Il est resté assis, mais a fait se lever Bercy: le chanteur et musicien britannique Phil Collins, ex-gloire des années 1980 au corps meurtri par les blessures et les excès, a fait un retour inespéré dimanche soir pour le premier de ses cinq concerts parisiens.
Son entrée en scène, le pas lent, à l’aide d’une canne, trahit l’état de santé fragile de l’artiste de 66 ans. Certes, mais comme l’indique son premier titre du soir « Against All Odds », « contre toute attente » Phil Collins est bien là devant ce public qui l’a attendu depuis 13 ans et avait fini par ne plus croire ces retrouvailles possibles.
L’ex-membre du groupe Genesis pensait lui-même être perdu pour la musique. Au point d’avoir annoncé sa retraite en 2010, car physiquement dans l’impossibilité de continuer à faire de la musique, surtout jouer de la batterie, son instrument fétiche dont il est devenu un des maîtres praticiens.
Au début des années 2000, Phil Collins a accumulé énormément de problèmes de santé: interventions chirurgicales au dos, paralysie de la jambe droite, déficit de l’ouïe à l’oreille gauche, dislocation d’une vertèbre cervicale dont l’opération a provoqué une perte de sensibilité au niveau des doigts… Si on ajoute à cela l’alcoolisme et une longue dépression nerveuse, revoir Phil Collins sur scène relevait donc du miracle. « J’avais dit finis les tournées, les concerts, mais vous m’avez tellement manqué. J’ai mal au dos, ma jambe est foutue, mais je suis heureux d’être là», dit-il, avant d’enchaîner, assis sur une chaise, avec les hits « Another Day in Paradise » et « One More Night ». Dans un Bercy chaleureux et moite, c’est son fils Nicholas, embauché pour la tournée qui est assis à la batterie. Et sur « In the Air Tonight », sommet électrisant de la soirée, comme sur les 19 autres chansons au programme, ce gamin de 16 ans à peine fait preuve d’une finesse de frappe déconcertante. Talentueux, le jeune homme n’allait cependant pas voler la vedette au père, qui achevait de ravir Bercy avec les imparables « You Can’t Hurry Love », « Invisible Touch », « Easy Lover », « Sussudio » et « Take me Home » en rappel. En un peu plus de deux heures, Phil Collins a montré de sa voix intacte l’énergie d’un battant. Son « Not Dead Yet » tour (« toujours pas mort ») se poursuit à Paris lundi, mardi, jeudi et vendredi.