La compression des délais et la suppression du filtre du parrainage font émerger le spectre des législatives de 2017 bis avec une pléthore de listes (47 au total). Redoutant cette situation qui risque de compliquer le scrutin, Alioune Tine milite pour le bulletin unique. Interpellé sur les législatives anticipées du 17 novembre prochain en marge d’une table-ronde organisée par le think thank Wathi et la fondation Konrad Adenauer, Tine remet sur la table cette vieille doléance de la société civile sénégalaise.
« Comme nous n’avons pas de filtre du parrainage, il ne faut pas d’un coup rejeter le risque de saturation. Dans ce sillage nous revenons sur une proposition que nous faisons depuis 2000, c’est le bulletin unique », souligne-t-il. Ceci, en ce sens que, selon lui, « le bulletin unique est économique et permet effectivement de pouvoir gérer la saturation de listes et permettre aux gens de pouvoir voter rapidement et partir ». A l’en croire, de tous les pays de l’Afrique de l’ouest, le Sénégal est le seul à garder cette frilosité par rapport à ce système de vote. Le fondateur d’Africajom Center pense que cela est « lié à des exigences des imprimeurs » qui tiennent au marché de l’impression des bulletins.
Abordant le contentieux de l’absence de consensus qui fait rage, Alioune Tine invite l’État à faire preuve d’ouverture d’esprit et d’ouvrir le dialogue avec l’opposition qu’il appelle, dans la même foulée, à faire preuve de responsabilité. « Nous n’avons pas besoin de tension en ce moment. Il faut que le débat sur la transparence du scrutin soit conduit avec beaucoup de responsabilité de la part de l’État et de l’opposition. Ce qu’on attend c’est qu’ils s’assoient, qu’ils discutent sans tabou. L’opposition aussi doit d’abord épuiser les voies de recours avant de prendre la rue », conseille-t-il.
Pour sa part, l’expert électoral Mamadou Seck a déploré le fait que des milliers de jeunes seront encore laissés en rade dans ce processus électoral puisqu’il n’y aura pas de période d’inscription sur le fichier. « Des centaines de milliers de jeunes seront encore laissés sur la touche dans cette compétition électorale. Ils ne pourront pas voter parce que ces dernières années on n’a pas pu ouvrir la phase de révision du fichier. On est restés trois ans sans le faire et en 2024 pour la présidentielle on a ouvert que pour quatre semaines et c’était fait à dessein », souligne Seck.
Qui ajoute : « le Président Macky Sall a fait exprès pour que la période de révision ne dépasse pas quatre semaines pour laisser de côté tout le bassin électoral jeune potentiellement contestataires. Seuls 3000 primo-votants avaient pu s’inscrire. Cette année aussi on exclut tous ceux qui auront 19 ans le jour du scrutin ». Ce qui, selon lui, « remet en question le principe d’inclusion qui est essentiel dans les élections ».