Au Sénégal, le nombre de partis politiques et, par conséquent, celui des
candidats, est en inflation continue. D’élection en élection, la gestion de ce flux
est devenue problématique. Le point culminant a été atteint lors des dernières
législatives où 47 listes se sont engagées dans la compétition. Le verrou
financier de la caution s’étant révélé inefficace, le pouvoir de Macky Sall avait
initié une loi introduisant le parrainage dans la Constitution. Si l’opposition
politique s’était hérissée contre ce projet, beaucoup de citoyens avaient applaudi
des deux mains.
Mais, aujourd’hui, force est de reconnaitre que la majorité pêche dans la
communication. Ce, en fixant, presque d’autorité, le nombre de candidats. C’est
le Premier ministre qui, le premier, annonce un nombre de cinq candidats
maximum. Ismaila Madior Fall embouchera la même trompette en prophétisant
qu’il n’y aura plus de cinq candidats sur la ligne de départ pour la Présidentielle
du 24 février 2019. «Cela va de soi, parce que pendant longtemps qu’est-ce
qu’on avait au Sénégal, n’importe qui peut se lever et dire que je suis candidat.
N’importe qui…C’est fini. On l’a vu avec le parrainage…Il faut parcourir le
pays, parler aux Sénégalais, les convaincre, leur donner une fiche de
parrainage. Evidemment ça, c’est les candidats qui ont de l’envergure, qui ont
de la représentativité qui y parviendront. Au bout du compte, il y aura une chute
drastique, il faut s’en féliciter», avait balancé tout de go Ismaïla Madior Fall
sur les ondes de la Rfm.
Deux déclarations qui sonnent comme un aveu de culpabilité de la part d’un
pouvoir longtemps accusé d’instrumentaliser les textes et les institutions pour
éliminer des adversaires et permettre à son candidat de rempiler sans coup férir.
D’autant que le Premier ministre et le Garde des Sceaux, coïncidence troublante,
annoncent le même chiffre, bloquant le nombre de candidats à cinq. Ce qui
laisse croire à une stratégie commune élaborée dans les laboratoires du pouvoir
Benno. Mais, également, à une erreur de communication de la part du même
pouvoir.