À quelque cinq mois de l’élection présidentielle de février 2024, plus de 60 candidatures sont déjà déclarées, dont près d’une dizaine issue de la majorité, après que le chef de l’État sortant, Macky Sall, a décidé de ne pas se présenter. Des analystes évoquent les vraies motivations de cette folle course au fauteuil présidentiel.
Depuis quelques jours, les déclarations de candidature à la prochaine élection présidentielle se multiplient au Sénégal. À la date d’aujourd’hui, plus d’une soixantaine de prétendants au fauteuil présidentiel sont décomptés.
Cependant, la question qui se pose est : qu’est-ce qui fait courir les gens au point qu’ils veuillent tous être candidats à cette élection ? « C’est l’enjeu de la fonction », a répondu l’analyste politique Mamadou Sy Albert, rappelant que la fonction présidentielle est la plus prestigieuse sur le plan politique. Et selon lui, le rêve de tout homme politique, c’est d’occuper le fauteuil présidentiel.
Allant plus loin, Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université de Saint-Louis, pense que ces déclarations de candidature sont favorisées par l’ouverture du jeu politique qui permet à chacun de se déclarer candidat sans avoir ni les ressources encore moins les capacités. « Ces candidatures sont des effets d’annonce. Certains cherchent de la notoriété. Ils ont envie de se soupeser au niveau de l’opinion pour savoir ce qu’ils représentent en termes d’audience », a-t-il expliqué au quotidien national « Le Soleil ».
Mais l’enseignant-chercheur reconnaît qu’il y a sur la liste quelques candidatures sérieuses, c’est-à-dire des prétendants au fauteuil présidentiel qui sont connus, qui sont dans l’espace politique et qui veulent tenter leur chance pour se positionner davantage sur l’échiquier politique du pays.
Pour sa part, El Hadj Seydou Nourou Dia, expert sur les questions électorales, soutient que 80 % des candidats déclarés ne font pas le poids. La majorité d’entre eux, argue-t-il, n’ont pas de base politique solide. « Certains prétendants au fauteuil présidentiel sont sérieux, parce qu’ils ont non seulement l’ambition, mais également l’étoffe et tout le nécessaire qu’il faut. Mais c’est un nombre minime par rapport à la donne actuelle », a-t-il soutenu.
Monsieur Dia ajoute, par ailleurs, qu’« il y a des candidatures qui n’iront nulle part, compte tenu des conditions qu’il faut remplir pour être accepté. A priori, on sait que ces gens-là ne remplissent pas ces conditions. Mais, au moins, le seul fait de se déclarer candidat, de se donner les moyens pour être visible permet d’attirer l’attention sur soi. Donc, ils déclarent leur candidature pour se faire connaître davantage et s’associer plus tard avec les candidats sérieux à des fins personnelles ».
Toutefois, il a souligné que le parrainage et la caution sont là pour filtrer toutes les candidatures fantaisistes.