS restée est intacte. Il semble même qu’au fil du temps, de l’usure du pouvoir en place et de l’effet YoYo, des franges importantes de l’opinion s’inscrivent dans un mouvement de reflux vers le bloc libéral. Le PDS en est l’épicentre. Pour ramener une certaine cohérence dans le jeu politique, le PDS gagnerait à travailler, d’ores et déjà, à la formulation d’une offre politique nouvelle fondée sur l’expérience acquise et les réalisations incontestables à l’exercice du pouvoir. Le PDS peut, et doit ramener en son sein, le maximum de ses militants et responsables dispersés sur le champ politique. Avec le recul, et la nouvelle expérience vécue par un retour dans l’opposition, les plaies ouvertes peuvent cicatriser. Les inimitiés regrettables doivent céder la place à la sereine méditation sur les aléas de la vie politique et se convaincre qu’une nouvelle fraternité peut jaillir des affres de l’adversité. L’effet Wade gardant toujours sa magie, le PDS doit donc se positionner comme le balancier de la prochaine élection. Son candidat aura ainsi des atouts pour gagner, ou partager le pouvoir, selon l’ordre de préséance qui sortira des négociations pour construire l’alliance libérale. Aucune option ne doit être fermée à priori ! Dans tous les cas de figure, le PDS doit s’imposer comme LA force politique d’avenir capable de produire des leaders jeunes, compétents et inscrits durablement dans la construction du Sénégal. Il suffit de regarder le nombre de leaders politiques sortis de ses rangs pour s’en convaincre.