Le phénomène gagne du terrain et alimente les discussions, surtout dans les quartiers défavorisés de la capitale où la sécurité fait défaut. Ce mardi, à 12 h, les parents ont fait le pied de grue devant les établissements scolaires pour veiller au grain.
Le temps d’un week-end, deux enfants, âgés d’à peine sept ans, ont été égorgés : l’un, Serigne Fallou Ba, à Touba et l’autre, Aminata Doumbouya, élève en classe de Cp, dans la populeuse commune de Mbao, dans la banlieue dakaroise. Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur ces crimes atroces, un internaute ivoirien renseigne qu’un homme a été arrêté pour avoir égorgé un chérubin de trois ans. Le mode opératoire est presque le même et renvoie au crime rituel. Cette concordance dans la manière de faire irrigue la thèse du complot international.
Suprême incongruité : le gouvernement, qui doit avoir été averti par son dispositif de renseignement, ne se prononce pas sur la question, ne serait-ce que pour rassurer les citoyens ainsi délaissés au milieu de leurs nombreuses responsabilités.
Il y a de cela deux semaines, un maître-coranique à Malika, dans la banlieue de Dakar, avait convoqué les parents d’élèves pour les mettre en garde contre les pratiques insidieuses de personnes tapies dans l’ombre qui enlèvent les enfants une fois que ceux-ci quittent les établissements. Apparemment, les élèves des daras sont ciblés. 30 000 enfants de la rue ont été recensés à Dakar en 2017. A la décharge du gouvernement, le contrôle de ces écoles coraniques est rendu difficile par des pesanteurs culturelles.
Conséquence : c’est l’insouciance totale. Pas plus tard que ce matin, la presse a fait état de l’arrestation, toujours à Touba, au quartier darou Khoudoss, d’un individu présumé avoir séquestré six bambins.
« Vivement que les parents redoublent de vigilance ces temps-ci car les enlèvements se sont accrus », a alerté l’internaute ivoirien qui a rendu publique l’information à l’assassinat relatée plus haut.
C’est dire que par-delà l’Etat du Sénégal, des dispositions doivent être prises au niveau même de la CEDEAO. Car, le fait a l’air d’une vaste conspiration internationale sur fond de sacrifice humain et développe des tendances de paranoïa sécuritaire chez les populations.